Cotonou, Palais des Congrès, le 29 octobre 2012
• Messieurs les Présidents des Institutions de la République,
• Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement,
• Madame la Grande Chancelière de l’Ordre National du Bénin,
• Monsieur le Haut Commissaire à la Gouvernance Concertée,
• Monsieur le Haut Commissaire à la Solidarité Nationale,
• Monsieur le Président du Conseil National de l’Education,
• Excellences, Mesdames et Messieurs les membres du corps diplomatique et consulaire et les représentants des Organisations internationales au Bénin ;
• Mesdames et Messieurs les Responsables des Organisations du Patronat et des Travailleurs des secteurs public et privé,
• Mesdames et Messieurs les Chefs d’entreprise,
• Mesdames et Messieurs les Représentants des Organisations de la Société Civile,
• Honorables Invités,
• Mesdames et Messieurs,
Je me réjouis et je me félicite de l’organisation, ce jour lundi 29 octobre 2012, de la table ronde de dialogue secteur public/secteur privé pour la relance de l’économie au Bénin. En effet, dans mon message à la Nation, à l’occasion de la célébration du 52ème anniversaire de l’accession de notre pays à la souveraineté internationale, j’avais annoncé ma volonté de mobiliser toutes les forces vives, pour examiner ensemble les modalités de mise en place d’un cadre permanent de concertation entre le secteur public et le secteur privé, en vue d’assainir l’environnement des affaires et de créer les conditions propices à une croissance économique forte, soutenue par un secteur privé dynamique, créateur de richesses et d’emplois.
Aussi, voudrais-je exprimer mes remerciements et ma satisfaction à tous ceux qui ont œuvré à la préparation des présentes assises, notamment Monsieur le Haut Commissaire à la Gouvernance Concertée, Président du Comité d’orientation et de suivi de la préparation de la Table ronde, ainsi que les responsables du Secteur privé et de l’Administration publique impliquées dans l’organisation de cet événement.
C’est aussi le lieu de remercier nos partenaires qui ont répondu à notre invitation. Par la qualité de leur participation, nous avons la ferme conviction que notre table ronde pourra s’enrichir de leurs expériences. Nous en sommes heureux et je voudrais les rassurer que leur contribution ne sera pas vaine car mon gouvernement est décidé à tirer le meilleur parti de leur expertise.
Mesdames et Messieurs,
En décidant de réunir autour d’une même table les différents acteurs du secteur public et privé, mon ambition est d’offrir l’opportunité d’une réflexion franche, objective et féconde sur le devenir de l’économie béninoise. Nous nous retrouvons donc ce jour pour échanger sur les voies et moyens pour réaliser dans notre pays une croissance inclusive, durable et respectueuse de l’environnement. En d’autres termes, il s’agit de réfléchir à un système économique où tout le monde contribue à la production et en tire profit. Un système qui accélère le rythme de création de richesses et réduit progressivement la pauvreté en vue de son éradication.
Cette table ronde a pour finalité la remise en cause de l’ancien ordre économique qui n’a fait que nous appauvrir jusqu’à présent. Inversons donc la tendance ! Pour y parvenir, il nous faut, acteurs du secteur public, acteurs du secteur privé national et international, communautés à la base, et communauté internationale, relever les nombreux défis auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés.
Mesdames, messieurs,
Le premier de ces défis se rapporte à la stabilité. Elle recouvre une dimension politique, économique et sécuritaire. Elle impose que nous ayions à cœur la préservation de l’unité nationale, la paix, la sécurité, la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption et l’impunité, la transparence, l’obligation de résultat et la reddition des comptes. Ce qui requiert des institutions crédibles, fortes, opérationnelles et animées par des personnes de qualité.
Le second défi est celui de la condition sociale basée sur la solidarité du millénaire. Dans ce cadre, la question de la santé occupe une place centrale pour mon gouvernement. En effet, pour mieux produire, il faut des femmes et des hommes en bonne santé. De fait, aucun développement n’est possible sans ce préalable.
