Amnesty International a publié depuis la semaine dernière son rapport de 2013 dont le Bénin ne devrait se réjouir. Lorsqu'on sait que la publication de ce rapport intervient à un moment où notre pays est sous les feux de la rampe avec les affaires de tentatives d'empoisonnement et de coup d'Etat, l'on peut se demander si ces derniers événements défavorisent, ou aident les autorités béninoises qui doivent envoyer un complément d'informations à la justice française pour une éventuelle extradition de leurs citoyens mis en cause.
L'organisation internationale de défense des droits de l'homme révèle en effet dans son rapport que le gouvernement a tenté de réprimer des voix dissidentes tout au long d'une année marquée par des désaccords concernant la gouvernance et un projet de révision constitutionnelle. C'est donc un rapport relatif au respect des droits humains pas très favorable au Bénin. Comme on peut s'en rendre compte, le projet de la révision de la Constitution occupe une place de choix dans ce rapport qui, selon Amnesty International, a opposé en 2012 la classe politique béninoise. C'est ce même motif qui est aujourd'hui à la base de la brouille entre l'homme d'affaires Patrice Talon et le Chef de l'Etat, Boni Yayi. En octobre 2012, l'opinion publique nationale et internationale apprend avec étonnement que le Président de la République a échappé à une tentative d'empoisonnement commanditée selon la justice par Patrice Talon>
es présumés complices arrêtés ont été mis en prison pendant qu'il a été délivré contre le sieur Talon un mandat d'arrêt international pour, entre autres accusations, association de malfaiteurs. C'est alors que le principal mis en cause, depuis Paris où il s'est réfugié, est sorti de son mutisme pour dire sa part de vérité dans cette scabreuse affaire. A l'en croire, le Président Boni Yayi veut réviser la Constitution pour s'offrir un troisième mandat et l'a sollicité à cet effet. C'est son refus qui lui vaut ce qu'il a appelé " montage grotesque ". En réponse, la défense du Chef de l'Etat rappelle combien de fois, le président de la République a manifesté son désir de se conformer aux prescriptions constitutionnelles relatives à la limitation du nombre de mandat présidentiel. Depuis lors, la confusion s'est installée dans cette affaire et on ne sait plus qui croire. Mais, depuis le 17 mai dernier, un rebondissement est intervenu dans le dossier, avec le non-lieu prononcé par le juge d'instruction en charge du dossier qui demande la libération pure et simple des prévenus et la levée du mandat d'arrêt lancé contre Patrice Talon .
L'extradition en question
Après la demande faite par les autorités béninoises, le processus d'extradition suivait son cours quand est intervenue la décision du juge. La décision de la Cour d'Appel de Paris en date du 22 mai dernier qui était vivement attendue a été renvoyée, contre toute attente, au 18 septembre 2013, en attendant l'analyse du complément d'informations demandé à la partie béninoise. Entre autres, la justice française demande qu'un point lui soit fait sur le projet de révision de la Constitution et sur l'abolition de la peine de mort. Sur le premier point, la déclaration d'Amnesty International est assez explicite même si les thuriféraires du régime en place disent qu'il n'en a jamais été question. Du coup, les observateurs pensent que le rapport d'Amnesty International pourrait peser dans la balance, sans compter que pour ce qui est de la peine de mort, la loi n'est promulguée à ce jour.
Edgar Gnimavo