Le président Boni Yayi, lors de son investiture hier à Porto-Novo a renouvelé au peuple béninois son engagement de mettre tout en œuvre aux fins du remboursement des personnes spoliées dans cette affaire. Ces propos sont mis en doute par le président des spoliés qui attend des actes concrets pour y croire.
L’affaire Icc-Services est l’un de ces scandales qui ont jeté de la boue sur le bilan du premier quinquennat du régime Yayi. Des milliers de béninois avaient alors versé leurs sous à ceux que le président de la république a appelé ce 6 avril « de grands bandits ». L’éclatement de l’affaire n’a laissé personne indifférent. L’opposition avait pris l’affaire en main en dénonçant l’inaction du gouvernement à prévenir cette affaire d’escroquerie. Les syndicalistes et quelques organisations de la société civile y avaient aussi donné de la voix. Dans une stratégie de défense, le gouvernent avait essaye, autant qu’il le pouvait de laver son image dans une affaire qui sentait la merde et qui avait failli renvoyer son leader devant la haute cour de justice. De fermes promesses avaient été faites aux béninois pour décompter la situation. Cette promesse a été suivie de quelques actes fermes comme le limogeage du ministre de l’intérieur d’antan, l’arrestation des responsables de ces structures et le blocage de leurs comptes bancaires. Mais rien n’a été fait au-delà de ces actes préliminaires. Pourtant, toute l’attente des béninois se résumait à rentrer en possession de leurs fonds. Peine perdue car le candidat Boni Yayi, en campagne électorale avait placé le remboursement des fonds spoliés sous la condition de sa réélection. Loin de tenir ces paroles comme un chantage, les populations béninoises ont respecté leur pacte. Boni Yayi respectera t-il le sien ? C’est l’inquiétude des béninois jusqu’à l’investiture du nouveau président de la république. Lors de cette cérémonie, Boni Yayi a renouvelé son engagement. « Je réitère mon engagement à tout mettre en œuvre en accord avec les autorités judiciaires pour parvenir à cette fin, c'est-à-dire comme je viens de le dire de nouveau que l’argent des béninois retourne aux béninois et aux autres béninois». Ce serment du chef de l’Etat devrait faire vibrer de joie les personnes concernées par cette affaire. Pourtant, il est pris avec des pincettes. C’est ce que l’on peut comprendre par les propos tenus hier par le président des personnes spoliées joint au téléphone par les confrères d’une radio locale de la ville de Parakou. Hermann Minto s’étonne de voir les gens applaudir lorsque le président dit prendre l’engagement de mettre tout en œuvre aux fins de retourner aux béninois leurs sous. Pour le président des spoliés, il y a quelque chose qui cloche. Selon ses propos, Boni Yayi avait parlé hier lors d’une grande cérémonie que tout le peuple attendait. Pourtant, il trouve qu’il y a un déphasage entre ce que le président aurait dit avant son élection et son discours actuel. A l’en croire, du moment où c’est le premier magistrat qui parle de cette affaire lors de sa prestation de service, cela devrait définitivement rassurer les béninois. Or, Boni Yayi, lors des campagnes voulait seulement être réélu pour rembourser les spoliés. Mais à présent que cela est fait, il promet non plus le faire mais seulement mettre tout en œuvre. De plus, il s’est prononcé sur la réitération de la volonté du chef de l’Etat à ne pas rembourser les spoliés avec les fonds publics. Partant du fait que Marcel de Souza avait révélé avoir obtenu des juridictions béninoises main levée sur les comptes des dirigeants des structures illégales de placement d’argent et y avoir trouvé 700.000.000 , il a abouti au constat que rien n’a changé malgré cela. C’est pourquoi, il place désormais le remboursement effectif des fonds spoliés sous le signe de la « prière ». A quoi devrons-nous nous attendre dans les jours à venir ?