Dans ce domaine, nous avons pris depuis 2006 un certain nombre d’initiatives notamment :
la gratuité de la césarienne qui a impacté aujourd’hui 56.000 femmes ;
la gratuité des soins pour la petite enfance de 0 à 5ans ;
l’initiative de 120 jours pour équiper les hôpitaux actuellement en cours ;
notre ambition d’asseoir un Régime d’Assurance Maladie Universelle (RAMU) au profit de toutes les couches et catégories sociales (ouvriers, artisans, paysans, pêcheurs etc.). Ce programme est évalué à 40 milliards de FCFA. Dans sa mise en œuvre, l’Etat jouera certes sa partition, mais la contribution du secteur privé sera nécessaire, tout comme celle des communautés à la base et de la communauté internationale.
La question du défi de l’éducation est également une composante essentielle de la condition sociale. L’éducation est obligatoire. Notre Constitution l’exige. C’est pour cela que mon gouvernement a décidé d’organiser la gratuité de l’enseignement au profit de nos enfants.
Mais cette mesure appelle la construction d’infrastructures scolaires, le recrutement et la formation des enseignants, l’amélioration du contenu et de la qualité des programmes. L’Etat consent beaucoup d’effort à cet effet. Je me félicite de l’implication de plus en plus active et efficace du secteur privé dans les trois ordres d’enseignement. Mon gouvernement note avec satisfaction, l’engagement et le soutien constants de la Communauté internationale dans ce secteur pour accompagner le Bénin dans sa quête du savoir et de la formation des ressources humaines de qualité. Il revient maintenant aux communautés à la base de s’inscrire dans cette même dynamique.
Le troisième défi est celui de l’assainissement des finances publiques, qui est essentiel pour l’atteinte des objectifs de croissance soutenue et de réduction de la pauvreté. Il permet notamment de dégager des marges de manœuvre budgétaire pour les dépenses d’investissement et de réduction de la pauvreté. Il nécessite une rationalisation des dépenses publiques et une amélioration de la fiscalité et de la mobilisation des recettes publiques.
D’importants efforts ont été déployés pour améliorer la qualité de la dépense et contenir le déficit budgétaire autour de 3,5% ces dernières années. Des réformes sont en cours tant au niveau des administrations des douanes et des impôts pour accroître le rythme de mobilisation des recettes budgétaires. Au nombre de ces réformes, il convient de citer l’achèvement de la mise en place du guichet unique.
Pour réunir les conditions d’une croissance forte et soutenue par l’investissement privé, il nous faut rétablir la confiance entre le secteur privé et l’Administration publique. Dès lors, nous devons au cours de la présente table ronde, examiner la pertinence et la portée des réformes structurelles touchant notamment la douane, les impôts, le trésor public et le secteur portuaire.
Il nous faut également examiner les mesures susceptibles de permettre l’élargissement de l’assiette fiscale, notamment par des stratégies innovantes à l’endroit du secteur informel.
En effet, la structure de l’économie n’a pas été sensiblement modifiée entre 1992 et 2012. Elle demeure caractérisée par un secteur tertiaire prépondérant, un secteur primaire important et peu diversifié et un secteur secondaire embryonnaire. Les activités du secteur informel, qui représente environ 70% du PIB et occupe plus de 90% de la population active, dominent notre économie. C’est un handicap majeur à une véritable émergence économique et à la mise en œuvre d’une fiscalité de développement.
Le quatrième défi est celui des infrastructures : notre économie tourne en deçà de ses capacités. Pour la propulser vers un taux de croissance de 7% sans laquelle aucune émergence économique n’est possible, il nous faut d’abord régler la question fondamentale qui est celle de l’énergie. A ce propos, force est de reconnaître que des entités telles que la Communautés Electrique du Bénin (CEB) et la Société Béninoise d’Electricité et d’Eau (SBEE) ne peuvent plus aujourd’hui combler les attentes dans ce secteur. Nous devons alors renforcer les interconnexions à caractère sous-régional qui alimentent la stratégie régionale de développement.
