(Il soutient le président Nago et invite le ministre Aké Natondé à achever l’ouvrage)
Le dossier relatif à la « Bretelle de Bopa » n’a pas encore livré tous ses points d’ombre. En effet, depuis la déclaration du Président de l’Assemblée nationale, le professeur Mathurin Nago, certains représentants du gouvernement courent dans tous les sens, une ultime tentative pour distraire le peuple. Mais d’autres voix contradictoires s’élèvent aussi pour rétablir la vérité. Hier, mercredi, 03 septembre 2014, au Parlement, le député Nicaise Fagnon, le ministre des Travaux publics ayant piloté le projet en question à l’époque est monté au créneau pour donner sa version des faits. Pour lui, le ministre Natondé Aké ne connait rien de ce dossier et ferait mieux de voir dans quelles mesures achever le projet au grand bonheur des populations de Bopa. Au cours de cet entretien que l’ancien ministre prend pour un devoir de vérité, il a révélé « qu’il y a eu bel et bien un appui budgétaire de 4.5 milliards de FCFA et le président Nago a été rassuré de ce que cet appui budgétaire servirait à achever la Bretelle de Bopa ». Ces révélations viennent définitivement confondre les détracteurs du Président Nago et devraient remettre l’exécutif sur la droite ligne de la finition des travaux.
Question : Bonjour honorable,
Nicaise Fagnon : Bonjour,
Vous avez été Ministre des travaux publics et des transports du président Boni Yayi. Depuis quelques jours, il y a une polémique qui enfle au sujet de la bretelle de Bopa ; un projet que vous avez dirigez à un moment donné quand vous étiez Ministre. Est-ce que vous pouvez nous parler un peu de ce projet ?
Je vous remercie. Les Ministres, dit-on, ont une obligation de réserve. Mais la nature de réserve dont il est question n’est pas celle-là puisque pour moi, il est un devoir de vérité parce que ce n’est pas la peine de continuer cette polémique là. Je voudrais dire halte à la présente polémique. De quoi s’agit-il ? J’ai hérité d’un projet d’aménagement et de bitumage au moment où j’étais nommé Ministre des travaux publics et des transports en octobre 2008 ; un projet concernant l’axe Comé-Bopa-Possotomè-Zougbonou. Il y a avait un problème de retard d’exécution au niveau de ce projet. Quand j’ai accompagné l’entreprise à terminer le projet, il s’est fait que ses derniers décomptes n’ont pu être payés parce que le projet a été clôturé. Les délais des derniers décaissements ont expirés. Je me souviens, c’était environ 800 millions de Fcfa qu’on restait devoir à l’entrepreneur. Et bien plus tard, j’ai pu constater après plusieurs années, qu’il aura fallu 3 ans pour apurer cette dette. Mais entre temps, il fallait faire les travaux confortatifs parce que les populations riveraines étaient inondées. Il fallait aménager le Carrefour et en plus des travaux confortatifs, il fallait bitumer la bretelle de 1,2 kilomètre. Je dis ‘’bitumer’’ parce que les populations ont refusé ma proposition de faire le pavage de la bretelle à l’époque. Donc, j’ai du refaire un autre projet. Ce projet qui a été refait, restructuré ne pouvait bénéficier que de ressources provenant du budget national. Souvenez-vous, dans les années 2008-2009, notre budget avait été éprouvé. Là où se trouve mon devoir de vérité, c’est de rappeler que c’est au moment de lancer les travaux de la route N’Dali-Nikki-Tchikandou que la Banque Islamique de développement (Bad) a été approchée pour lui demander de bien vouloir accéléré le décaissement de l’appui budgétaire dont notre pays a bénéficié et que le ministère de l’économie et des finances a mis du temps pour solliciter le décaissement. Et en la circonstance, l’appui budgétaire devrait contribuer au bitumage, à faire achever le projet en question tout en réglant les impayés de l’entrepreneur. Je précise que de part sa nature, l’appui budgétaire n’est pas le financement classique des projets. De façon classique, quand on fait les études d’un projet, on le soumet aux institutions de financement de développement, elles envoient une mission d’évaluation, présentent un dossier aux conseils d’administrations qui approuvent. Mais l’appui budgétaire, de part sa nature, est destiné au complément du déficit du budget national. Comme les ressources du budget étaient étriquées, on ne doit pas nier aujourd’hui que l’utilisation des ressources de l’appui budgétaire devrait prioriser l’achèvement de ce projet et le règlement des impayés de l’entrepreneur ; ce qui était préalable à l’exécution des travaux. Voilà ce qui s’est passé. Bien plus tard, j’étais déjà député à l’Assemblée nationale, à l’occasion du vote du budget général de l’Etat, gestion 2008, il a été constaté que le projet n’est pas toujours terminé. En ce moment, beaucoup de députés avaient fait du bruit pour dire que ce n’était pas normal. On ne doit pas nier aujourd’hui qu’il y avait décaissement d’un appui budgétaire d’environ 10 millions de dollars Us de la Bad qui, en la circonstance, devrait être utilisé. Mais je dis bien que l’appui budgétaire n’est pas aiguillonné par rapport à un projet. L’appui budgétaire reste un appui budgétaire. Ça veut dire quoi ? En raison de l’unicité de la caisse au niveau du trésor ; en raison du caractère fongible des ressources, on constate que le Ministre des finances et de l’économie a pu certainement avoir d’autres priorités qui n’ont pas permis de prioriser l’utilisation des ressources pour achever le projet qui, en principe, devrait durer 6 mois. Il faut donc arrêter les polémiques parce qu’on ne peut pas nier que le président de l’Assemblée nationale n’a pas été mis au courant que les démarches qui ont été faites en vue de permettre l’achèvement rapide du projet. Le deuxième constat est que le projet n’est pas achevé. Ce dont il est aujourd’hui question est qu’il faut aller achever le projet et l’améliorer parce que quand vous prenez l’axe et la bretelle et que vous regardez le bitume, ce n’est pas la même qualité. S’il y a lieu d’améliorer la nature du revêtement, il faut le faire et achever le projet.
