Les relations entre le Bénin et la république populaire de la Chine sont très juteuses. Aussi, le bénin en profite autant qu’il est possible. C’est dans ce cadre que l’ambassade de la Chine a offert au bénin un hôpital moderne d’un coût global de six milliards et dont la remise des clés prévues pour le mois de juin 2010 n’aura finalement lieu que jeudi dernier dans une atmosphère peu diplomatique. Et pour cause, le gouvernement béninois n’a pas honoré sa part d’obligations qui, pourtant ne se résume qu’à la dotation du site en électricité et en eau.
Dès l’entrée de la ville de Parakou, à Okédama se pointe depuis quelques mois un imposant immeuble construit à la chinoise. Ce joyau a été élevé à coups de durs labeurs par des ingénieurs et des ouvriers chinois qui ont travaillé de jours comme de nuits avec la traditionnelle rigueur que nous leur connaissons. En effet, cet hôpital que l’on s’efforce déjà d’appeler ici dans la cité des Kobourous ‘’l’hôpital chinois‘’ n’est pas en réalité destinée à la ville phare du septentrion. Mais, le chef de l’état en son temps, avait fait ou - ce l’est toujours - de la 3e ville du septentrion son fief. C’est pourquoi, il s’envolait régulièrement se reposer à Parakou pour humer l’air sahélien loin des problèmes de la marina et des tumultes de la présidence. L’ambassadeur de la Chine, après les négoces de la diplomatie béninoise a opté pour le septentrion plutôt que Cotonou initialement prévue. Les frais de construction de cet immeuble qui, sans nul doute est la plus belle architecture du bénin septentrional s’élève à 6 milliards de nos francs entièrement financés par la république populaire de la Chine. Le président Boni Yayi, lors de l’inauguration du nouveau bâtiment abritant la cour d’appel de Parakou avait fait un saut sur le site afin de se rendre compte de l’avancée des travaux. Le chef de l’état a donc pu se rendre compte de ces avancées et a pu confier à la presse avoir « donné des instructions fermes afin que l’énergie électrique » qui n’y faisait que défaut soit chose faite. Cependant, les instructions du chef de l’état ont dû tomber dans des oreilles de sourds ou n’ont pas été suivies d’actions de la part du gouvernement béninois. C’est ce qui explique le scandale qui s’est produit ce jeudi dans la ville natale du président Hubert Maga. Ce jour que l’on qualifie dorénavant de jeudi noir, GENG Wenbing est arrivé à Parakou avec une délégation d’ingénieurs venus contrôler la bonne marche des machines. Mais c’est sans compter sur la négligence des gouvernants béninois qui n’ont pas pu doter à temps le site de l’énergie électrique. D’ailleurs, le débit de l’eau qui sort des robinets a été jugé faible par l’ambassadeur chinois qui n’a pas caché sa désolation de constater cette manque de rigueur de la part du gouvernement béninois. Il est donc retourné à Cotonou en emportant avec lui les ingénieurs venus spécialement de la Chine pour ces travaux et qui, à ses dires devront retourner au pays sans faire le boulot. A Parakou, c’est la consternation totale dans le rang des autorités présentes. Dorothée Yèvidé, directrice de cabinet du ministère de la santé a reconnu la responsabilité du bénin dans « cet incident regrettable ». Comme lui, le préfet Dénis Ali Yérima a confessé sa honte de voir une telle chose arriver. Selon les explications données par ces autorités, le chef de l’état aurait réellement donné des instructions ; mais les problèmes de trésorerie ont dû se mêler à la danse à telle enseigne que la Sbee a dû se foutre des injonctions du chef. Le maire de la ville, Soulé Allagbé venu en retard, se dit scandalisé bien que le projet ne soit pas conduit par la mairie mais directement par le gouvernement. Par devers cette reconnaissance de la lourdeur de l’administration béninoise et ce signal que le vrai changement n’est pas pour bientôt, les populations de cette ville indexent directement le ministre Sacca Lafia et son collègue Issifou Takpara. Selon ces indiscrétions, le ministre de l’énergie n’a ménagé aucun effort pour ridiculiser le chef de l’état et avec lui tout le peuple béninois par cet incident. Pour justifier leurs propos, ils citent la viabilisation d’Ajarra en énergie électrique alors que le projet remonte à quelques mois seulement. Pourtant le projet de densification de la ville de Parakou n’avance guère. Ils ne comprennent donc pas comment il a pu laisser une telle situation se produire alors que la date de réception des clés était connue depuis plusieurs semaines par les autorités béninoises. Ce même jugement est fait au ministre Issifou Takpara qui n’a pas d’ailleurs encore réussi à se faire pardonner par ces populations pour avoir fait don à leur hôpital de médicaments périmés il y a quelques mois. Cependant, ce n’est pas la première fois que le Bénin joue ce tour à la chine. Devoir de mémoire, les chinois auraient vécu la même situation lors d’une cérémonie similaire au palais des congrès sous le président Kérékou. Le bénin montre de plus en plus une mauvaise face au monde. Les nationaux en sont peut être déjà habitués et ne savent plus discerner les bons actes des mauvais pas. Mais, d’autres gens sont là, qui ont une culture plus assidue que la notre et qui nous observent, nous voient faire. Un proverbe béninois ne dit t-il pas que l’on ne peut pas faire plus que d’offrir une femme et une natte à un homme ? Voilà que nous agaçons les autres par notre comportement. La diplomatie béninoise fera certainement des pieds et des mains pour apaiser GENG Wenbing. Au pire des cas, le Bénin aura encore une dernière touche : envoyer, pourquoi pas, Eric Thom’son ou Don Métok chanter dans les rues de pékin. Si ce n’est que le prix à payer pour avoir à nouveau la confiance de la Chine, alors le Bénin le paiera.