Le Chef de l’Etat son Excellence le Dr Boni Yayi s’est acquitté de ses devoirs constitutionnels en adressant récemment à la Représentation Nationale son traditionnel discours sur l’Etat de la nation. Voici en intégralité la 2epartie du discours du président de la République.
...Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Honorables Députés,
Mesdames et Messieurs,
Pour permettre à nos communes de faire face à leurs engagements, et dans le respect des textes de la décentralisation, mon Gouvernement a poursuivi les actions pour améliorer la gouvernance locale. Dans ce cadre, le processus de transfert des ressources aux communes a été renforcé.
Pour le compte de l’année qui s’achève, une somme de près de vingt deux milliards cinq cent millions (22.500.000.000) de francs CFA a été transférée aux communes pour la mise en œuvre de leur plan de développement communal contre environ vingt milliards (20.000.000.000) en 2011, soit un accroissement de 13,01%.
A cela s’ajoute le Programme des Services Décentralisés Conduits par les Communautés (PSDCC) par lequel l’Etat mettra à la disposition de nos communes, avec l’appui de l’Association Internationale pour le Développement (IDA), vingt trois milliards (23.000.000.000) environ de francs CFA en vue de l’amélioration de l’accès des communautés les plus pauvres à la gestion des services sociaux et financiers de base.
Dans le cadre du développement équilibré et durable de l’espace national, et pour valoriser le potentiel économique régional et touristique du complexe fluvio-lacustre du lac Ahémé, mon Gouvernement a mis en place des espaces de développement partagé dont une illustration est le lancement, le 20 décembre 2012, de l’étude de faisabilité du Programme intercommunal de réhabilitation du lac Ahémé et ses chenaux et de mise en place d’une zone de développement économique (PIRA).
Pour renforcer la gestion participative dans nos communes, « l’initiative de Dogbo » doit devenir le mode d’organisation, de fonctionnement et de gestion des communes, pour qu’elles deviennent enfin le cadre institutionnel effectif d’exercice de la démocratie à la base. En attendant que cette initiative soit mise en œuvre sur les fonds FADEC, le Projet de Mise en œuvre des Micro projets à Impact Local (PMIL) va permettre d’expérimenter l’approche.
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Honorables Députés,
Distingués invités,
Toutes ces actions entreprises dans les secteurs suscités ne pouvaient prospérer sans un climat de paix et de sécurité.
Dans ce cadre, les actions de mon Gouvernement ont porté entre autres, sur le renforcement de la lutte contre la criminalité, le grand banditisme, le trafic de drogues et le renforcement des capacités opérationnelles des unités de défense et de sécurité.
S’agissant particulièrement de la lutte contre la criminalité, la cybercriminalité et le grand banditisme, les forces de défense et de sécurité ont été renforcées d’une part, par la création de brigade cynophile et fluviale et de la brigade d’intervention rapide, de l’office de lutte contre la cybercriminalité et d’autre part, par la réhabilitation, l’ouverture et l’équipement de nouveaux commissariats et gendarmeries.
En ce qui concerne la gestion des calamités naturelles, mon Gouvernement, dans un élan de solidarité nationale, a apporté à nos populations victimes des inondations de 2012, une assistance avec l’appui de la communauté internationale.
Pour renforcer la sécurité de nos côtes et lutter efficacement contre la piraterie maritime, l’exploitation illicite de nos eaux et les trafics de tous genres, mon Gouvernement a acquis trois nouveaux patrouilleurs au profit des forces navales béninoises et a procédé à la construction et à la mise en service de la base navale de Grand-Popo sur financement du budget national. Cette base est équipée d’un sémaphore édifié avec l’appui de la République française.
Enfin, l’Etat a engagé une lutte vigoureuse contre le trafic illicite des produits pétroliers frelatés notamment en raison des dangers évidents qu’ils présentent pour l’environnement, la santé, la sécurité, l’économie nationale, les finances publiques, l’emploi formel des jeunes et des femmes. C’est l’occasion de rappeler à l’attention de tous nos compatriotes que cette lutte est irréversible. Parallèlement, des mécanismes sont envisagés en vue de la réinsertion de nos compatriotes qui se livrent à cette activité.
