Il devient de plus en plus difficile de se faire aujourd’hui un nom dans le monde des affaires. Dans ce monde fait de crises économiques, de dévaluations et de dépréciations de la monnaie, seulement une poignée de personnes arrive à se hisser au sommet de la pyramide entrepreneuriale. Cependant, c’est ce qu’a réalisé Sidonie ASSSEH, la directrice du Restaurant-Bar le « MONO » de Parakou. Pour percer les secrets de cette dame de fer qui aura réussi à monter toute une entreprise à partir de 7.000 F seulement, le journal Le Quotidien a initié une excursion dans les entrailles de ce restaurant qui s’est déjà fait un nom dans la cité des Kobourou. Lisez donc !
Le Quotidien : Bonjour madame
La directrice : Bonjour monsieur le journaliste.
Le Quotidien : Vous voudrez bien vous présenter à nos lecteurs.
La directrice : Je suis madame Sidonie ASSSEH, directrice du restaurant-Bar le « MONO » de Parakou.
Le Quotidien : Pourquoi avoir choisi le « MONO » comme dénomination pour votre établissement ?
La directrice : Merci. J’ai choisis le MONO comme nom de mon maquis à cause de deux raisons. Primo, c’est pour faire connaitre les mets de cette région du Bénin à la population de Parakou. Secundo, c’est parce que je suis aussi native du Mono.
Le Quotidien : Quelles étaient vos ambitions en choisissant de faire de la restauration ?
La directrice : Mon ambition était d’abord dans un premier temps d’aider les jeunes filles de Parakou à se cultiver dans le domaine de la restauration ; dans un deuxième temps, je voulais les aider à avoir le goût du travail pour leur permettre à leur tour d’avoir des ambitions comme moi, c'est-à-dire les amener à se fixer des objectifs dans leurs vies. Enfin, je voulais également permettre à la population de Parakou de manger des mets biens soignés.
Le Quotidien : Comment êtes-vous parvenue à monter un restaurant de cette taille ?
La directrice : (Rire) Vous savez ? Pousse-le pour qu’il aille boire, c’est qu’il n’a pas soif. Il faut d’abord éprouver le désir de boire avant de le faire au lieu qu’une tierce personne vienne vous demander d’aller boire. Moi, j’ai ce désir de faire de la restauration. J’ai compris qu’avec la restauration, je vais plus m’épanouir, plus me faire connaitre par la population de Parakou. Aussi, j’ai la volonté de le faire éprouvant alors le désir de boire.
Le Quotidien : Malgré votre volonté de faire de la restauration, cela n’a certainement pas été très facile.
La directrice : Humm ! Le début de toute chose est difficile. Et pour réussir, il faut toujours avoir le courage. Ceux qui m’ont connu à l’époque savent que j’ai été très endurante non seulement par ma régularité au travail mais aussi par mon engagement à travailler sans le laisser aux enfants. A l’endroit des filles qui ont eu à travailler avec moi, j’ai toujours fait savoir qu’elles sont en tain de suivre en même temps une formation préparatoire non seulement non seulement en ce qui concerne leur désir d’entreprendre une activité comme la restauration mais aussi à leur entrée au foyer. Le début de mon entreprise n’a pas été du tout facile car je n’avais pas de moyens pour le faire.
Le Quotidien : Comment avez-vous fait alors ?
La directrice : Etant fraichement venue à Parakou, j’ai contacté ma grande sœur à qui j’ai confessé mon projet. Elle m’avait demandé sur le champ si je pouvais être assez courageuse pour supporter les tracasseries que demande une telle entreprise. Je lui ai dit oui et qu’avec l’éducation que nous avons reçue dans notre famille, je m’en sortirai. C’est alors qu’elle m’a financé à hauteur de sept milles (7000) francs Cfa. Ce qui m’a permis de commencer avec du riz blanc au marché Arzèkè. De là, j’ai économisé pour agrandir mon lieu de vente mais cette fois –ci dans la Von du trésor. Après ça, je suis allé au MONO 1. Aujourd’hui, c’est le restaurant-Bar le « MONO ». Ce sont ces sept milles (7000) Cfa que j‘ai fructifié pour en être là où je suis actuellement. Pour le faire, j’ai du avoir confiance en moi-même, gagner la confiance des clients par la qualité et le soin des mets que nous servons puis l’accueil chaleureux aussi. Il faut signaler que je suis très rigoureuse au le travail et dans la gestion. Certainement que nombreuses personnes se demandent aujourd’hui pourquoi on parle si tant de moi. La raison est toute simple. Je suis amie de Socrate qui dit « connais-toi, toi-même ». J’ai d’abord cherché à me connaitre, ce qui fait de moi ce je suis aujourd’hui. Alors, peu importe tout ce que les gens racontent de mauvais sur ma personne. Je ne vais pas les en empêcher car leurs critiques me permettent de prendre conscience et de me ressaisir. C’est parce que ces gens là veulent mon changement qu’ils le font. Moi je prends sportivement ces critiques en cherchant à vérifier leur véracité puis je prends acte de ça. Dans le cas où ces critiques ne sont pas vérifiées, je les oublie automatiquement. Je suis par exemple bien consciente que Parakou est une ville fortement islamisée et que le Saint Coran recommande de prononcer une parole Sainte « bisimilaï » avant de tuer une bête. Ainsi, pour ne pas priver les musulmans de nos prestations, j’ai tout fait pour engager un musulman qui est spécifiquement chargé de tuer les bêtes. Il faut signaler que ce musulman était un mendiant estropié à qui j’ai dit « mais avec ce seul pied que tu as et que je te vois prier avec les autres, est-que tu ne peux pas tout au moins tenir pour, ne ce reste que tuer les bêtes? ». Il m’a dit oui. Je lui ai demandé de venir afin que nous nous entendions sur la rémunération. Figurez-vous qu’il est totalement sorti du monde des mendiants et subvient correctement à ses besoins. Je me suis dit qu’il fallait le faire pour cesser de solliciter chaque fois les gens de la mosquée voisine qui, entre-temps le faisaient. Toutes les filles qui n’observent pas la rigueur dans le travail finissent par comprendre qu’elles ne peuvent pas fonctionner avec moi. Voilà comment je me suis organisée pour réussir.
Le Quotidien : Quelles sont les différents mets que vous servez ?
La directrice : Tous les matins, nous servons pour le petit déjeuné le riz accompagné du haricot appelé cassoulet, du poisson, différentes sortes de viandes, des fromages etc. A 10h déjà, nous servons des pates et du couscous aux poissons braisés, aux crevettes, viandes, les frites ou fromages au choix. Le fameux aloco n’est pas du reste.
La directrice : Nous avons une salle VIP très biens aménagée que nous mettons à la disposition de tous ceux qui désirent y célébrer les mariages, les baptêmes, les soutenances et autres manifestations. Et nous le faisons à un prix imbattable.
Le Quotidien : Quel appel avez-vous à lancer à l’endroit de la population de la ville de Parakou ?
La directrice : A l’ endroit de la population de Parakou, je dirai tout simplement de faire aisément le choix de leur lieu de restauration. C’est avec moi toute une équipe apprêtée pour leur assurer la bouffe quotidienne. J’invite aussi les femmes de la ville à prendre en main leur destin. Mon cas est l’exemple qui montre que l’on peut partir de rien pour se hisser très haut.
Réalisé par Christophe D. AGBODJI (Corr/BORGOU-ALIBORI)