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 Le Bénin vu par un jeune 

A Propos De Moi !

  • Christophe D. AGBODJI
  • Journaliste, Ecrivain
Auteur de "La chute du mur de Karakachie"
;  "Le changement, l'autre nom de l'impossible"; En préparation: "Je n'étais pas au pays à l'heure du changement"
  • Journaliste, Ecrivain Auteur de "La chute du mur de Karakachie" ; "Le changement, l'autre nom de l'impossible"; En préparation: "Je n'étais pas au pays à l'heure du changement"

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30 septembre 2011 5 30 /09 /septembre /2011 05:31

Imrane.jpgCela fait près de cinq ans maintenant que l’artiste Imrane n’est plus véritablement monté sur scène.  La voix de la star de la musique béninoise s’éteint peu à peu. Imrane est réduit à la mendicité sans que l’on ne soit en mesure de situer le mal dont il souffre. La seule certitude est que Imrane ne bénéficie pas de la  célérité due à son rang. SOS, Imrane se meurt…  

L’après prologue

Glorieux. Juste épithète pour rendre compte du talent de l’auteur de Bouyo. Abandonné. Juste mot pour décrire sa situation actuelle. L’artiste dont le mérite a survolé les frontières nationales, en France, est pitoyablement méconnaissable. Les rues crevassées et les pavés mal posés de la ville de Parakou rognent ses chaussures chaque jour de kilomètres de marche qu’il effectue, à la quête d’éventuel bon samaritain. La marche et le taxi moto à crédit ont fini par remplacer les scènes desquelles Imrane enflammait le cœur de ses fans de quelques airs langoureux que l’on lui connait. 

Mais de quoi souffre Imrane ?

L’opinion commune estime que celui qui est incontestablement l’un des artistes phares du Bénin, originaire du septentrion, souffrirait d’une maladie mentale. Fataï Sanni est un fan d’Imrane. Selon lui, « Imrane est devenu fou ». Comme lui, la plupart des mélomanes n’hésitent pas à situer la cause de ce mal dans la « consommation de stupéfiants utilisés généralement par les artistes pour trouver  leur marque ».

Pour la famille de l’artiste, cette situation est à la fois affligeante et confuse. Rachidi Aboudou, l’un des frères d’Imrane, confesse sa difficulté à cerner concrètement les maux dont souffre son jeune frère. « Nous sommes en Afrique », « ce n’est pas tous ceux qui s’enchantent de vous voir briller qui vous aiment », « quand déjà très jeune, vous brillez,, il faut se protéger et Imrane n’a pas tenu compte de ces réalités de la société africaine », confie-t-il, totalement ému. 

imrane-2.jpg

 Imrane, seul au monde ?

Au niveau du Bureau Béninois du Droit d’Auteur, les « droits de Imrane lui sont régulièrement versés » et même au-delà. Il aurait même déjà perçu une avance sur le montant qui lui est dû au titre du mois d’octobre. Cela contraste pourtant avec la condition actuelle de l’artiste qui ne doit sa survie qu’à tendre la main  au premier venant. Le Président de l’Association des Artistes Musiciens de Parakou, Bourousman martèle que son collègue n’est pas abandonné. La preuve, il affirme avoir cédé sa place à Imrane pour le concert organisé à l’occasion des festivités entrant dans le cadre du 1er août 2010 à Porto-Novo, afin que celui-ci puisse gagner un peu d’argent. « Mais, il devient méconnaissable dès qu’il a un peu de sous », déplore le Président de l’Association des Artistes Musiciens de Parakou. Même réaction de la part de sa famille. Rachidi Aboudou, le frère de Imrane nous ouvre même les portes de la chambre de l’artiste. Une chambre normalement meublée. 

L’actuelle situation de Imrane a commencé, Rachidi Aboudou s’en souvient encore, entre 2000 et 2001. Très tôt, les parents ont commencé à prendre des dispositions afin de sauver « la star  de la famille ». Peine perdue puisque « gâter est facile, mais réparer est souvent difficile ». Cette allégation, jetée tristement entre deux soupirs, par le grand frère de l’artiste est de nature à imaginer toutes les peines que se sont données les parents d’Imrane pour le guérir. « C’est d’abord au Chd qu’il a reçu des traitements », a témoigné Rachidi Aboudou. « Et comme ça n’allait pas, on a essayé avec le traitement traditionnel ». Pourtant, toutes ces mesures n’ont pas abouti à sa guérison.