Là encore, nous avons besoin d’une participation plus accrue et plus innovante du secteur privé. Il en est de même pour toutes les autres infrastructures économiques à savoir les routes, les chemins de fer, les ports et aéroports, les télécommunications etc.
Au total, nous devons investir davantage dans la réalisation d’infrastructures structurantes de développement, à travers notamment une véritable politique de grands travaux, avec une planification et une programmation ordonnées. Dans cette optique, mon gouvernement envisage d’ores et déjà la création et le fonctionnement d’une agence nationale d’exécution des grands travaux.
Mesdames, Messieurs,
La réalisation de grandes infrastructures porteuses de développement nécessite la mobilisation de ressources importantes au-delà des capacités du Budget Général de l’Etat et de la contribution des partenaires au développement. En effet, la mobilisation des ressources aussi importantes n’est possible que dans le cadre d’un partenariat fructueux entre le secteur public et le secteur privé. C’est pourquoi, la problématique de la mise en place de partenariats public-privé gagnant-gagnant devra être au cœur des présentes assises.
Vous comprendrez ainsi le sens de mon initiative en direction de la Banque Africaine de Développement (BAD) pour l’accompagnement efficace du secteur privé pour un volume d’investissement estimé environ à mille milliards de nos francs.
Le cinquième défi est celui du choix judicieux des pôles de croissance. Au nombre de ces pôles de croissance, la question agricole me paraît prioritaire avec comme finalité la sécurité alimentaire. C’est pourquoi, il nous faut engager des réformes indispensables à la promotion du secteur agricole. Ces réformes portent sur l’accès au foncier rural, à la mécanisation agricole, à l’accès aux intrants, à l’ouverture et l’entretien des pistes rurales, à l’organisation et au bon fonctionnement des marchés locaux et régionaux. Cette sécurité alimentaire recherchée doit s’appuyer sur les programmes intégrés à l’échelle régionale, continentale et internationale. Nous devons aussi nous organiser pour bénéficier des financements des différentes initiatives prises dans ce cadre par la communauté internationale.
J’ai la ferme conviction que le partenariat entre le secteur public et le secteur privé, fondé sur des bases transparentes, permettra de mieux assurer le financement de l’agriculture, d’autres projets innovants et structurants dans les secteurs des BTP, des énergies traditionnelles et nouvelles, des nouvelles technologies, du logement social, du commerce, de l’agro-alimentaire, de la culture et du tourisme.
Le sixième défi est celui d’une administration performante.
L’inadéquation de l’environnement des affaires est caractérisée par une faible incitation à l’investissement en raison des coûts formels et informels contraignants de notre administration publique. Le coût élevé de la formalisation d’une entreprise au Bénin est également un obstacle important à l’investissement privé, à la croissance économique et freine de toute évidence la marche de notre pays vers le progrès, alors que son potentiel de croissance est élevé.
C’est dire que la question des réformes structurelles est essentielle et sa résolution doit inévitablement se faire en ayant comme objectif le relèvement de la qualité du service public à travers l’élimination de toutes formes d’entraves. L’objectif ici est de faire disparaître toute tracasserie dans la création des entreprises, le paiement des impôts ou dans tout autre démarche mettant aux prises les promoteurs et dirigeants d’entreprise avec l’administration.
Dans tous ces domaines l’objet de la table ronde sera de faire le point de nos forces et de nos faiblesses.
Je veux espérer que les thèmes du présent débat qui va s’instaurer dans le cadre de ce défi seront empreints de franchise et d’objectivité.
