La légitimité du bureau du Conseil d’Administration de l’Union des Groupements de Producteurs du Périmètre Rizicole de Malanville (Ugppm) est contestée par certains membres de l’Union. Tout a commencé en janvier 2010 par une correspondance adressée au Conseil d’Administration pour lui notifier que son mandat prenait fin et qu’il devait convoquer une Assemblée Générale en vue de renouveler le bureau. Cette correspondance déclenche une série de lettres réciproques entre les contestataires et le Conseil d’Administration. Outre l’accusation d’une gestion solitaire de l’association depuis 2001, il est aussi reproché au Conseil d’Administration d’avoir mal géré les ressources financières de l’Ugppm. Les diverses médiations initiées en vue de résoudre le conflit sont restées vaines.
L’après prologue
Face à la persistance de l’ennuyeuse ambiance qui règne au sein de l’Union des groupements de producteurs du périmètre rizicole de Malanville (Ugppm), le Chef de l’Etat a dépêché, lundi 22 août, le ministre de l’agriculture sur le terrain. L’objectif de cette rencontre entre représentants du gouvernement, membres du conseil d’administration incriminé, contestataires et cadres de Malanville, était de régler définitivement ce problème qui, d’après des sources dignes de foi, empêche le Président de la République de se rendre à Malanville.
Le Ministre Katè Sabaï et sa délégation avaient pour mission de résoudre le conflit. Mais, les assises de Kandi n’ont pu que mettre sur pied un comité de médiation. C’est le Ministre de l’Agriculture qui, à l’issue de la séance, a proposé la mise en place de ce Comité de facilitation. Il est composé du Maire Issiaka Bako, d’Idrissou Bako, coordonnateur FCBE et cadre de la commune, d’Arifari Bako, ministre des affaires étrangères , de Katè Sabaï, ministre de l’agriculture, ministère de tutelle et de la Direction de la Programmation et de la Législation Rurale. Selon les explications données par le ministre, ce comité, en une semaine, aura pour mission de se rapprocher des deux parties et de leur proposer la mise en place d’une structure pouvant organiser les élections dans un bref délai.
La main invisible des hommes politiques
Dans la perspective de conquérir l’électorat potentiel que constituent les producteurs et coopérateurs, les acteurs politiques œuvrent de plusieurs manières. Connaissant bien la carte géopolitique de la commune de Malanville, les manœuvres des hommes politiques sont facilement perceptibles. Les forces politiques présentes dans la commune s’affrontent sans répit. Les contestataires sont soupçonnés d’être manipulés par le Maire Issaka Bako et le ministre des Affaires étrangères qualifiés de « mouvanciers de dernières heures ». Les autres, qui s’appellent « mouvanciers de première heure », sont soupçonnés d’être des hommes de main de l’ex Maire et actuel premier Adjoint, Koumba Gadjè. Au milieu de ce trouble, l’UPR de Issa Saley n’a pas non plus les mains propres. Ainsi se préparent les prochaines élections communales ainsi que la présidentielle de 2016.
L’inefficacité de la médiation de Sabaï Katè
Les palabres de Kandi étaient attendues pour être décisives. Le chef de l’Etat s’impatiente de reprendre ses amours avec cette commune dans laquelle il se rendait régulièrement. Mais, Yayi doit encore prendre son mal en patience puisque les accords de Kandi ne sont pas d’épaisseur à lui offrir ce cadeau. Katè Sabaï aurait pu rencontrer les protagonistes depuis la veille et leur arracher un consensus. Ainsi, la rencontre du lundi n’aurait été qu’une séance de confessions de frustrations et de réconciliation. De plus, le charisme du ministre Katè Sabaï n’a que trop peu brillé lors de la séance. En arrivant à Kandi, les deux parties savaient qu’elles devaient retourner à Malanville sur un consensus. Cependant, au regard de la solution improvisée par Katè, les protagonistes devront encore être sensibilisés à Malanville durant une semaine sur un point d’accord rejeté jusque là par l’une des parties. Qu’a-t-on gagné de cette rencontre outre une exhortation à la paix et à la réconciliation ? Cela aurait pu se faire au téléphone. Du gâchis ? Non, ce serait aller trop vite en besogne. Katè Sabaï aurait peut-être oublié que Boni Yayi s’impatiente à Cotonou.
Les parties restent campées sur leurs positions
Séïdou Mazou Moussa, le secrétaire général du conseil d’administration (Ca), qualifie cette contestation de « médisance » dont il est victime. Il argumente que le Conseil d’Administration dont il est le Secrétaire Général a plutôt permis de relever des défis. Il ajoute en plus que le CA a bel et bien convoqué des Assemblées Générales souvent interrompue par la faute des contestataires qui, d’après lui, « ont toujours tout fait pour les empêcher d’arriver à terme». Séïdou Mazou Moussa cite, à titre de preuve, un contrôle effectué par une commission d’enquête diligentée par le CeRPA. « Les résultats de ce contrôle ont été confirmés par une contre expertise d’une équipe de la présidence de la république » a-t-il affirmé. « Avec les bénéfices faits par notre administration, nous avons remboursé 40 millions, sur les 72 millions de dettes laissés par le Ca précédent et nous avons créé un second collège pour la commune », renchérit-il. En termes de proposition, Séïdou Mazou Moussa a réaffirmé la disponibilité du CA pour l’organisation de l’Assemblée générale élective.
Bakey Badou, le représentant des contestataires a réfuté l’argumentaire de Séïdou Mazou Moussa dont il dit ne plus reconnaître la « légitimité ». Il insiste sur ses accusations de mauvaise gestion de la part du CA. Bakey Badou estime que l’actuel CA n’a fait que le bilan de trois saisons alors qu’il devait le faire pour six saisons. Il en ressort, d’après ses démonstrations, un déficit injustifié de neuf mille (9.000) litres de gasoil. Il rejette par ailleurs les 72 millions de dettes évoqués par le CA en place, car, s’étonne-t-il : « comment une association endettée pourrait survivre au point d’investir dans le social ». Il ajoute que les 5000 motoculteurs et 4 tracteurs envoyés par le gouvernement au profit des producteurs de la commune de Malanville sont actuellement laissés à la merci des aléas climatiques, au point de se trouver hors d’usage à ce jour.
Le périmètre rizicole inondé
Le périmètre rizicole de Malanville est inondé faute de curage des drains. C’est le constat fait par le Ministre Sabaï Katè lors de sa visite de terrain, suite à sa séance de médiation manquée entre les protagonistes du conflit qui déchire le Conseil d’administration de l’Ugppm. Selon les explications données par le conseil d’administration en place, « les drains n’ont pas été curés parce qu’il n’y a pas de moteurs ». Pourtant, trois pompes étaient disponibles sur le périmètre. L’une d’entre elles a disparu et les deux restantes sont en panne. Toute chose qui met en difficulté la prochaine campagne.
Par ce constat, le conseil d’administration de l’union des groupements des producteurs du périmètre de Malanville (Ugppm) semble donner raison aux dissidents qui l’accusent de mauvaise gestion. Mais au-delà de cette mésentente entre les groupements de producteurs, c’est toute la stratégie agricole du gouvernement qui est en passe de tomber à l’eau. Face à cela, Katè Sabaï se doit de prouver au chef de l’Etat qu’il est un agronome à la taille du portefeuille qu’il lui a confié. Cela passe forcément par la résolution de ces petites querelles qui sont sur le point de ruiner l’agriculture béninoise.