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Honorables Députés,
Mesdames et Messieurs,
L’édification d’un Etat de droit n’est également envisageable que dans le contexte d’une gouvernance administrative véritablement orientée vers l’obligation des résultats et la reddition des comptes qui garantissent de bonnes conditions de travail aux agents publics.
Ainsi, au cours de cette année, mon Gouvernement a poursuivi ses efforts pour la reconstruction d’une administration publique moderne de développement, au service de l’intérêt général et de la promotion de l’entreprise.
A cet effet, un projet de loi relatif au nouveau Statut Général de la Fonction Publique a été élaboré et transmis à l’Assemblée Nationale et un projet de loi modifiant le code de pensions civiles et militaires est transmis à la Cour Suprême pour son avis motivé.
Par ailleurs des réformes relatives au système de rémunération dans la Fonction publique, à l’audit organisationnel du Ministère du Travail et de la Fonction Publique et à l’état des lieux de la Fonction publique sont en cours et aboutiront à terme à l’élaboration d’un document de stratégie globale de réforme de la Fonction publique qui contribuera à la maîtrise de la masse salariale.
Pour renforcer la qualité de la gouvernance administrative et permettre la reddition des comptes, il a été initié la généralisation progressive de l’évaluation des politiques publiques.
En vue d’offrir aux agents de l’Etat un cadre de travail décent et de réduire les coûts exorbitants des baux administratifs, mon Gouvernement a entrepris la construction à Cotonou de deux tours administratives avec l’appui de la République Populaire de Chine dont les travaux sont presque achevés. Il est envisagé la construction de deux autres nouvelles tours avec le soutien du même partenaire.
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Honorables Députés,
Mesdames et Messieurs,
Au cours de l’année 2012, mon Gouvernement a poursuivi ses actions sur le front des relations extérieures pour prospecter et nouer de nouvelles relations, consolider et diversifier celles qui existent, sans exclusive et dans un esprit d’amitié, de solidarité et de partenariat gagnant-gagnant. L’ouverture d’une ambassade en Turquie en est une belle illustration.
Cependant, l’événement majeur de l’année 2012 aura été l’élection du Bénin à la présidence de l’Union Africaine. L’exercice de ce mandat a contribué à une meilleure visibilité de notre pays sur la scène internationale et son implication dans la gestion de nombreuses crises sur notre continent.
Les questions sécuritaires ont été aussi au centre des préoccupations des Chefs d’Etat et de Gouvernement africains au cours de mon mandat. Mais incontestablement, c’est la double crise institutionnelle et sécuritaire malienne qui aura mobilisé les énergies des Chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union Africaine, en vue d’une solution durable à cette crise multidimensionnelle qui constitue un grand défi pour la sous région ouest africaine, pour le continent et le monde entier.
La volonté des Leaders du continent de participer de manière plus active à la gestion des affaires du monde s’est traduite par ma participation aux côtés d’autres Chefs d’Etat et de Gouvernement à de grandes réunions internationales, où j’ai porté le message de paix, de sécurité et d’espérance d’un continent qui œuvre inlassablement pour son développement harmonieux et sa participation à la gestion de la gouvernance mondiale.
Par ailleurs, le Bénin a été porté à la Présidence du Bureau de Coordination du Groupe des Pays les Moins Avancés (PMA) qui compte 49 pays d’Afrique, d’Asie, du Pacifique et des Caraïbes. Ce Groupe a la responsabilité de créer les conditions d’une gouvernance concertée des affaires de la planète en vue d’une paix et d’une prospérité durable dans le monde.
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Honorables Députés,
Mesdames et Messieurs,
Pour revenir à notre sous-région, je voudrais rappeler qu’après la longue période de léthargie qu’il a connue, le Conseil de l’Entente, la plus ancienne organisation régionale du continent, renaît sous l’impulsion des Chefs d’Etat et de Gouvernement des pays membres. Le Bénin qui en a assuré la présidence pendant plusieurs années vient de passer la main à la République sœur du Niger.
