L’école béninoise vit ses plus douloureux jours. Et pour cause, les enseignants des trois ordres de l’enseignement ont abandonné les salles de classe depuis cinq semaines déjà. Le gouvernement, de son côté est resté sur son pied de guerre et n’entend donner le moindre kopeck aux grévistes. Les parents d’élève crient au scandale face à cette situation qui présage d’un avenir incertain pour leurs enfants. Devant ce spectacle sanguinaire qui n’arrange ni syndicalistes, ni gouvernants, ni élèves, les béninois ne cachent plus leurs impressions. Dans cette vox populi, ce sont des élèves meurtris et soucieux, des parents d’élèves hantés par l’éventualité d’une année blanche mais des enseignants navrés de ne pouvoir faire autre chose que ce qu’ils font que nous avons rencontrés. Chacun donne son point de vue mais, aussi divergents qu’apparaissent ces opinions, tous semblent ne viser que le même objectif : sauver l’école béninoise. Seuls, les moyens proposés divergent. Lisez !
Aubin DJOSSOU, Elève
« Je ne suis pas d’accord avec ce qui se passe. Mais ce n’est pas bon. Comment, les enseignants peuvent nous laisser comme ça. Moi, je n’ai même plus envie de retourner au collège. Regardez-vous-même la situation. Moi, je ne comprends pas. Maintenant, on ne sait même pas ce qui va se passer. »
Mme Henriette Boco, parent d’élève
« Moi, j’ai une fille qui est en classe de 3e. Mais on ne dirait pas qu’elle est en classe d’examen. Les enseignants sont insensibles. Est-ce à cause de leurs revendications qu’ils vont abandonner les classes de la sorte ? Est-ce qu’ils pensent même à l’avenir des enfants. Sincèrement, ce n’est pas bon. Mais la faute est aussi au gouvernement. Ce que je ne comprends pas, c’est la conduite du gouvernement ; au lieu d’appeler les enseignants et parvenir à un accord avec eux, il se met encore à les menacer alors qu’on sait que dans ce pays, ces menaces n’ont jamais fait leur preuve. La situation est grave et il faut que tous les acteurs politiques et administratives s’asseyent pour voir la situation ».
Jean HOUNDJO, Elève
« Ce n’est pas bon. Pourquoi, le gouvernement n’a pas bien regardé le papier avant de signer ? Parce que maintenant, c’est parce que le gouvernement a mal écrit les choses que les syndicats trouvent un moyen pour bloquer les choses. Maintenant, on attend de voir ce qui va se passer. Ils ont dit que s’il y a grève demain, l’année sera blanche. On va voir ce qui va se passer ».
Koubourath ADIMI, Institutrice
« L’attitude du gouvernement est étrange à plus d’un titre. Nous sommes désolés de la situation des écoles à plus d’un titre mais que pouvons-nous faire face à la mauvaise foi des gouvernants. Mais, c’est difficile de comprendre ce que nous disons ? Le gouvernement a promis; c’est écrit. Maintenant, on demande juste de nous accorder matériellement ce qui nous a été accordé sur papier et les gens trouvent ça de scandaleux. C’est bizarre. On promet quelque chose à tout le monde et on donne à certains et on oublie les autres. Vous auriez accepté ça si vous êtes à notre place ? Je ne crois pas. On en est là quand on envoie les ministres dans des campagnes d’explications ; pour expliquer quoi ? Au lieu d’économiser l’argent de l’Etat, on met encore cette stratégie sur pied pour les gaspiller. Ce n’est pas bon ».
Gisèle AMOUSSOU, parent d’élève
« Je pense que les enseignants en font un peu de trop. Quand on regarde un peu les efforts que le Chef de l’Etat a fait à leur endroit au cours des 6 dernières années, ce n’est pas eux qui doivent lui faire ça. Sincèrement, ce n’est pas bon. Moi, je trouve la décision du Chef de l’Etat de leur faire des défalcations ou au mieux, de les remplacer par des appelés au service militaire. C’est très juste comme solution. Et je profite pour demander aux enseignants de bien vouloir comprendre la situation actuelle de la caisse de l’Etat. Nous en connaissons tous le contenu. C’est pourquoi, ils doivent laisser d’abord un peu de répits au gouvernement ; le temps pour lui de régler certains problèmes. Sinon, ce n’est pas bon ».
Sylvain NOUWAGBETO, Enseignant
« Je désapprouve la stratégie du gouvernement. Ce que nous réclamons est simple ; qu’il n’y ait pas de discrimination dans le traitement des fonctionnaires de ce pays. On prend un acte par lequel on reconnait un droit à tous les travailleurs de la république. Quelques mois plus tard, on dit non. Les enseignants ne sont pas concernés par l’acte. Après on dit non, c’est vrai que les enseignants sont concernés mais on ne peut plus rien donner maintenant, la masse salariale est élevée. On ne gère pas un Etat comme ça. Qu’on retire donc aux autres travailleurs ce droit. C’est simple ; comme ça, tout le monde sera au même pied d’égalité. C’est comme ça. Est-ce que vous voyez ? Mais c’est ça. »