Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

 Le Bénin vu par un jeune 

A Propos De Moi !

  • Christophe D. AGBODJI
  • Journaliste, Ecrivain
Auteur de "La chute du mur de Karakachie"
;  "Le changement, l'autre nom de l'impossible"; En préparation: "Je n'étais pas au pays à l'heure du changement"
  • Journaliste, Ecrivain Auteur de "La chute du mur de Karakachie" ; "Le changement, l'autre nom de l'impossible"; En préparation: "Je n'étais pas au pays à l'heure du changement"

Texte Libre

Recherche

30 mars 2012 5 30 /03 /mars /2012 14:30

 (L’ultimatum du 1er avril 2012 fait peur aux usagers)

Les statistiques montrent que bien de gens meurent pour n’avoir pas pris le soin de protéger leur tête. Dans une démarche salvatrice de la vie des populations des départements de l’Atlantique et du Littoral, le Préfet Placide Azandé a, par arrêté préfectoral N°2/0321/Dep-Atl-Lit/Sg/Spat portant remise en vigueur dans ces départements des prescriptions du décret N°72-113 du 27 avril 1972 relatives au port obligatoire du casque,  pris la résolution de s’illustrer par l’institution de l’obligation du port de casque sur le territoire relevant de sa compétence. La prise d’effet de cette décision n’est plus qu’une question de jours alors qu’aucune manifestation de changement de comportement n’est encore perceptible dans le rang des usagers qui s’inquiètent du défaut de la prise de certaines mesures avant l’application de l’arrêté. Pourtant, le Préfet joue son va tout pour un respect, soit-il forcé de la décision. Que gardons-nous et que perdons-nous ? Il est temps de mettre la mesure dans la balance de l’équité et de la responsabilité.

L’après prologue

Ce dimanche, dans l’après midi, le Préfet Placide Azandé a rencontré une forte délégation de grandes personnalités des départements de l’Atlantique et du littoral. Il s’agissait notamment du Délégué militaire départemental, le Directeur Départemental de la Police Nationale, le Commissaire adjoint d’Abomey-Calavi, le Procureur de la république près le Tribunal de première instance de Ouidah, la Présidente du Tribunal de première instance d’Allada, les deux chargés de mission de la préfecture et de certains officiers supérieurs de la Police et de l’armée. L’urgence de la question était telle que l’entrevue ne pouvait pas attendre lundi. Pourtant, aucune menace des populations de ces deux départements n’était perceptible. En réalité, seule la question de l’obligation du port de casque prévue pour le 1er avril prochain continue de préoccuper le premier citoyen des deux départements côtiers du Bénin. Au cours de cette séance, les différents acteurs de cette réforme jugée précipitée par plus d’un,  ont défini les bases de l’application dudit décret. Dorénavant, il est plus que certain qu’à partir du dimanche prochain, les conducteurs des véhicules à deux roues pourvues d’un moteur thermique en circulation dans les départements en question devront porter un casque. Il s’agit, pour se faire plus précis des vélomoteurs, des motocyclettes, des cyclomoteurs, des tricycles et quadricycles non munis d’un habitacle. Il est également arrêté, à l’issu de cette réunion que les forces de l’ordre, commis pour être surveillants du respect de cet ordre nouveau vérifient que le casque soit porté avec sa jugulaire bouclée. Toute personne qui n’observerait pas la prescription préfectorale se verrait condamné au paiement de contraventions. Il n’est donc, l’ombre d’aucun doute que tout est enfin prêt coté préfecture pour une prise d’effet effective de la mesure d’ici dimanche prochain. La Police, la Gendarmerie et l’Armée, encore une fois sont en passe de faire encore une fois de plus preuve de leur loyauté envers l’administration publique. Prêt pour le combat ; la lutte continue. Les usagers attendent, abasourdis par la soudaineté d’une réforme  dont il s auraient salué la mise en œuvre si elle était intervenue dans d’autres conditions. Mais, l’heure semble ne pas être pour aux réformes en douceur. ‘’L’Etat est fort ; seul le peuple est faible‘’, sommes-nous tentés de résumer.

La justesse d’une réforme qui va sauver des vies

Un traumatisme crânien en moyenne toutes les heures à Cotonou. Les statistiques sur les cas de décès par suite d’accidents de circulation à Cotonou et autre villes béninoises ne sont plus sujet à controverse. Les conséquences qui  en résultent sont nombreuses. On cite la mortalité élevée, les lésions avec séquelle non négligeable dont l’invalidité, le coût socioéconomique, l’occupation des lits de plus en plus croissants dans les hôpitaux, réduisant ainsi les possibilités de prise en charge des  autres affections. Du citoyen lambda à la plus haute autorité, tout le monde semble être d’accord sur le principe ; le port de casques réduirait le nombre de décès lié aux accidents de circulation. En cela, Placide Azandé estv à féliciter pour, en qualité de gouverneur, avoir pressenti ce que ne voient pas forcément encore le peuple. Pourtant, la mise en œuvre de la mesure angoisse plus d’un.

