La démocratie béninoise est en berne. Il n’y a pas d’autres mots pour le dire. Alors que le peuple béninois commençait par s’habituer à la faim et à la misère auxquelles il a été contraint depuis 2008, un autre coup vient de lui être porté. Au terme d’une réunion de honte tenue à huit clos entre les présidents de quelques unes des institutions de la république, il a été décidé de ne point organiser les élections communales et municipales, cette année. Une décision désolante quand on sait que ces scrutins devraient avoir été déjà organisés depuis l’an dernier. Mais la réalité est qu’on voyait déjà venir l’intention de Yayi de maintenir la situation telle.
La vitalité de la démocratie se mesure à la régularité des élections. Les choses ne sont plus ainsi faites sous le régime Yayi. Et pour cause, les élections communales et municipales prévues pour l’année 2013 ne sont toujours pas organisés. D’ailleurs, elles ne le seront plus cette année. C’est la décision qu’a prise Boni Yayi et les présidents de certaines institutions de la république, si le Bénin en est encore une. Cette sentence n’étonne point ; plus encore, elle était prévisible.
Boni Yayi et son schéma d’assassinat de la démocratie béninoise
Dans un premier temps, le Président de la République, au soir du 31 juillet 2014, dans son message à la Nation, a promis solennellement d’organiser avant la fin de l’année ces élections que les Béninois appelaient de tous leurs vœux. Par cette démarche empreinte de solennité, Boni Yayi avait ravivé la flamme de l’espoir chez les Béninois.
Pourtant, quelques semaines plus tard, Chabi Sika donne l’alerte : le financement de la correction de la liste électorale permanente informatisée (Lépi) est en difficulté. Cette alarme a suscité une vague de réactions au sein de l’opinion publique béninoise. Mal inspiré, Komi Koutché annonce l’audition du Cos lépi. La réaction des Béninois par rapport à cette deuxième tentative de créer une entrave à la correction rapide de la lépi a été plus vive. La puissance des dénonciations a fait sortir Yayi de ses gongs. Une confession mal ficelée et voilà les dégâts. En effet, depuis Boko, au nord du pays, le Chef de l’Etat a estimé que les élections coûtent trop cher aux contribuables. Ces nombreux milliards dilapidés dans l’organisation des élections ne sont pas du goût de Boni Yayi qui a décidé de ne plus les gaspiller les ressources de l’Etat à ces fins. Dans la foulée, de nouvelles réactions vives des citoyens béninois accouchent d’un conseil des ministres tenu en deux temps trois mouvements. De nouvelles ressources financières sont mises à la disposition du Cos lépi.
Ces différentes manœuvres annonçaient déjà la mauvaise foi des gouvernants à laisser les Béninois se rendre aux urnes pour remplacer ces maires qui tendent à s’éterniser au pouvoir. La vigilance du peuple béninois a payé. La cause, Boni Yayi et son gouvernement reviennent régulièrement à de bons sentiments.
Yayi déterminé à ne pas organiser les élections cette année
La détermination du Chef de l’Etat à ne pas organiser ces élections saute, à présent, aux yeux. Ce lundi soir, au cours d’un semblant de réunion, le malheur a été révélé au Peuple. Ousmane Batoko, Président de la Cour Suprême, visiblement gêné annonce l’hécatombe. Selon nos sources, cette rencontre aurait eu lieu seulement entre quelques amis. La preuve, le Président de l’Assemblée nationale n’y était même pas invité. Boni Yayi matérialise ainsi son insulte au peuple, le privant de la seule chose qui lui reste en tant que Nation.