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 Le Bénin vu par un jeune 

A Propos De Moi !

  • Christophe D. AGBODJI
  • Journaliste, Ecrivain
Auteur de "La chute du mur de Karakachie"
;  "Le changement, l'autre nom de l'impossible"; En préparation: "Je n'étais pas au pays à l'heure du changement"
  • Journaliste, Ecrivain Auteur de "La chute du mur de Karakachie" ; "Le changement, l'autre nom de l'impossible"; En préparation: "Je n'étais pas au pays à l'heure du changement"

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23 octobre 2012 2 23 /10 /octobre /2012 15:02

pr_padonou_jijoho.jpg Porto-Novo ce 22 Octobre 2012 

       Monsieur le Professeur, la lecture approfondie de votre dernier ouvrage intitulé : « Mémoire collective du pays yoruba et de la nation yoruba.» nous incite à réclamer des clarifications sur le chapitre consacré à la fondation du royaume de Ajashé-ilé (Porto-Novo en République du Bénin)

1** Vous écrivez à la page 91 : « Selon des sources concordantes (gardiens des anciens lieux de cultes yoruba et aja), un groupe de guerriers yoruba partis de OYÔ se lance à la recherche de terres, lieux de refuge où il est possible de vivre en paix. Après avoir séjourné au pays des Awori, le groupe dirigé par le prince ANATA, fils de OBAGANDJU : descendant du roi ONIKOYI, accompagné de deux frères AKAKPO et ÔGBON échoue sur les bords de la lagune de Porto-Novo, un obstacle naturel infranchissable.»

Manifestement vous semblez d’emblée donner crédit à vos sources concordantes que sont les gardiens des sites des divinités yoruba et aja. Or vous ne pouvez pas ignorer qu’il existe à Porto-Novo des personnalités identitaires de ces cultes et surtout de la Divinité ABI-MESSAN. De plus, nous vous indiquons :

 * que les dépositaires de la Divinité ABI-MESSAN sont des Yoruba AWORI

* que le nom de ANATA AGBODJIGUI est le nom du père de famille des trois frères chasseurs que sont OBAGANJU, AKAKPO et ÖGBON

* que les ONIKOYI sont les guerriers de ALAFIN d’ÔYÔ : donc non habilités à un trône royal. Les vrais princes Yoruba venus de OYO et installés à Porto-Novo appartiennent aux familles AGBANGNI, ADEDIRAN, TANI MONMAN, AKIN OLA, OMICHESSAN (il faut les interroger)

2** Au second paragraphe de la page 92 vous écrivez «  . .. Le fondateur est précisément le prince ANATA OBAGANJU, originaire de IKOYI » et très habilement six lignes plus bas le prince fondateur de la localité Ajashè devient le prince ANATA ONIKOYI OBAGANJU puis couronné il prend le nom de ONIKOYI OBAGANJU ANATA ABESSAN.

Ainsi par une acrobatie intellectuelle hors du commun, vous tentez de lier l’origine supposée IKOYI de ce prince au mot ONIKOYI alors qu’à la page 252 de votre livre on lit «  ONIKOYI est l’être que OLODUMARE a prédestiné à la guerre »

De quelle source tenez-vous que ANATA OBAGANJU est prince et originaire de IKOYI. ? Les travaux récents sur « Traditional Kingdom in yoruba area » à cette époque ne mentionnent nullement le moindre royaume à IKOYI. En effet les publications de :

-          AJOM Jacob (January 2,2012)

            OBAS of Lagos Launches Olympic Courtdow Clock

-          DOSUNMU G.K. (June 11,2004)

            OBAS of Lagos in Kingdom of Nigeria. Retrieved January 21, 2012.

 

Montrent clairement que la notion de royauté n’est apparue à Lagos qu’à partir de 1600 avec OBA  ASHIPA qui a régné de 1600 à 1630.

Souffrez que l’on vous indique que IKOYI est un quartier insulaire de la ville de Lagos qui à cette époque était à peine habité et relevait de l’autorité de Lagos. Aujourd’hui IKOYI est un quartier huppé de Lagos où un semblant de chefferie (abusivement appelée OBA) s’efforce d’exister.

3** On lit dans les pages 92-93 et 95 ceci :

     Page 92 :« … le prince ANATA ONIKOYI OBAGANJU se fait couronner Roi à ÔKÔRÔ  et prend le titre de ONIKOYI OBAGANJU, ANATA ABESSAN … : c’était vers 1485 »

Monsieur le Professeur, d’où tenez –vous cette assertion ? Quelles sont vos sources traditionnelles d’information ?