Au cours de notre dernier sommet, le 17 décembre 2012 à Niamey, nous avons convenu d’imprimer une nouvelle vision à notre organisation commune. Cette nouvelle vision s’articule autour de l’idée que le moment est venu de faire du Conseil de l’Entente un organe politique dont la mission sera de jouer la fonction de veille en vue de la prévention et de la gestion des conflits, de la préservation de la paix et de la stabilité dans la sous-région. Il deviendra ainsi un instrument de surveillance multilatérale reconnu et accepté de tous à l’instar du Mécanisme Africain d’Evaluation par les Pairs (MAEP) de l’Union Africaine.
Monsieur le Président,
Honorables Députés,
Mesdames et Messieurs,
Quels sont les défis ?
Ils sont d’ordre politique et économique et induisent l’accélération des réformes.
Concernant les réformes politiques et institutionnelles je voudrais d’abord rappeler à votre attention que votre auguste assemblée a déjà adopté la loi portant conditions de recours au référendum. Cette loi que j’ai promulguée a maintenu les fondamentaux retenus à la Conférence nationale à savoir :
l’état de droit ;
la démocratie libérale ;
la forme républicaine de l’Etat ;
le multipartisme intégral ;
la nature présidentielle du régime ;
la limitation du mandat du président de la République ;
la limitation de l’âge des candidats à l’élection du Président de la République ;
la laïcité de l’Etat.
Je veux ici, devant la Représentation Nationale et l’opinion internationale, renouveler mon engagement ferme à respecter ces principes fondamentaux. De ce point de vue, je considère que le débat est définitivement clos sur une quelconque tentative de remise en cause de ces fondamentaux.
Dès lors, les propositions de réformes politiques et institutionnelles initiées par mon gouvernement ne visent qu’un seul objectif : renforcer notre démocratie et asseoir dans notre pays un Etat de droit sur des bases saines et solides pour un développement économique plus soutenu.
Ces réformes politiques et institutionnelles seront poursuivies au cours de l’année 2013 et porteront sur :
la révision de la Constitution en vue d’introduire les modifications indispensables à la consolidation de la démocratie et de l’Etat de droit à travers notamment la création et la constitutionnalisation de la Cour des Comptes, l’imprescriptibilité des crimes économiques, la constitutionnalisation de la CENA pour améliorer la gouvernance électorale ;
le projet de loi portant découpage territorial en vue du rapprochement de l’Administration des administrés, de la déconcentration des services de l’Etat et surtout de la création des espaces de développement à la base ;
le projet de loi portant actualisation de la LEPI ; le projet de loi portant code électoral en cours d’examen à l’Assemblée Nationale en vue de créer les conditions de transparence, d’équité et de crédibilité à nos consultations électorales ;
du projet de loi portant Charte des partis politiques et du système partisan en cours d’actualisation pour mettre fin à l’émiettement des formations politiques et à la transhumance politique ; du projet de loi portant statut de l’opposition en vue de l’instauration d’un climat de dialogue politique dans le cadre d’une démocratie apaisée ;
du projet de loi portant parité dans les fonctions électives et nominatives en vue de la participation des femmes au débat politique et à la gestion des affaires de l’Etat.
Du haut de cette tribune, je voudrais lancer un appel solennel à la Représentation Nationale afin qu’elle daigne procéder à l’examen de ces projets de lois pour nous permettre de mettre en œuvre les réformes subséquentes indispensables au progrès de notre pays.
Mesdames et Messieurs,
L’année 2013 sera déterminante dans le cadre des consultations électorales avec les élections locales et municipales. Je voudrais saisir la présente occasion pour inviter tous les acteurs à s’impliquer davantage dans les différentes étapes de l’organisation de ces échéances électorales afin qu’elles se tiennent à bonne date. J’exhorte aussi le peuple béninois à aborder ces consultations avec sérénité et espérance comme à l’accoutumée. Notre système démocratique n’en sortira que plus grandi. Chaque institution, chaque citoyen, devra donc y veiller par son comportement, son civisme et son patriotisme.
