Boni Yayi vient de prendre une décision historique dont la critique divise encore les béninois. En effet, le chef de l’Etat vient de décider dare-dare, si les fonctionnaires grévistes ne reprennent le travail dès le lundi prochain, de les remplacer par des jeunes ayant fait leur service militaire. Juste solution ou résolution imparfaite ?
Boni Yayi, pour rappel est le chef de l’Etat béninois, le président de république, le chef du gouvernement, le premier magistrat de la république et ce trop plein de pouvoirs couronné par le grade du chef suprême de l’armée. Telle est l’omnipotence dont la constitution béninoise du 11 décembre 1990 a doté le président de la république. Face donc à certaines situations, bien de dirigeants se demandent jusqu’où ils ne sont pas capables d’aller pour régler tel ou tel autre fait qui n’est pas de leur goût. Boni Yayi serait-il dans une situation pareille ? Peut être que oui, peut être que non. De toutes les manières, l’heure ne se prête pas encore à la réponse de cette question mais plutôt à l’analyse de l’impact de la dernière décision du chef de l’administration publique béninoise sur la question de la grève des fonctionnaires d’Etat.
Constitutionnellement, le chef de l’Etat n’est pas à même de prendre une telle décision puisque le droit de grève est reconnu par notre loi fondamentale. Ainsi, tant que les grévistes agiront suivant les prescriptions de cette loi, personne ne pourra troubler leur quiétude. Dans cette situation, ce sont les grévistes qui sont en pôle position. Cependant, socialement, la solution semble être juste quand on jette un regard rétrospectif sur les actes posés par le gouvernement actuel depuis la première élection du chef de l’Etat en 2006 en faveur des fonctionnaires. Pourtant, ils ne sont pas les seuls citoyens de ce pays. Les paysans mangent difficilement dans les campagnes, les étudiants souffrent dans les universités, les chômeurs ne savent pas à quel saint se vouer. Et tout ce monde doit être pris en compte par le seul gouvernement. En face, nous avons des fonctionnaires qui, bien que minoritaires font des pieds et des mains pour se tailler la part du lion de la manne nationale.
L’autre chose déplorable est que cette grève est partie de la disparition de Pierre Urbain Dangnivo, un cadre du ministère des finances. Depuis ce, ces fonctionnaires font de la disparition de leur collègues dont ils ne se préoccupent plus un sujet de chantage au gouvernement. Où se trouve la morale ? Suivant quelles mœurs vivons-nous alors.
Boni Yayi aurait été à féliciter s’il pouvait réussir ce pari mais malheureusement qu’il ne doit pas y penser au risque de s’élever en un démocrate aux conduites voilées de dictatures.