En tout cas, aucun membre de notre Collectivité ANATA AGBOJIGUI avec leur embranchement domicilié à Djassin – en fonction des dires de leurs pères et grand-pères – ne reconnaît notre appartenance à une quelconque couronne royale.

Page 93 on lit : « Sous le roi ONIKOYI ABESSAN 1er, un important poste est mis en place à mi-chemin entre le palais de ÖKORÖ à l’est et à l’autre bout du royaume à l’ouest. Le roi nomme à ce poste un de ses compagnons de route appelé AKAKPO.

Il est chargé de régler les problèmes fonciers et de la perception des droits. Pour cela, on l’appelle OGA ÖNILÊ……….; c’est le chef de terre ».

Page 95 : on lit « C’est dans le cadre de ces provocations répétées que Tè-Agbanlin harcèle AKAKPO ÔGA ONILÊ (le chef de terres) de demandes incessantes de terres. Ôga Onilê n’acquiesçant pas à toutes ces nouvelles requêtes, il fait capturer AKAKPO en 1688. Ce dernier est enterré vivant et debout, un panier de fruits posé sur la tête ; puis un palmier à huile est planté sur sa tombe. »

A croire vos écrits, le roi ONIKOYI ABESSAN 1er couronné vers 1485 a nommé son compagnon AKAKPO comme chef de terres. C’est ce même AKAKPO qui sera enterré vivant par Tê-Agnanlin en 1688. Ici la cohérence de l’universitaire dérape et pose problème car la longévité de AKAKPO laisse rêveur (193 ans de vie). Que nos aïeux ont vécu longtemps !   

Il nous faut vous rappeler que le descendant de ANATA OBAGANJU qui a reçu Tê-Agbanlin à Atingbanssa (à l’ombre des trente arbres) s’appelle ATAWÊ. Ceci a été mentionné dans votre 1er livre : pourquoi vous l’occultez alors. ? Est-ce une volonté de tordre le cou à la vérité ou un oubli par sénescence ?

Mieux, je vous apprends que lors des conflits domaniaux qui ont opposé les Alladanous deTê-Agbanlin et les yoruba AWORI de ATAWÊ, une bonne partie de nos parents a fui ÖKORO pour créer le village de ILUKPETÜ devenu ANAGODOMÊ sur le territoire de la commune d’Adjarra de nos jours. Il est de notoriété publique chez les ressortissants d’Adjarra que c’est le yoruba (nago) KPETÜ : éleveur de moutons qui a établi son point de vente des produits de son élevage avec le 1ER tolégba créant ainsi le marché KPETÜ (de nos jours marché d’Adjarra). Nos parents de ILÛKPETÛ reconnaissent ATAWE comme aïeul et entonnent à loisir cette chanson dans le yoruba originel :

         «  ABO GUN LO DE, ILÜ ÖKORÖ NI LE

             ABO GUN LO DE, ILÜ ÖKORÖ NILE WA Ö ».

 Aussi devons-nous demander pourquoi le mot ONIKOYI est apparu dans la dénomination des rois fictifs que vous avez créés ? Car nos parents – que vous citez plus loin dans cet ouvrage – ne nous ont jamais parlé de ONIKOYI et ce mot n’apparait nulle part dans nos panégyriques (ORIKI).

3** Aux pages 96 et 97 : On lit «  Au palais royal d’Abéssan s’installe alors une longue période de régence entrecoupée de vacance du trône ; celle-ci débute en 1755 et prend fin en 1992. Voici la chronologie des régents du trône d’ANATA ONIKOYI Abéssan, fondateur du royaume yoruba de Ajashé-ilè, Porto-Novo

-          ONIKOYI Igbaro : prince héritier est né en 1665 de Alaté ONIKOYI Abéssan IV

-          De 1688 à 1755, le trône reste vacant ; en effet le prince héritier AGBARO n’a que 23 ans à la mort de son père, il est trop jeune pour affronter les moments difficiles que traverse le royaume yoruba de Ajashè-ilé

De 1755 à 1811, IGBARO OLA devient régent. Il participe au règlement des conflits de succession au trône de Hôgbonu

De 1811 à 1839, le prince IDOHU succède à son père. Cependant, il laisse le trône vacant parce que très occupé par ses affaires personnelles ; en effet il voyage beaucoup entre Ajashè-ilé et Lagos.