Distingués invités,
Les défis sont aussi d’ordre économique.
Les réformes politiques que je viens de présenter vont de pair avec les réformes économiques pour favoriser une éclosion des initiatives individuelles et collectives destinées à accélérer un développement économique social durable.
Nous devons parvenir à une croissance inclusive et respectueuse de l’environnement. En effet, notre taux de croissance actuel ne nous permet pas encore de faire face efficacement à la lutte contre la pauvreté. Il nous faut parvenir à un taux de croissance volontariste. A cet effet, je propose à la Nation un taux de croissance inclusive de 6% en 2013 pour converger ainsi vers la moyenne régionale. Celle-ci nous permettra de lutter effacement contre la pauvreté monétaire et réelle qui se décline en termes d’insécurité alimentaire, de non accès à l’éducation, à l’eau potable, à l’énergie, aux soins de santé, au logement et au foncier et accélérer ainsi la réalisation des Objectifs du Millénaire.
Pour atteindre ces objectifs, nous devons au cours de l’année 2013, poursuivre et intensifier les réformes économiques. Celles-ci sont nécessaires à la concrétisation progressive du rêve commun qu’est Alafia Bénin 2025. C’est-à-dire une croissance en vue de la réalisation des Objectifs du Développement Durable (ODD) et respectueux de l’environnement. Les réformes envisagées mettront l’accent sur les choix qui contribueront à l’amélioration de la productivité globale et le développement des secteurs productifs.
Ces réformes économiques porteront en priorité sur la poursuite de l’assainissement de nos finances publiques avec comme finalité :
l’augmentation et la sécurisation des recettes des régies financières ; l’amélioration de la qualité de la dépense publique ; le renforcement des contrôles internes et externes de la gestion des deniers publics ; la mise en œuvre et le suivi de l’exécution du plan d’actions pour l’amélioration de la gestion des finances publiques.
Elles porteront ensuite sur la poursuite de l’amélioration de l’environnement des affaires et de la mise en œuvre des résolutions de la table ronde de dialogue secteur public/secteur privé pour la relance de l’économie au Bénin. Dans cette optique, le cadre de concertation prévu à cet effet sera bientôt installé et rendu opérationnel.
De même, des réformes structurelles en vue de faire de notre administration publique une administration moderne et de développement au service de l’entreprenariat seront poursuivies et renforcées.
En ce qui concerne la mise en œuvre effective de la subsidiarité et des réformes structurelles, il s’agira de poursuivre les actions déjà engagées dans le secteur portuaire et dans la filière coton, deux secteurs vitaux de l’économie nationale.
Au port de Cotonou, un accent particulier sera mis sur la poursuite des travaux confortatifs et l’aménagement de nouveaux terminaux à conteneurs.
En vue d’une amélioration de l’efficacité des opérations portuaires, mon Gouvernement veillera à la finalisation de l’interfaçage entre le guichet unique portuaire et le système intégré de gestion nécessaire à la mise en service de ce dernier. Aussi, pour désengorger le port de Cotonou, s’attèlera-t-il à la mise en œuvre des projets de construction de ports secs dans un partenariat secteur public/secteur privé.
Par ailleurs, les dispositions seront prises pour la mise en œuvre du Nouveau Programme de Vérification des Importations de Nouvelle Génération avec la Douane comme acteur principal.
L’aboutissement de tous ces efforts permettra de renforcer la compétitivité du port de Cotonou et de le repositionner dans la sous-région comme plateforme stratégique de transit afin de le conforter dans son rôle de « poumon de l’économie nationale ».
Le retour de l’Etat dans la filière coton, notamment au niveau des fonctions critiques tels que l’encadrement paysan, l’approvisionnement en facteurs de production a permis un meilleur suivi du déroulement de la campagne agricole et à assurer un résultat satisfaisant. L’expérience va se poursuivre en partenariat avec le secteur privé en vue d’assainir d’avantage la filière.