Le septième défi est celui du financement du partenariat public-privé et des financements innovants. Ce défi nous renvoie aux stratégies devant nous permettre de réaliser la mobilisation intérieure de nos ressources intérieures, des financements innovants, des transferts de nos migrants, mais surtout d’examiner les possibilités d’optimiser le recours au partenariat public-privé.
Les partenariats public-privé, qu’ils soient institutionnels, participatifs ou contractuels, sont des modalités de financement du développement, des formes de coopération entre les autorités publiques et le monde des entreprises visant à assurer le financement, la construction, la rénovation, la gestion ou l’entretien d’une infrastructure ou la fourniture d’un service. Ils présentent l’avantage d’allier les objectifs de mobilisation de ressources nouvelles, d’allègement de l’endettement public, de rationalisation des investissements et d’efficience dans la gestion des infrastructures socio-économiques.
Ce mode innovant de financement du développement présente des avantages certains pour le secteur privé en ce qu’il constitue un moyen supplémentaire de conquête de nouveaux marchés et de renforcement des liens avec l’Administration. Le meilleur partenariat public-privé est à la fois donnant-donnant et gagnant-gagnant, au bénéfice de l’entreprise, de l’économie nationale, de l’Etat et de la collectivité.
Ce type de partenariat s’inscrit parfaitement dans la vision de mon gouvernement dont la finalité ultime est d’assurer le bien-être de chacun et de tous, et de maintenir la cohésion sociale.
C’est pourquoi, je prends l’engagement d’œuvrer au développement de ce partenariat gagnant-gagnant, seul à même de contribuer effectivement à l’accélération de la croissance économique et à la création de nouveaux emplois.
A cet égard, il s’agira concrètement d’instaurer une gouvernance axée sur l’obligation de résultats, la reddition des comptes, la transparence et la franche collaboration entre l’Administration publique et le secteur privé, dans le cadre d’un dialogue économique fructueux.
Mesdames et Messieurs,
Mon gouvernement et moi-même plaçons un grand espoir dans les travaux de la présente table ronde. Elle permettra, j’en suis persuadé, d’affiner nos stratégies de développement et d’accroître la contribution du secteur privé au développement de l’économie. Je souhaite qu’elle contribue par ailleurs à dissiper toute méfiance, toute anxiété et tout sentiment d’insécurité de la part de nos entrepreneurs et opérateurs économiques.
Je voudrais pour ma part que cette Table ronde contribue à établir, avec le concours et sur la base des propositions concrètes des opérateurs privés eux-mêmes, les conditions de développement et de compétitivité du secteur privé ainsi que les mesures spécifiques tendant à le faire participer davantage à la croissance de notre économie.
Pour créer les conditions de la mise en œuvre efficace de ce partenariat, vous serez appelés, au cours de vos travaux, à :
ü convenir des réformes structurelles prioritaires ;
üdéfinir et préciser le cadre de politique générale du partenariat public-privé au Bénin ;
üdéfinir un cadre formel de concertation périodique permanent entre le secteur public et le secteur privé ;
üprévoir un mécanisme de mise en œuvre et de suivi des recommandations de la présente Table ronde.
Pour soutenir ce mécanisme, mon gouvernement envisage d’ores et déjà de créer une Agence chargée notamment du partenariat public-privé.
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais terminer mon propos en saluant tous les partenaires au développement qui accompagnent notre pays dans ses efforts de reconstruction et de redressement économique et social.
J’adresse, en particulier, au nom de la Nation et en mon nom propre, ma gratitude au Programme des Nations Unies pour le Développement, au Royaume des Pays-Bas ainsi qu’aux organisations du secteur privé pour leur appui matériel et financier à l’organisation des présentes assises.
C’est sur ces mots que je déclare ouverte, ce jour lundi 29 octobre 2012, la table ronde de dialogue secteur public/secteur privé pour la relance de l’économie au Bénin.
Vive le partenariat public-privé !
Que Dieu bénisse le Bénin !
Je vous remercie.