Vous avez certainement suivez la réaction du président de l’Assemblée nationale, le Professeur Mathurin Coffi Nago, il y a quelques jours sur ce projet où il a ouvertement dénoncé l’abandon du projet. Dites-vous, qui l’a informé de l’appui budgétaire de 4,5 milliards de Fcfa ? Et que pensez-vous de cette réaction du président du Parlement ?
Vous savez, et le président de l’Assemblée nationale et le président de la République, ce sont deux éléphants hein ! Moi, j’ai été chargé d’expliquer au président de l’Assemblée nationale, les dispositions qui ont été prises à l’époque par le gouvernement pour assurer l’exécution définitive du projet. Si vous interrogez le président de l’Assemblée nationale, peut-être qu’il a pu avoir aussi l’information, indépendamment de moi. Moi je ne mens pas. Contrairement à ce que mon cher ami et collègue, le Ministre Aké Natondé à dit, les propos du président de l’Assemblé nationale ne sont pas des propos de politicien. La réaction du président de l’Assemblée nationale peut être la réaction des populations qui vivent sur l’axe Akassato-Bohicon. Il y a eu bel et bien décaissement d’un appui budgétaire d’environ 10 millions de dollars Us et je dis bien que l’appui budgétaire reste un appui budgétaire. Mais l’utilisation devrait permettre d’achever les travaux. Le Ministre Aké Natondé aurait pu éviter d’aller répondre parce qu’il ne connait pas les dessous de ce projet. Il ne connait pas les péripéties de ce projet. Quand il dit que dans le portefeuille du ministère, le projet là n’est pas financé par la Bad, il ne pouvait même pas en être ainsi. Le projet ne pouvait être financé que par les ressources du budget et les ressources du budget étaient en déficit. Et la nature de l’appui budgétaire est de combler le déficit budgétaire. Maintenant, une fois que l’appui budgétaire arrive, ça se fond dans la caisse. Ce n’est pas des ressources qu’on va mettre dans un coffre-fort à part pour dire que ça va servir à un tel ou tel projet. C’est au Ministre des finances et de l’économie de gérer les priorités. Cependant, j’ai aimé la franchise du Ministre Aké Natondé qui a reconnu que le projet n’est pas achevé. Seulement, pour moi, c’est vilain qu’un projet qui devrait être exécuté en 6 mois puisse continuer à trainer sur plus de 4 ans. Mis à part la qualité de la deuxième personnalité de l’Etat que représente le président de l’Assemblée nationale, je suis gêné puisque j’étais là quand nous avons pu dire aux populations que nous avons bouclé le financement. La volonté d’exécuter les travaux est réelle. Je ne peux pas dire qu’il y a mauvaise foi puisque lorsque j’étais là, j’ai tout fait pour qu’il y ait les travaux d’assainissement. J’ai tout fait pour que, d’une manière ou d’une autre, on puisse avoir les ressources. Pour le reste, permettez-moi de ne pas juger les autres.
Au regard de vos explications, est-ce qu’on est fondé de parler de détournement ?
