La cérémonie officielle marquant les festivités du cinquantième anniversaire de l'Union Africaine (Ua) a démarré le 25 mai 2013 à Addis Abéba en Ethiopie. C'est un rendez-vous continental au cours duquel un regard est porté sur l'institution, depuis la création de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) en mai 1963 à Addis-Abeba à l'élection de la première femme présidente de la Commission de l'Union africaine (UA), en janvier 2013. A l'occasion de ces grandes retrouvailles, les présidents du continent ont soigneusement évité de regarder en profondeur dans le rétroviseur de l'instance panafricaine, étant conscient qu'en cinquante ans, peu d'acquis sont à laisser aux générations suivantes et beaucoup d'entre eux en sont pour beaucoup dans le passif qu'affiche l'Union africaine à cette date. Le règlement des différends entre dirigeants, la discussion de l'opportunité ou non d'avaliser un pouvoir issu d'un coup d'Etat militaire ou d'une mascarade électorale ont pris plus de temps que des projets intégrateurs comme des routes reliant différents pays, l'interconnexion électrique ou encore de grands projets industriels transnationaux…
Parmi les grands absents de cette rencontre, figure le président béninois, Boni Yayi. En effet, depuis plusieurs années déjà, le Chef de l'Etat Boni Yayi compte parmi les présidents les plus assidus aux sommets de l'Ua. Il a d'ailleurs rendu le tablier de la présidence de la conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine, c'était le dimanche 27 janvier 2013 à Addis Abéba, lors du 20ème sommet de l'organisation panafricaine.
Le week-end écoulé donc à Addis Abéba, le président béninois était très attendu par ses pairs présidents, ministres, diplomates et autres membres de délégations officielles. Le Chef de l'Etat béninois, habitué des sommets du genre, a curieusement brillé de par son absence et a raté une opportunité de rappeler à ses pairs, leur rôle dans le progrès du continent durant les années à venir ; une occasion aussi de nouer de nouveaux accords pour le Bénin. Bref, le chef de l'Etat béninois a su gérer à sa manière, ce début des festivités officielles marquant le cinquantenaire de l'Ua.
Boni Yayi, samedi dernier, était dans la chaleur et la courtoisie des populations béninoises à la base. Samedi donc, il était à Kandi dans le nord du Bénin, où il rencontrait les producteurs du coton. Parakou et autres localités étaient également au programme. Selon une source proche du pouvoir, le Chef de l'Etat a décidé de rester au pays pour s'occuper des problèmes locaux, étant harassé par des bavardages inutiles qui occupent le temps de ces sommets. D'autres sources ont annoncé que le président béninois nourrit d'autres projets pour son peuple, ce qui le contraint à accorder plus d'attention aux populations à la base qu'à celles qui sont déjà au sommet. Mais des observateurs se demandent s'il n'a pas choisi de ne pas se retrouver à Addis-Abeba ce samedi, avec certains de ses pairs avec qui, les relations ne sont pas au beau fixe depuis qu'il a affiché sa déception par rapport aux dysfonctionnements au sein de l'union ? Même s'il était absent à Addis-Abeba, le Bénin a pourtant bien pu placer un mot sur ce cinquantenaire à travers la voix de son premier ministre.
Pascal Irénée Koupaki, a donc choisi quant à lui de parler de l'Union africaine depuis le Bénin. Il a invité samedi les Africains à former une coalition politique, sociale et diplomatique ainsi qu'une ceinture de sécurité pour stopper les guerres et conflits qui divisent certains peuples du continent et détruisent les potentialités de l'espace, afin de se consacrer davantage au développement intégral et durable du continent. " Aujourd'hui plus que jamais, et face à la mondialisation, nous n'avons autre choix que celui-là, qui doit reposer sur une vision partagée : celle d'une union des peuples, avec une interaction dynamique entre tous les citoyens africains ", a-t-il déclaré lors de la cérémonie d'allumage solennelle de la Flamme de l'Unité africaine. Cette cérémonie n'a également pas empêché le chef de l'Etat de voir son vœu se réaliser ce samedi là, celui d'aller à la rencontre des populations à la base.
Une réflexion de Marc Gbaguidi