Le Gouvernement veillera également à la restructuration des sociétés et entreprises d’Etat afin de leur permettre de participer plus efficacement à la création de la richesse nationale. Dans ce cadre, les actions déjà engagées se poursuivront au niveau de l’industrie du Bois du Bénin (IBB SA), la Société des Ciments d’Onigbolo (SCO) et Bénin TELECOMS SA à travers la filialisation et la privatisation du réseau de téléphonie mobile de type GSM Libercom.
Monsieur le Président,
Honorables députés,
Mesdames et Messieurs,
La dynamisation des pôles de croissance constituera également une des actions phares de mon Gouvernement en 2013. L’objectif est d’assurer, en agissant sur certains secteurs clés, la compétitivité de notre économie pour réaliser une croissance forte et de qualité.
Au nombre de ces secteurs clés figure l’agriculture dont le développement est la pierre angulaire de l’accélération de la croissance économique durable de notre pays en ce sens qu’elle contribue pour près de 36% du PIB et fournit 88% des recettes d’exportation.
Ainsi, mon Gouvernement s’engage à faire du secteur agricole le levier de la relance de la croissance économique en accord avec la Déclaration de Maputo exigeant qu’au moins 10% du budget général de l’Etat soit alloué aux investissements dans ce secteur.
Une autre action consistera à la poursuite de la mise en œuvre du Plan stratégique de relance de ce secteur qui prévoit la création d’agences spécialisées et la diversification progressive des filières agricoles. Il s’agira surtout de trouver des solutions aux préoccupations récurrentes du secteur, à savoir :
l’accès au foncier, objet d’une proposition de loi dont le mérite vous revient ; l’accès à l’eau à travers des barrages à buts multiples ; la mécanisation agricole ; l’accès aux intrants ; la praticabilité des pistes rurales ; l’organisation de nos marchés locaux sans oublier les opportunités que nous offrent les marchés régionaux. S’agissant de la mécanisation agricole, la construction d’une usine de montage de machines agricoles à Ouidah démarrera dans un proche avenir, grâce à l’appui de la coopération indienne avec un financement de 15 millions de dollars US, soit environ 7 milliards 500 millions de francs CFA déjà mobilisés.
Mon gouvernement accorde aussi une attention particulière à la diversification des filières agricoles. L’objectif visé est de rendre notre pays moins vulnérable aux fluctuations des coûts mondiaux du coton et assurer la sécurité alimentaire. Pour y parvenir, il nous faudra axer la promotion des filières agricoles prioritairement sur les chaînes de valeur de production agricole pour lesquelles le Bénin a déjà capitalisé des expériences et possède des avantages comparatifs certains.
Mesdames et Messieurs,
Nous ne saurions négliger un secteur aussi névralgique pour l’économie nationale que celui de l’énergie. En effet, la prospérité quotidienne de l’appareil économique est tributaire de l’énergie sans laquelle aucune activité de production industrielle n’est possible. La disponibilité de l’énergie électrique est donc un défi important que nous devons relever pour assurer une meilleure qualité de vie aux Béninois et pour permettre le développement de l’économie.
Dans cette optique, pour juguler les déficits énergétiques avec ses conséquences de délestages répétés et renforcer la sécurité énergétique nationale, la centrale thermique de 80 mégawatts de Maria-Gléta, achevée en 2011 deviendra opérationnelle très prochainement. Mieux, mon gouvernement a décidé de transformer cette turbine à gaz en une centrale à cycle combiné qui permettra d’augmenter sa capacité à 110 mégawatts.
Mais nos réflexions doivent se poursuivre dans ce secteur pour parvenir à une diversification de nos sources de production d’une énergie propre, de qualité et à moindre coût. Nous devrons donc prospecter des sources d’énergie renouvelables telles que l’hydroélectrique, la photovoltaïque, l’éolienne ainsi que la biomasse pour lesquelles un cadre légal incitatif est en cours d’élaboration afin de sécuriser les investissements privés dans le secteur. Nous envisageons également de doter bientôt notre pays d’une usine de fabrication de panneaux solaires.