En réalité, par rapport à la circonstance qui devrait voir utiliser en priorité les ressources de ce projet en faveur de l’achèvement, j’avoue qu’on pu éviter les ressources de l’appui budgétaire à d’autres fins. Je suis gêné de parler de détournement parce que je suis technicien aussi. C’est avant tout une question de respect de la parole donnée. C’est une promesse non tenue. C’est un engagement non tenu de n’avoir pas pu utiliser en priorité les ressources de l’appui budgétaire pour terminer ce projet là. C’est moi qui aie été envoyé au président de l’Assemblée nationale pour lui expliquer les diligences qui étaient faites pour achever le projet. A un moment donné, j’étais devenu le plus malheureux entre le Chef de l’Exécutif et le Chef de Parlement. C’est le moment de le dire. Le Chef du Parlement qui estime que toutes les instructions m’ont été données et le Chef de l’Exécutif dit qu’il faut tout faire pour régler le problème du Chef du Parlement sinon, il va croire que c’est moi qui ne veut pas faire. Moi, j’ai trouvé les solutions.
Lesquels ?
Les solutions que j’ai trouvées, c’est de régler le problème de l’assainissement en utiliser les ressources du fonds routier qui n’ont pas besoin de l’intervention du Ministre de l’économie et des finances. C’est moi qui aie trouvé ces solutions là. Mais je ne pouvais pas utiliser les ressources du fonds routier pour bitumer une route. C’est pour ça que sur ce projet là, il y a deux contrats. Il se posait un problème de travaux liés à l’assainissement ; ce à quoi on pouvait utiliser les ressources du fonds routier. C’est après qu’il a été nécessaire d’améliorer et d’envisager ce que voulaient les populations de Bopa en y attenant un autre contrat qui permet de faire le bitumage. C’est la preuve de la bonne foi du gouvernement. En tout cas, pendant que moi j’étais là, c’est ce que j’ai pu faire. Nous n’avons pas besoin d’être natif d’une ville avant de travailler pour elle. Je l’ai fait pour Bopa en raison de l’engagement du président de l’Assemblée nationale vis-à-vis de la Nation. C’est pour ça que je me suis plié à quatre. A mon avis, un tel engagement mérite un traitement avec attention. Mon devoir de vérité mérite que je demande au président Mathurin Coffi Nago et au gouvernement d’arrêter les polémique. Qu’on aille achever les travaux ? C’est de ça qu’on a besoin.
Il est posé le problème de la qualité de l’entreprise. Qu’est ce que vous en dites ?
Non ! Là, je ne suis pas d’accord. Moi-même, à un moment donné, j’avais estimé pour cette entreprise qu’il y avait des problèmes de contre-performance. Pourtant, c’est la même entreprise qui m’a prouvé ces performances qui ont permis d’exécuter le marché de base. Donc, on ne peut pas parler de qualité. Le problème fondamental est que pour une entreprise qui a travaillé et qui a des décomptes impayées, environ 800 millions Fcfa et qu’on a entrainé pendant des années, ça implique des charges. Mais l’entreprise a travaillé à hauteur de 66% alors qu’on a décaissé 57% des ressources. Au même moment, est ce qu’on n’a pas mis en doute la qualité de l’entreprise Fadoul sur la route Akpro-Missérté/Kpédékpo ? Mais quand la route qui restée en immobilisation pendant quatre ans, c'est la même Entreprise dont tout le monde a douté là, c'est la même Entreprise que j'ai amené à faire la route Akpro-Missérété/Kpédékpo. Il ne faut qu’on ait la mémoire courte. Mais pendant les 4 quatre ans, on n’a pas appliqué les pénalités à l’Etat. Il faut le reconnaître. L’entreprise a travaillé, a présenté des décomptes qui ont été impayées. Moi, je préfère dire la vérité. Il paraît que la vérité n’est pas politique. Pour moi, ma politique, c’est de dire la politique parce que c’est grave de ne pas dire la vérité.
Est-ce que vous confirmez qu’il y a eu un appui budgétaire de 4,5 milliards de Fcfa ?
Il y a bien eu un appui budgétaire de 4,5 milliards de Fcfa
Et c’est vous qui avez eu la mission d’apporter l’information au président de l’Assemblée nationale quant vous étiez Ministre.
Je vous dis que c’est authentique. Il y a eu un appui budgétaire de 4,5 milliards de Fcfa qui, en la circonstance, devrait être utilisé en priorité pour achever le projet en termes de ressources budgétaire. Mais je rappelle que l’appui budgétaire reste un appui budgétaire. Ce n’est un financement arrimé en raison du caractère fongible des ressources de l’appui budgétaire. Le Ministre de l’économie et des finances peut orienter ailleurs cet appui pour satisfaire les attentes du Chef de l’Exécutif qui a peut-être manqué de vigilance pour suivre. C’est peut-être ça. Mais ce que je dis là, c’est un malaise. Pour le moment, je n’en dirai pas plus. Je ne veux pas être complice de ce qu’on dit et qu’on ne reconnait plus d’avoir dit.
Propos recueillis par Hermann Obinti