Une réforme précipitée sans aucune d’accompagnement

Moins de cinq jours de la mise en œuvre effective de la réforme, aucune véritable sensibilisation n’a encore été faite par la préfecture. Si les populations de Cotonou se plaignent, celles d’Allada, de Ouidah et autres zones reculées des départements de l’Atlantique se lamentent.  Lucien trouve « inacceptable » cette décision préfectorale dont le contenu est encore flou et incompréhensible. Pour ce conducteur de taxi moto, communément appelé « Zémidjan », des expressions comme « vélomoteurs », « motocyclettes », « cyclomoteurs », « tricycles », « quadricycles », « munis ou  non munis d’habitacle » lui paraissent un charabia. Sourou dira simplement que « c’est un truc fait pour ceux qui sont allés à l’école » avant de conclure que c’est encore une décision pour escroquer les pauvres en se référant aux éléments de la police nationale. Zomahoun estime que le Préfet aurait pu trouver des moyens afin  d’abaisser le coût de ces casques. Il pourrait aussi accentuer la communication autour de la mesure.

Les inquiétudes des populations

Le problème de l’identification d’un casque de qualité par de simples citoyens, non professionnels du domaine se pose avec acuité. Plus d’une fois déjà, ces mêmes casques portés pour amoindrir le choc se sont révélés la principale source de la gravité du mal. En effet, certains casques ne résistent pas au choc et s’écrasent à la survenance des accidents, causant des blessures graves aux usagers. D’autres empêchent totalement toutes communications de celui qui les portent avec les passants. Or, la majorité des motocyclistes sont des conducteurs de taxi ; lesquels dénoncent déjà l’obligation du port de cette plastique qui les rend sourds et fera, sans doute chuter leur chiffre d’affaire. L’autre problème cuisant est la possibilité pour le béninois moyen de se procurer ces casques. D’autres personnes remarquent que le casque empêche d’entendre le klaxon des véhicules et surtout des camions « qui vous coincent par derrière sans aucune courtoisie ». La plupart avancent des raisons économiques pour ne pas s’acheter un casque. Les conducteurs de taxi motos, les plus exposés aux accidents disent ne pas être en mesure d’épargner de l’argent pour un casque. C’est une situation qui touche toutes les couches sociales. A l’entrée principale de l’Université d’Abomey-Calavi, des étudiants, sur leur moto, entrent et sortent,  mais pas de casque sur leur tête. Certains étudiants affirment qu’ils oublient simplement de porter le casque. D’autres avouent que le casque est encombrant et procure de la chaleur. Grace AMALIN étudiante en Droit, elle ne compte pas déranger sa coiffure par son casque. « C’est à cause de mon chion », explique-t-elle. « J’ai tout fait pour qu’il descende mais en vain», ajoute-t-elle, consciente que sa coiffure ne pourra pas la protéger en cas d’accident. Bokpi Adechina Maxime, étudiant en géographie évoque lui des raisons de santé. « Je suis asthmatique et le casque ne me permet pas de bien respirer. » justement, sur le même angle des implications sanitaires de l’utilisation des casques, les opinions sont diverses. Pour certains, cette réforme fera courir aux béninois des risques de contagion des maladies telles la tuberculose, l’hépatite. La solidarité du béninois l’obligerait encore au cours des cinquante prochaines années à prêter son casque à son voisin. Il est de ce fait indiscutable que ces maux trouveront dans cette réforme des terrains plus que jamais fertiles pour se transmettre les uns aux autres. Afin d’empêcher la survenance de ces situations désagréables, les autorités pourraient avant la date du 1er avril lancer des campagnes de vaccination contre ces maux. De même, le Préfet Azandé gagnerait plus en faisant la promotion de structures adéquates pour la vente à coût moyen des casques et en intensifiant la communication sur les conduites à tenir par les populations.

La réforme est plus qu’utile. Que faire ?

La sagesse recommande que l’on ne court pas plus vite que ses idées. D’ailleurs, « On n’a pas bâti Rome en seul jour » disait Cervantès. Le préfet Placide Azandé ne perd rien à prendre son temps car, recommandera Auguste Comte,  « Festina lente. Hâte-toi lentement ». Cela ne va que de l’intérêt des populations dont il se préoccupe tant du bien être.

Partager cet article
Repost0

commentaires