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 Le Bénin vu par un jeune 

A Propos De Moi !

  • Christophe D. AGBODJI
  • Journaliste, Ecrivain
Auteur de "La chute du mur de Karakachie"
;  "Le changement, l'autre nom de l'impossible"; En préparation: "Je n'étais pas au pays à l'heure du changement"
  • Journaliste, Ecrivain Auteur de "La chute du mur de Karakachie" ; "Le changement, l'autre nom de l'impossible"; En préparation: "Je n'étais pas au pays à l'heure du changement"

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26 octobre 2011 3 26 /10 /octobre /2011 18:41

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Les marathons salésiens de Parakou sont devenus un rendez-vous sportif incontournable. Comme nous renseigne le Père Guillaume Amoussou Kambounon dans cette interview, ce marathon est « une occasion de fête, un sport pour tout le monde.  Chacun à son rythme toutes et tous tendus vers le même but, le marathon; un moyen de communication avec les hommes et femmes de notre temps, un sport porteur d’une ville, d’un pays et des sociétés qui font sa promotion. Bref, un sport qui met la population active à l’abri des dangers de la drogue, de l’alcoolisme et des maladies acquises et non transmissibles ». Pourtant, le ministère des sports reste en marge de cet évènement devenu déjà international. Mauvaise foi ou ignorance des gains du soutien de ce sport. Guillaume Kambounon répond ici à cette interrogation. Et bien plus !

Bonjour Mon Père. Vous voudrez bien vous présenter à nos lecteurs.

Bonjour Canard (sourire) ! Guillaume A. Kambounon, d’une mère aussi courte que brave et d’un père véritable aventurier, je suis aujourd’hui religieux-prêtre dans l’institut religieux des Oblats de Saint François de Sales (OSFS).

Un religieux est comme une unité spécialisée dans l’armée d’amour qu’est l’Eglise. Et pour nous OSFS, il s’agit de vivre et de répandre l’esprit de Saint François de Sales, évêque et docteur de l’Eglise, sacré Prophète de l’Amour de Dieu, Saint Patron des Sourds-muets et également Saint Patron des Journalistes et Ecrivains Catholiques (il y a de quoi aller à son école !). Et cet esprit est très simple : la vie de chaque être humain est d’abord et avant tout une belle histoire d’amour voulu par son créateur avant même que jaillisse la première lueur de l’aurore de son jour. Et le bonheur de chacun/e sur cette terre consiste à répondre à cette aventure d’amour que le Créateur l’invite à vivre quels que soient son état de vie et ses activités.

Vous voyez qu’en choisissant un Institut pareil, le terrain est alors fertile pour l’épanouissement des talents personnels ! Mais avec les contraintes des études et des exigences de la vie religieuse, les premières années de gamin ouest-africain presque forcément footballeur a donné place à Pretoria, en Afrique du Sud, à l’aventure de la course-à-pied, le marathon, que je découvrais pour la première fois : courir quand on veut, quand on peut…profiter du silence matinal et des regards admirateurs des après-midis et choisir, en weekend, une course où en solo, vous allez sur un 10km ou un 50km pour vous aventurer avec des milliers d’autres qui ne sont là que pour le plaisir, le plaisir de la dépendance positive où vous n’avez pour adversaire que vous-même.

Franchement l’aventure m’a séduit ! Et après des débuts difficiles (évidemment puisque le marathon est plus simple mais bien plus exigeant que le foot), j’ai tout de suite vu le lien entre la course de fond et la foi/spiritualité. Alors que j’approche maintenant la quarantaine, depuis 1999, l’aventure ne s’est plus arrêtée : aujourd’hui, en compétitions accomplies, je compte plus de 100 marathons (42,195km), 9 participations au Comrades Marathon long de 90km et 2 participations accomplies à l’ultra-marathon de 160km…et bien d’autres en Afrique du Sud.

Après tant d’aventures, de rencontres, de bonheur… vous comprenez qu’on ne puisse retenir sa passion de vouloir communiquer ce chemin, cette manière d’être autour de soi, et dans son propre pays où vous sentez que la population en a grand besoin.

