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 Le Bénin vu par un jeune 

A Propos De Moi !

  • Christophe D. AGBODJI
  • Journaliste, Ecrivain
Auteur de "La chute du mur de Karakachie"
;  "Le changement, l'autre nom de l'impossible"; En préparation: "Je n'étais pas au pays à l'heure du changement"
  • Journaliste, Ecrivain Auteur de "La chute du mur de Karakachie" ; "Le changement, l'autre nom de l'impossible"; En préparation: "Je n'étais pas au pays à l'heure du changement"

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27 septembre 2012 4 27 /09 /septembre /2012 13:23

Claude Guillaume  Claude Guillaume, 58 ans a déjà porté bien de titres honorables dans le domaine de l’athlétisme en France. Athlète, enseignant en éducation physique, formateur et entraineur. Pourtant, le plus grand rêve de toute sa carrière semble être l’ouverture d’un centre de formation et d’éducation en athlétisme. Ce rêve est concrétisé depuis le samedi 15 septembre 2012 avec l’inauguration du Centre d’entraînement et d’Education en Athlétisme de Cotonou (CEEAC). C’est au siège de ce centre, niché dans les locaux du stade de l’amitié que nous sommes allés le rencontrer.  C’est à un homme souriant que nous avons tendu notre micro ; confiant et sûr de lui-même, il croit fermement en son projet : élever les athlètes béninois au haut niveau et les apprêter pour les jeux olympiques de Rio en 2016. Des noms comme Patrice Lompo, Allassane Bentille et Noélie Yarigo lui sont déjà familiers. Et ne lui parlez surtout pas du marathon salésien de Parakou, terreau de formation de ces athlètes. En attendant impatiemment la prochaine édition, il s’est rendu déjà à maintes reprises sur le site et sympathise beaucoup avec le Père Guillaume Kambounon, son promoteur. A cœur ouvert, il nous expose un pan de sa méthodologie de travail mais n’a pas pu s’empêcher aussi de souligner la méfiance affichée de certaines personnes de la fédération béninoise d’athlétisme face à son projet dont l’objectif semble n’être que d’apporter un plus à l’athlétisme béninois. Lisez plutôt !

 

Bonjour M. Guillaume. Pourrions-nous vous connaitre un peu plus ?

Claude Guillaume : Bonjour. Je suis Claude Guillaume. Je suis né en 1954 en France dans la région de la Normandie. Je suis entraineur depuis 1961 et j’entraine au quotidien depuis 1974, donc bientôt 40 années de pratique en tant qu’entraineur sur le terrain. Je suis aussi enseignant en éducation physique et formateur. J’encadre toutes les sessions de formation en France depuis de nombreuses années puisque j’ai été professionnel en athlétisme pendant plus de 20 ans.

Vous avez lancé officiellement depuis le samedi 15 septembre dernier un centre de formation et d’éducation en athlétisme. Pouvez- vous nous en parler ?

Claude Guillaume : C’est un centre d’entrainement qui ouvre ici à Cotonou comme antenne principale. Elle a pour vocation de prendre en charge et puis de suivre un certain nombre d’athlètes que nous aurons détecté et puis ensuite les accompagner pour qu’ils puissent se préparer pour les grandes échéances ci-possibles. Je parle ainsi des jeux olympiques. C’est l’objectif principal de ce centre. Mais nous nous intéresserons également aux compétions nationales, internationales sur le territoire du Bénin comme celui africain. Il faut que ces athlètes s’aguerrissent dans les compétitions européennes pour revenir dans les grands championnats africains avec la possibilité de briller. On a vu à Porto-Novo le résultat des béninois. On a fait un constat, un constat tout simple. Il faut essayer de les pousser dans un environnement comme celui du Bénin où on est totalement indépendant. On va essayer d’œuvrer aux côtés de la Fédération d’Athlétisme du Bénin pour apporter notre pierre à l’édifice.

Les béninois sont restés jusque là presque essentiellement fans du football. Et, n’eût été quelques initiatives comme le marathon salésien  de Parakou, le semi marathon du festival d’Abomey et le semi marathon de Cotonou, ils n’entendraient même pas parler d’athlétisme. Ne risquez-vous pas d’être confronté au même problème lors du recrutement ?