Honorables députés,
Dans le cadre de la dynamisation des pôles de croissance, je voudrais aussi souligner l’importance des secteurs des infrastructures et du tourisme.
Notre économie étant tournée vers l’agriculture et le commerce de transit, nous devons œuvrer à l’existence d’un secteur de transport efficace et compétitif qui valorise les atouts économiques du Bénin.
A cet effet, dans le secteur des infrastructures de transport, il nous faut continuer à améliorer notre réseau routier en mettant l’accent sur les axes inter-Etats qui nous relient aux pays de l’hinterland et sur l’extension des pistes rurales pour faciliter l’écoulement de la production agricole.
Pour assurer un partage équilibré du trafic et permettre le désengorgement de la ville de Cotonou, il nous faut œuvrer à l’aboutissement de la réhabilitation de l’OCBN. Il en va comme vous le savez de la compétitivité de notre port pour lequel le chemin de fer est une continuité en direction des pays de l’hinterland et de la connexion inter-Etats dans la sous-région. Par ailleurs, les chemins de fer sont indispensables à la mise œuvre de notre politique de création de ports secs à Parakou, à Tori Bossito et à Glodjigbé.
Dans la même optique, les travaux de construction du nouvel aéroport de Tourou, après quelques mois d’arrêt devront reprendre ; et mon gouvernement y veillera particulièrement cette année. L’aéroport international de Glodjigbé pour lequel d’intenses activités diplomatiques sont actuellement en cours, notamment avec les Sud-africains, dans un partenariat public/privé, ne sera pas du reste.
Bien qu’embryonnaire, le secteur du tourisme est très important dans le tissu économique de notre pays. Il représente la 2ème source d’entrée de devises au Bénin et emploie 6% de la population active. Le potentiel existe et n’attend qu’à être exploité à son niveau optimal. C’est pour cela que le Gouvernement poursuit inexorablement les actions entrant dans le cadre de l’aménagement touristique et de la réalisation d’infrastructures.
Le grand chantier auquel mon gouvernement veillera au cours de l’année 2013 pour donner un réel coup d’accélérateur à ce secteur est l’aménagement de la zone touristique de la Route des Pêches dont les travaux ont été lancés. Cela permettra d’accroître la plus-value nationale.
En effet, la réalisation effective de ce projet ajoutée aux initiatives des prometteurs touristiques privés, induira la densification des infrastructures hôtelières et touristiques pour atteindre le niveau idéal de 10 à 15% du Produit Intérieur Brut.
Dans le sous-secteur de la Culture, mon Gouvernement est préoccupé aujourd’hui par le projet d’érection d’un grand complexe culturel polyvalent, le « Grand Théâtre du Bénin », inscrit dans mon projet de société et dont la réalisation donnera une impulsion forte en termes de création d’emplois, d’une part, et contribuera manifestement à une meilleure expression de nos artistes pour faire valoir leurs capacités et savoir-faire, d’autre part.
Nous n’oublierons pas la gouvernance environnementale et la lutte contre la désertification, les catastrophes et autres risques pour nous protéger et protéger les générations futures. Mon gouvernement accélérera la mise en œuvre du projet de lutte contre l’érosion côtière pour arrêter les effets dévastateurs de l’avancée de la mer. Il mettra également en œuvre un plan d’action en vue de l’adaptation de notre agriculture aux conséquences des changements climatiques. La question de la reforestation sera également au cœur des préoccupations de mon gouvernement au cours de l’année de 2013. C’est d’ailleurs, dans ce contexte que s’inscrit le projet « 9 millions d’âmes – 9 millions d’arbres » (9 MAA) dont la finalité est de contrer les effets dévastateurs de la désertification.