C’est également, des révélations pareilles que fera Bourousman, le Président de l’Association des Artistes Musiciens de Parakou. « Toute l’Association le soutient et même individuellement, nous lui venons en aide ». Par ces propos, Bourousman entend mettre l’accent sur l’aide que les collègues d’Imrane lui apportent. « Dès le début de la maladie, nous  avons mené des démarches envers les parents. C’est dans la foulée qu’il a été hospitalisé au Chd. Comme ça n’allait pas et qu’il se promenait dans la ville, nous avons conseillé à ses parents de l’envoyer d’abord au village ». Cette mesure n’est pas destinée à guérir l’artiste mais seulement à ne pas avilir l’image que l’on avait de lui. « Depuis son retour, nous avons pris contact avec la directrice du fonds d’aide à la culture et nous menons des démarches afin de l’interner à Jaquot », a confié le Président.

Au Centre Hospitalier Départemental et Universitaire de Parakou, c’est Madame Vidjingni qui nous reçoit. Elle adore la musique d’Imrane mais ne le connait qu’à l’écran. Elle devient attristée quand nous lui expliquons l’objet de notre démarche. Faute de connaitre avec précision la date de l’hospitalisation d’Imrane, il serait difficile de retrouver des documents relatifs à son traitement. « Demain, le professeur Gandaho sera à la consultation, emmenez-le » a-t-elle suggéré. L’infirmière a expliqué que « plusieurs fois, les gens se réfèrent au traitement traditionnel mais finissent par revenir à l’hôpital » avant de nous poser des questions sur l’état actuel du malade. « Au regard de tout ce que vous m’avez dit, il peut encore être guéri », a-t-elle conclu avant de nous rappeler que l’on n’a plus besoin d’aller à Jaquot, puisque le professeur Djidonou qui fait la renommée de ce centre psychiatrique est actuellement  fréquent au Chd Borgou-Alibori.

Toutes nos tentatives pour joindre Mme SOUMANOU Solange, Directrice Générale du Fonds d’Aide à la Culture sont restées vaines. Le sujet semble ne pas l’intéresser. Jointe au téléphone à maintes reprises par notre rédaction, elle n’a pu nous dire si son fonds dont l’artiste a demandé personnellement l’assistance se souvient encore de lui. Des séances de travail sans arrêt toute la journée du dimanche 25 septembre 2011 et celles qui se sont déroulées toute la journée et la nuit de ce lundi 26 septembre n’ont pas permis à la directrice de nous dire un mot sur la question. La réalité est que la DFAC ne se préoccupe pas d’Imrane. L’on se rappelle que le Fonds n’était venu en aide très récemment à feu Saka Alpha, un artiste de Parakou, qu’après l’indignation répétée des populations de Parakou sur la radio ARZEKE FM de Parakou. Pourquoi, la situation d’Imrane n’attire t-elle pas pitié, alors que des indiscrétions nous révèle que Imrane et la DFAC serait familialement liés ? Il importe que tous les mélomanes béninois organisent une « campagne SOS, sauvons Imrane ». 

Imrane, la fin d’une histoire ?

Pour l’heure, aucune action concrète n’est menée pour améliorer la condition du chanteur. Les premières démarches entreprises pour sauver la vedette ont échoué et Imrane semble maintenant livré à lui-même. Un regard rétrospectif sur la vie des stars béninoises nous renseigne comment ceux-là, dont le talent vend le nom du Bénin sont laissés pour compte. Stan Tohon vit encore mais ne le serait certainement plus s’il n’avait bénéficié d’un soutien au plus haut niveau au moment opportun. Gnonas Pédro s’en est allé, dans les conditions que nous savons. Robinson Sipa, le créateur du Soyoyo mène une existence presque comparable à celle d’Imrane. En sport, un univers peut être parallèle, c’est la même situation. La vie et la mort de Sowéto nous en disent long. Nous tuons nos valeurs culturelles mais trouvons toujours les moyens pour sauver nos politiques.  Imrane aurait été un pion stratégique, un draineur de voix qu’une concurrence rude s’instaurerait autour de lui. Hélas, il ne sait que chanter. Pauvre Imrane, en attendant une décoration à titre posthume.

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commentaires

J
Incroyable! J'hallucine! Comment puis-je contacter sa famille s'il vous plait?
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