Effectivement, j’avais ce souci (sourire) mais j’ai été surpris la semaine dernière – nous nous sommes entrainés deux fois – de la présence d’une quarantaine de jeunes qui était là le matin et le soir. Ils étaient là à l’heure précise et ils avaient vraiment envie de progresser. Depuis, on a des coups de téléphone tous les jours. Des gens appellent de tout le pays depuis le lancement du centre. Donc, c’est un message qui est fort. Ça veut dire qu’il y a un besoin. Il y a certainement l’envie de certains jeunes de rejoindre ce genre de centre. Maintenant, il y a aussi à faire attention puisqu’il y a des jeunes qui pensent que c’est un centre de formation où tout le monde peut aller. Nous, on aura que 12 à 15 personnes dans ce centre. Il ne s’agit pas de faire du volume. Il s’agit de faire de la qualité et si on veut faire de la qualité, on ne peut pas avoir 50 personnes…

… vous serrez alors très sélectif

Claude Guillaume : (sincère) Oui. Surtout qu’il n’y a aucun athlète de haut niveau au Bénin. Si on veut avoir 2 ou 4 athlètes de haut niveau dans quatre ans, il ne faut pas prendre 50 maintenant. Si on en prend autant, c’est qu’ils sont tous bons et qu’on espère les emmener au haut niveau en 2020. Mais comme on n’a pas les moyens en ce qui concerne la préparation de toute cette masse, il faut y aller à petits coups.

Le centre a été ouvert depuis samedi mais à quand pouvons-nous situer très exactement le démarrage des activités… ?

Claude Guillaume : … C’est déjà commencé et ça a commencé la semaine d’avant le lancement officiel du centre (rire). Il y en a qui ont commencé l’entrainement depuis le 23 juillet puisqu’il y avait déjà quelques athlètes qui avaient été, à peu près sélectionnés et dès le 23 juillet, c'est-à-dire après 3 semaines de récupération après Porto-Novo – ce qui est tout à fait raisonnable et suffisant – ils ont repris le chemin de l’entrainement. Maintenant, c’est au quotidien pour certains athlètes et c’est permanent.

Vous bouclez la sélection dans quelques jours…

Claude Guillaume : La sélection n’est jamais bouclée. La porte est ouverte toute l’année. Quand quelqu’un a du talent, on peut l’intégrer à tout moment mais on peut aussi sortir un athlète à n’importe quel moment si le jeune ne travaille pas de façon correcte, assidue et rigoureuse comme on le souhaite. Il devra alors sortir du centre. Je crois qu’on se doit de ne pas avoir de sentiments. Par rapport à ça, on doit être très rigoureux. Pour atteindre le haut niveau, il y a une règle à laquelle on ne peut pas déroger. S’il n’arrive pas à faire les choses comme il se doit, c’est qu’il (l’athlète) s’est trompé et que nous nous sommes également trompés en tant que sélectionneur, en étant qu’entraineur.

Pourquoi avoir jeté votre dévolu sur un pays comme le Bénin où les résultats actuels n’affichent, pourtant pas un espoir immédiat ?

Claude Guillaume : (Sourire) C’est un coup de cœur… c’est le hasard qui a fait… j’avais envie de prolonger ma carrière d’entraineur. C’est une mission qui m’est propre ; un objectif bien défini de ma part. Et c’est tombé sur le Bénin (rire). Par hasard, lors d’un séjour touristique avec mon épouse – on est tous passé par l’athlétisme – donc on a côtoyé un peu des gens intervenant dans le domaine. (Emu) Donc, ça m’a touché. Ces difficultés. Et puis, je me suis dit « pourquoi pas essayer d’aider les béninois à résoudre leurs difficultés ? ». Et puis voilà, c’est parti. J’ai fait une étude sur le territoire. J’ai regardé ce qui était possible à faire. Et puis, je me suis dit à Cotonou pour un premier temps. Si on peut et qu’on a des moyens, on peut créer des antennes à l’intérieur du territoire ; je me réfère particulièrement à Parakou, Natitingou de façon à pouvoir drainer un maximum de monde et essayer de ne pas laisser dans la nature des talents que vous avez ici au Bénin.

Croyez-vous que votre projet est prometteur quand on met d’un côté le niveau des athlètes béninois et les résultats obtenus à Porto-Novo et d’un autre votre objectif d’apprêter des athlètes béninois aux jeux olympiques de Rio en 2016 ?

Claude Guillaume : Le Bénin a des talents. Maintenant, il faut se mettre au travail. Il faut travailler tous les jours et toute l’année. Il ne faut pas se mettre en vacance pendant 3 mois pour réussir à atteindre le haut niveau. Donc, si parmi les athlètes qu’on va sélectionner, il y en a qui se prennent bien au jeu, qui travaillent régulièrement et qu’on les suit correctement, je pense qu’il y a un espoir de voir des béninois sortir de la masse.