Pour soutenir toutes ces actions de relance économique, trois nouvelles banques viendront renforcer le système bancaire de notre pays. Enfin, mon gouvernement envisage, courant premier trimestre 2013, l’organisation d’une table ronde des partenaires techniques et financiers ou de groupes consultatifs sous l’égide de la Banque Mondiale en vue de la mobilisation du financement de nos projets porteurs.
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Honorables députés,
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
Quels sont les pré requis ?
Comme vous vous en doutez, nous ne pourrons véritablement relever ces défis économiques et politiques que si un certain nombre de pré requis sont assurés, à savoir :
la préservation de la sécurité, de la paix et de la stabilité ; le dialogue social ; l’instauration d’une justice de qualité ; le respect des principes de la bonne gouvernance ; l’intégration régionale et continentale.
Mesdames, Messieurs,
S’agissant de la préservation de la sécurité, de la paix et de la stabilité, aucune société ne peut connaître de progrès sans ces fondamentaux. Il s’agit là d’un enjeu important au regard de la situation sécuritaire dans notre sous-région. Les actes de terrorisme, l’intolérance religieuse dans certains Etats frontaliers de notre pays et la piraterie maritime sur nos côtes ouest africaines prouvent éloquemment que nous ne sommes pas à l’abri de la menace sécuritaire susceptible de compromettre notre stabilité politique et la tranquillité de nos paisibles populations. Il nous faut donc sauvegarder ces précieux acquis.
Œuvrer au maintien de la sécurité, de la paix et de la stabilité, c’est d’abord avoir à cœur la préservation de l’unité et de la cohésion nationales.
Œuvrer au maintien de la paix, de la sécurité et de la stabilité, c’est ensuite mettre l’intérêt supérieur de la Nation au dessus de toute autre considération.
Œuvrer au maintien de la paix, de la sécurité et de la stabilité, c’est enfin privilégier l’intérêt général.
La préservation de la sécurité, de la paix et de la stabilité requiert aussi un dialogue permanent entre les composantes de notre Nation.
C’est d’ailleurs dans cet ordre d’idée que s’inscrit mon ambition de créer des cadres de concertation avec les Anciens Présidents de la République et le Chef de l’opposition qui, à notre avis, devra être mis au rang des Présidents des Institutions. Il en sera de même avec la société civile, le patronat et les ONG en complément de la commission permanente de négociation gouvernement/centrales et confédérations syndicales créée avec les partenaires sociaux. Dans le souci de l’instauration d’une démocratie apaisée, mon gouvernement envisage la création d’un Conseil de la République regroupant les anciens Chefs d’Etat et de gouvernement, ainsi que le Chef de l’opposition.
Mesdames, Messieurs,
Un des facteurs indissociables de la paix est la justice. En effet, la construction d’un Etat de droit et la réussite des réformes seraient vaines tant que la justice n’est pas au rendez-vous. La justice doit être médiatrice et impartiale pour rester unique. Pour ce faire, elle doit pouvoir faire triompher le principe de la responsabilité et rendre la dignité aux victimes en prouvant aux personnes brimées que la puissance publique se range de leur côté. De la méconnaissance des préjudices résultent de forts sentiments d’impunité décrédibilisant l’institution judiciaire et c’est alors que se développent des rancœurs qui constituent le ferment des menaces à la paix.
Il nous faut donc travailler au renforcement de la qualité de notre justice pour la rendre plus accessible et plus crédible.
Ainsi, les défis majeurs auxquels le secteur de la justice doit faire face en 2013 et qui sont à retenir sont relatifs à l’accès des pauvres à la justice, à l’amélioration des conditions de détention et de réinsertion sociale, à la protection judiciaire des mineurs, à la promotion des droits de l’Homme, à la modernisation du cadre légal, à la lutte contre la corruption, à l’indépendance des magistrats, au renforcement du dialogue et de la coordination des actions entre les parties prenantes et à l’amélioration de la gouvernance sectorielle. Aussi, les actions prioritaires suivantes doivent-elles être mises en œuvre en 2013. Il s’agit entre autres de :
L’organisation au cours du premier trimestre 2013 des états généraux de la justice ;
L’opérationnalisation de la loi n°2011-20 du 12 octobre 2011 portant lutte contre la corruption et autres infractions connexes en République du Bénin ;
la construction de nouvelles prisons civiles ;
l’adoption du Code de l’enfant et sa promulgation ;
l’adoption et la promulgation du code pénal ;
la ratification de la convention de la HAYE relative à la protection des enfants et la coopération en matière d’adoption internationale ;
la contribution à la modernisation de l’état civil et l’informatisation du casier judiciaire ;
la réduction de la durée de détention préventive à l’instruction notamment en ce qui concerne les délits.