 

Comment en êtes vous arrivé à l’idée d’organiser un marathon à Parakou ?

Parakou ? Oh, il est dit que l’arbre fleurit là où il est planté. Ma mission aujourd’hui est ici et donc je m’y investis. Mais, comme la providence ne fait jamais rien à moitié, il se fait que le climat s’y prête : sec, relativement modéré sauf en mars/avril avec une population sympa, mais comme le reste du pays, les papas, mamans, à plus de 25 ans ou 40 ans ayant passé la phase de foot et piégés dans un mode de travail et de déplacement plutôt sédentarisant, ne savent plus comment prendre soin de leur corps. Et du coup, des maladies autrefois rares en Afrique Noire commencent par apparaître en force : hypertension artérielle se compliquant très vite en hémiplégie, les AVC, le stress, l’obésité… et pis, quand les conséquences fatales surgissent, la plupart des béninois disent que c’est la sorcellerie. Ah, l’ignorance !

Et donc, il fallait faire quelque chose. Voilà pourtant, l’esprit de Saint François de Sales étant de faire bon accueil au talent de chaque membre pour la promotion et le développement intégral de l’être humain, avec mes confrères, nous nous sommes engagés dans l’aventure de l’organisation de ce marathon pour mieux communiquer avec les hommes et femmes de notre temps.

Mais il faut souligner que le marathon est un sport olympique très connu dans le monde. Il est vraiment porteur d’une ville, d’un pays et des sociétés qui font sa promotion. Regardez donc le marathon de Paris, plus de 25.000 participants. New York, plus de 44.000. Boston, Londres, Berlin, Dubaï, Pretoria… mais je vous dis qu’il en existe partout dans le monde. Le marathon donne du rythme à la vie, fait rentrer des devises dans le pays, et met la population active à l’abri des dangers de la drogue, de l’alcoolisme et des maladies acquises et non transmissibles. Alors, pourquoi pas en Afrique noire au sud du Sahara ? Pourquoi pas au Bénin, à Parakou ?

 

Quel bilan pouvez-vous faire des quatre premières éditions ?

 

Satisfaction à plusieurs niveaux : aujourd’hui, grâce au Marathon Salésien de Parakou, courir un 10km, 21,100km ou 42,195km n’est plus un secret, un mythe inaccessible pour le Parakois ou le Béninois. Ainsi, c’est avec joie que nous voyons les athlètes revenir année après année se réjouir, se régaler sur le parcours : papa, maman, enfants, mains dans les mains, chacun à son rythme toutes et tous tendus vers le même but, le marathon ! Que c’est beau !

Satisfaction aussi parce que le marathon commence par faire école au Bénin et dans la sous-région avec les meilleurs talents que nous soutenons et encourageons pour une participation internationale qui fait déjà parler du Bénin aux côtés des légendes, Kényans et Ethiopiens…

Satisfaction parce que des sociétés qui ont longtemps observé la scène, se veulent désormais acteurs, même s’il reste beaucoup à faire pour le soutien matériel et financier du marathon. Permettez-moi de remercier au passage la Banque of Africa, le Port Autonome de Cotonou et Danone en France. Et la mairie de Parakou qui se veut de plus en plus présente, partenaire.

Satisfaction parce que le marathon est bien organisé selon les normes internationales et une performance faite à Parakou n’a rien à envier au reste du Monde. En avril 2011, nous avons déjà reçu les félicitations de partenaires marathoniens internationaux qui commencent par se bousculer pour venir voir ce qui se passe au Bénin. Les relations ne doivent pas toujours être des questions d’argent : il y a le rapport humain, le savoir faire. Et ici, grâce au marathon, d’autres voix s’élèvent d’Afrique autres que guerre, famine et autres misères qui semblent particulariser le continent noir et ses résidents.

Satisfaction enfin, parce qu’aujourd’hui, même pour les journalistes, quand on parle sport, on sait qu’il y a plus et même mieux que le seul football : il y a le sport « reine », le vrai sport de mass, la course-à-pied, l’athlétisme, le marathon.