 

Quelles sont vos relations avec la Fédération Nationale d’Athlétisme et éventuellement avec le Ministère en charge du sport au Bénin ?

didier-akplogan.jpg Claude Guillaume montcho.jpg

Claude Guillaume : En termes amicale et humain, j’ai de très bonnes relations avec les deux. J’entretiens des relations amicales avec le Président Montcho et Didier Akplogan, le ministre en charge du Sport. Je les informe de l’avancé de mon projet par l’intermédiaire de Alain Zounon qui est le représentant local du centre. Nos relations sont bonnes. Maintenant, il y a quelques petites réticences de la part de la fédération pour ne pas être venu à l’inauguration le samedi. Quant au ministre, il m’avait envoyé un petit message sympathique pour s’excuser de son absence. Il n’y avait rien de désagréable et rien de négatif dans cette démarche. La fédération… certaines personnes de la fédération semblent attendre des compléments d’informations.

Travaillerez-vous sur toutes les disciplines de l’athlétisme ou accorderiez-vous des priorités à certaines ?

Claude Guillaume : Non. Nous travaillerons avec des athlètes de tous les domaines. Nous ignorons où se trouvent les talents. Ca peut être un lanceur de javelot ; ça peut être un perchiste (rire), on n’en a pas ici mais pourquoi pas ?

Avez-vous entendu parler d’un certain Patrice Lompo ?

Patrice LOMPO

Claude Guillaume : Oui (sourie). Patrice Lompo fait partie du groupe. J’ai son programme d’entrainement que je lui remets tout à l’heure. Patrice est un garçon qui a du talent. C’est un jeune qui - je pense – doit réaliser rapidement un bon chrono sur le marathon. S’il continue résolument, il peut faire partie de ces têtes qui seront sélectionnables en 2016…

On sent chez lui une certaine volonté…

Claude Guillaume : … il a de la volonté ; il a l’aptitude et les qualités physiologiques. Donc, il n’y a pas de raison pour qu’il ne soit pas prêt. Il faut juste qu’il travaille de façon organisée et qu’il acquiert de la compétition. Il ne progressera pas tant qu’il restera sur les compétitions locales. Il faut qu’il aille s’aguerrir sur les compétitions internationales. C’est encore un problème d’organisation mais ça ne doit pas être insurmontable.

 

Nous espérons fermement que le centre nous aidera à faire de Patrice cet athlète dont les béninois rêvent…

Claude Guillaume : Ce sera bien et après ça, vous verrez tous le béninois vouloir courir comme lui. S’il court et qu’il fait quelque chose de très bien, il montrera l’exemple et après les autres voudront faire comme lui. On a aussi dans le pays, un autre athlète que je n’ai pas encore réussi à joindre jusque là : Allassane Bentille. C’est dommage mais elle-aussi, elle a du potentiel à condition qu’elle continue à travailler. Parmi les coureurs, vous avez aussi Noélie Yarigo qui a du talent. Elle pourrait aussi atteindre le haut niveau. Sur les longues distances Patrice et Bentille et au sprint… on a vraiment de grands talents ici ; il reste à concrétiser.

Avez-vous déjà entendu parler du Marathon St François de Sales ?

logos salésiens

Oui… oui (émotionnel). J’ai été sur le site et j’entretiens de très bonnes relations avec le Père Guillaume. D’ailleurs, je vais faire la promotion de son marathon en France pour essayer de faire venir des athlètes ou des coureurs du pays. (Sonnerie de téléphone) …Et, j’espère pouvoir y être présent cette année aussi.

Et vous semblez aussi avoir de très bonnes relations avec les hommes des médias.

Claude Guillaume : Oui. Je suis heureux de voir qu’il y a nombreux journalistes qui se sont intéressés au projet. Ils m’ont appelé, m’ont interrogé à la radio comme à la télévision. Donc, c’est un plus aussi. Ça veut dire que le projet intéresse les béninois. Maintenant, c’est à nous de ne pas les décevoir. C’est réconfortant de savoir que les journalistes nous accompagnent.

Un mot de fin ?

claude guillaume

Claude Guillaume : Le plus dur reste maintenant à faire. Il va falloir atteindre des résultats. Il va falloir 5 à 6 ans pour former des athlètes. Donc, les résultats, ce n’est pas dans 3 mois. Il faudra surtout de la patience, de la rigueur et de la bonne humeur et bien travailler. Voilà. De l’organisation ; rester simple et ne pas se torturer l’esprit avec des choses compliquées. On a beaucoup de choses à mettre en place et à réaliser.

Mercie !

Claude Guillaume : (affectif) C’est plutôt moi qui vous remercie.

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