De 1840 à 1890, le prince régent se consacre mieux aux activités de la régence, il devient l’ami des rois SODJI et TOFFA. Ces deux monarques de la dynastie royale de Tê-Agbanlin le consultent souvent et lui reconnaissent son rang ; ils l’appellent TONON (propriétaire du pays)

            De 1890 à 1907 :   Régence de ONIKOYI ÔLATÜNJI

 De 1909 à 1926 : Régence de ONIKOYI OLALEYE AJAO SANI

            De 1927 à 1938 : Régence de ONIKOYI ÔLATÜNJI OSHUPA

            De 1939 à 1970 : Vacance du trône

             De 1970 à 1987 : Régence de ONIKOYI SANI SADIKU

             De 1987 à 1992 : Vacance du trône 

Pendant toute la période de régence, les responsables de plusieurs collectivités familiales, membres de la cour royale de Abéssan participent à la gestion des affaires courantes. Ce sont les HOUENOU, PADONOU, KIKI, ADOME, HOUNKPATIN, OKÊ, KOSSOU, SALAMI, CHEWAKONOU, OJOU-ÖLABI.»

         Professeur Machoudi Alabi Dissou, notre Chef des Collectivités ANATA –Baalè BÖCHERE- à ÖKORÖ et des membres des trois concessions familiales regroupés le Dimanche 14 Octobre dernier n’ont pu retenir leur émoi à la lecture de ces énormités.

Emoi dis-je car trop d’Anti-vérités sont écrites dans ces lignes

Emoi parce que les historiens sérieux vont y perdre leur esprit

Emoi car de grandes faussetés pourraient être enseignées dans nos écoles.

Nous nous contenterons de poser quelques questions?

·         D’où tenez- vous ces informations ?

·          Où ont vécu vos régents au trône d’Abèssan entre 1665 et 1992

·         Avez-vous rencontré les PADONOU, ADOME, KOSSOUHOUNKPATIN ou leurs descendants avant de rédiger des faussetés qui les interpellent?

Nous voulons nous apprendre que ceux dont les noms vont suivre sont nos parents dignitaires des collectivités ANATA et dépositaires de la Divinité ABESSAN à ÖKORÖ et qui ont vécu de 1875 à 1997. Il s’agit de :

**PADONOU Koudénoukpo : chef de famille décédé en 1922

** PADONOU Goubiyi : Chef de famille décédé en 1941

** PADONOU Akadiri décédé en Mai 1945

** PADONU H. Emmanuel : Chef de famille décédé le 18 Juin 1945 à 85 ans

** PADONOU Salami : Chef de famille décédé le O8 Janvier 1990 à 89 ans

** PADONOU Hounsi décédée en 1984

** PADONOU Victor décédé en 1963

** PADONOU Jacob décédé le 2 Novembre en 1970

** PADONOU Pantaléon décédé le 12 Novembre 1994 à 90 ans

** PADONOU Mouftaou décédé le 26Février 2000 à 86 ans

** ADOMÊ Tchéwakounnou décédé le 23 Août 1985 à 90 ans

** ADOMÊ Guidimadjègbè décédé en 1994 à 66 ans

** KOSSOU Pascal décédé en Octobre 1981 à 56 ans

** KOSSOU Gaspard décédé en 1967 à 65 ans

** KOSSOU Emile décédé en Décembre 2008 à 75 ans

 

Monsieur le Professeur, il nous paraît étonnant que vous n’ayez pas rencontré quelques uns de ces dignitaires de la Collectivité ANATA. Vous vous contentez de les citer. Leurs enfants et petits-enfants que nous sommes n’avons jamais entendu parler de cette couronne royale que vous persistez à vouloir plaquer sur notre collectivité ANATA de ÔKORÔ à Porto-Novo.

Mieux, de sources concordantes quasi-irréfutables à Porto-Novo le Sieur Abdou Yèkini Adjassa SANNI- que vous baptisez prince et tentez d’imposer aux Yoruba de cette ville comme roi est répertorié dans la famille OCHOUNGADE domiciliée à Gbèzounkpa. Son géniteur masculin s’appellerait Mobolaji et a été ancien employé dans une boutique des Libano-syriens au quartier Akpassa. La famille Ochoungade est adepte de Egun-gun Ologbodjo. Le jeune Yèkini Adjassa SANNI a vécu en partie dans les quartiers Avassa et Akpassa et n’a jamais mis pied à ÔKORÔ comme membre de la Collectivité ANATA.

Monsieur le Professeur – avec tout le respect que l’on vous doit- il faut admettre que vos deux livres comportent des inexactitudes graves pour ce qui est des Yoruba installés à Porto-Novo.

Vous n’êtes pas un spécialiste d’histoire a écrit le Professeur d’Histoire Anthony Ijaola ASIWALU de l’université de Lagos au Nigéria, aussi je vous convie à un débat contradictoire et public devant des historiens afin de clarifier ce que La Collectivité ANATA –dépositaire de la Divinité Abèssan – à Porto-Novo considère comme des écrits à la fois diffamatoires et provocateurs.

                                Respectueusement

                              

                    Professeur  PADONOU   JIJOHO

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