 

Vous envisagez déjà la 5e édition des marathons salésiens. A quelle étape de l’organisation êtes vous ? Prévoyez-vous quelque chose de nouveau par rapport aux éditions précédentes ?

 

Oui. Le temps court toujours trop vite quand on est servi par les bonnes choses : nous sommes déjà à la 5ème édition de notre marathon qui est prévu pour le samedi 11 février 2012. Et avec la conférence de presse du samedi 8 octobre marquant le lancement officiel et formel des activités conduisant à cette date, nous avons ouvert les inscriptions, annoncé les grandes lignes vers 2012 et, par la même occasion, rassuré nos partenaires et ceux qui hésitent encore qu’ils peuvent toujours nous faire confiance. Le plus dur est toujours la recherche de fonds, pouvoir réunir les 13 millions de francs cfa dont nous avons besoin pour couvrir les prévisions des 1000 athlètes que nous attendons. Les grands postes de dépenses étant 1000 T-shirts, 1000 médailles, près de 2 millions de communication (radio, audio-visuelle, presse écrite…), plus de 1 million de secrétariat/imprimeries, les trophées et plus de 2 millions de prix ou enveloppes aux différents gagnants.

 

Que deviennent les meilleurs athlètes des marathons salésiens après la compétition ? Y a-t-il un suivi ?

Patrice Lompo

 

Jusque là, nous avons réussi à donner au gagnant une chance de participation à un marathon international de renommé. Merci au partenariat d’expertise que nous entretenons avec le Marathon du Lac d’Annecy qui a invité Patrice Lompo. Avec près de 4000 athlètes et la forte présence des Kényans, Ethiopiens, Burundais et autres, notre champion a fini 4ème de ce 5ème meilleur marathon de la France en inscrivant un nouveau record de 2h30mn16s pour le Bénin.

Nous ne sommes qu’une congrégation religieuse, et donc très limité en termes de ressources matérielles et financières. Il n’y a pas de doute que dès que les autorités en charge du sport dans notre pays vont commencer par s’intéresser effectivement à ce que nous faisons, ce sera une question de temps et nous pourrons faire parler du Bénin autant qu’on parle aujourd’hui des Kenyans, des Ethiopiens ou Sud Africains : tout s’apprend ! Et mieux qu’au foot, le Bénin peut avoir de meilleures chances plutôt en Athlétisme qu’ailleurs.

 

Quel est l’appui du Ministère des Sports à cet évènement devenu international ? La municipalité de Parakou appuie-t-elle  le marathon ?

 

Cette année, je n’ai même pas un accusé de réception des courriers déposés au Ministère de la Jeunesse, des Sports et Loisirs. Epuisé, j’ai fini par abandonner car ce n’est pas si difficile quand on veut ou que l’on a envie de faire…

La mairie a été absente lors des deux premières années. Mais à la 3ème et 4ème édition, la Mairie de Parakou, grâce au leadership de M. Alavo, 3ème Adjoint, porte parole du Maire pour ce dossier, en dialogue avec le Directeur des Affaires Financières et le reste de l’équipe ; la mairie donc,  commence par s’intéresser à cet événement qui fait venir du monde à Parakou et fait connaître Parakou de par le monde entier, grâce surtout au site du Marathon : www.marathon-salesien.fr. Depuis sa seconde édition, nous enregistrons plus de 10 nationalités et cette année, au moins une quarantaine de français/es sont déjà partants pour être présents à Parakou du 8 au 16 février 2011. Vous voyez que, indiscutablement, le marathon rime bien avec tourisme, découverte, rencontre et devises étrangères non ?

 

Quelle est la nature de vos relations avec la Fédération Nationale d’Athlétisme ?

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Ça, c’est un autre défi dont je voudrais bien ne pas parler. Une fois est sûre, la fédération est très régulièrement, par nos courriers, informée de nos projets et de notre besoin de soutien. Elle dit ne pas avoir les moyens pour soutenir ce que nous faisons, et conséquemment ne l’a pas encore fait. Mais bon… ! Comme dit le proverbe chinois : « il vaut mieux allumer une lampe que de maudire l’obscurité ». Nous espérons simplement que la Providence enverra de bonnes volontés soutenir cette petite lampe que nous essayons, de toutes nos petites forces, de faire luire dans la nuit de notre pays qui rêve et qui mérite bien mieux que l’état actuel des choses.

 

Vous avez récemment crée un Club d’athlétisme. Pouvez-vous nous en parler ?

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A l’occasion de la conférence de Presse dernière, nous avons aussi mis sur pied le « 5S Athlétique Club » : « Sport-Santé–Solidarité-Spiritualité-Salésienne Athlétique Club ». Vous voyez déjà de par sa dénomination que l’essentiel y est !

Ce club ne fera pas de tout ! C’est d’abord et avant tout un club amateur, de papa et maman qui ont besoin d’entretenir leur santé pour vivre bien et être efficace au meilleur de leur possibilité, aussi bien au travail qu’en famille : 30mn chaque jour et chaque fois, toujours un peu plus en weekend pour dégraisser et donner tempo au cœur… Il s’agit ici donc du fond, de l’endurance, de l’apprentissage progressive à la persévérance et à l’honnêteté : il suffit de vouloir et en 6 à 8 mois d’entraînement, nous pouvons vous faire courir paisiblement un marathon entier de 42,195km. Tout le monde peut ! Même les malades cardiaques ou diabétiques qui ne pensent peut-être que le pire pour/sur eux/elles-mêmes…

Mais les jeunes talentueux désireux d’acquérir du savoir faire et de l’expérience afin de pouvoir représenter tôt ou tard leur société, leur commune ou leur pays à l’étranger trouveront aussi, avec nous, le cadre parfait pour atteindre leurs objectifs.

Quel que soit votre âge, vous êtes le/la bienvenu/e :

Par an :

-          Elèves : 2.000F

-          Adultes : 5.000F

Ceci vous donne droit à une visite médicale d’aptitude au sport d’endurance et de compétition auprès d’un médecin sportif qualifié, à une licence professionnelle et

-          Maillot du Club : 5.600F. Equipement de qualité que vous utiliserez à vie et partout dans le monde.

 

Votre mot de fin

 

Merci pour cette opportunité que nous accorde Le Canard du Nord pour sensibiliser nos frères et sœurs sur la nécessité de prendre soin de leurs corps pour s’y bien sentir. C’est le premier don que Dieu, notre Créateur nous a fait. Et nous savons tous bien qu’un don, un présent précieux, il faut savoir en prendre soin. Beaucoup semblent dire qu’ils/elles n’ont pas le temps. A ceux là, j’aime dire de faire un tour dans les hôpitaux, les centres de santé et de rééducation kiné…voir les hypertendus, les héplétigiques, les obèses, les diabétiques, les stressés qui frôlent les frontières du surmenage…et ils/elles verront que finalement quand la maladie frappe à la porte de nos imprévoyances, assis ou allongé dans un lit, nous avons plein de temps, nous voyons passer le temps sans malheureusement pouvoir nous en servir.

Faisons-le, non pour de l’argent. Nous y gagnons bien plus ! Mais comme dit notre Maître Spirituel, Saint François de Sales, « Tout par Amour, Rien par Force ! ». Et avec ce 4x4 du 16ème siècle, les Oblats de Saint François de Sales célèbreront leur 25 ans de présence au Bénin au service du développement où, pour la prochaine 5ème Edition de votre Marathon ils vous proposent, comme à l’accoutumé, de courir avec la pensée : « Marchez simplement et vous marcherez en confiance ». C’est donc avec cette confiance en l’avenir que je nous invite à déjà nous inscrire massivement au Marathon et au « 5S Athlétique Club » ou en appelant au 23 61 05 62 ou email : petitguill@yahoo.fr. Dieu Soit Béni !

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