Honorables Députés,
Distingués Invités,
Comme je n’ai cesse de le répéter, la bonne gouvernance est la pierre angulaire de tout développement. Nous ne serons en mesure de relever les défis qui se dressent sur le chemin du progrès que si nous nous efforçons de rechercher l’efficience et l’efficacité dans la gestion des affaires de l’Etat.
Cette recherche passe par la capacité de notre administration, à prendre des décisions conformes aux objectifs précis convenus, à produire et à rendre un service de qualité dans le respect des normes établies.
Conscient du fait que la nouvelle dynamique de développement de notre pays doit s’appuyer sur une meilleure gouvernance administrative et économique, je veillerai en particulier à la mise en œuvre, à travers des actions concrètes, de la charte nationale pour la gouvernance du développement qui constitue un référentiel consensuel de valeurs éthiques, morales, spirituelles et républicaines, socle de la Refondation de notre pays, de la modernisation de son administration pour son développement durable. L’année 2013 verra aussi l’installation de l’Autorité de lutte contre la Corruption.
Mesdames, Messieurs,
Concernant l’intégration régionale, toutes les actions entreprises par mon gouvernement doivent s’inscrire dans une dynamique. L’intégration régionale et continentale est le dernier pré-requis du relèvement des défis que je viens de vous exposer. A ce sujet, l’objectif est de promouvoir notre économie en tirant profit de l’avantage qu’offre son appartenance à des ensembles régionaux et continentaux.
Ainsi, toutes les actions entreprises par mon gouvernement doivent s’inscrire dans une dynamique d’intégration régionale et continentale. Dans ce cadre, nous devrons œuvrer à la réalisation d’infrastructures structurantes de développement en vue de renforcer la coopération entre le Bénin, les autres pays de la sous-région et le reste de l’Afrique. Dans cette perspective, mon gouvernement s’efforcera de contribuer à la réalisation d’interconnexions routières, ferroviaires, portuaires, aéroportuaires, énergétiques et de communication à caractère sous-régionale qui alimentent les stratégies de développement.
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Honorables députés,
Mesdames et Messieurs,
Pour finir, je voudrais vous remercier individuellement et collectivement pour votre disponibilité et rappeler à votre aimable attention que les défis que je viens d’évoquer sont si importants qu’ils exigent un dialogue permanent en vue d’un consensus national durable.
Le moment est donc venu de réorienter l’agenda de notre pays vers une stratégie de croissance inclusive et créatrice d’emplois, soucieuse de l’environnement et dont l’objectif premier est de répondre aux besoins spécifiques des jeunes. Il s’agit de permettre aux jeunes de contribuer à la croissance et d’en bénéficier.
Le Bénin dispose des atouts et des potentialités nécessaires pour relever ces défis. Tout le reste dépendra de notre volonté commune, de notre discipline collective et de notre engagement citoyen pour faire avancer avec beaucoup de détermination notre pays et à le hisser à un rang honorable dans le concert des Nations.
Par la grâce de Dieu, je prends l’engagement de m’investir entièrement au service de notre pays et je voudrais savoir pouvoir compter sur le concours de chaque béninoise et de chaque béninois, sur l’ensemble des institutions de la République, les Forces politiques, le secteur privé béninois, les organisations syndicales, les organisations de la société civile pour m’accompagner dans cette noble mission.
Je voudrais saisir l’occasion de la présente cérémonie pour adresser à tous les membres du Corps Diplomatiques accrédités chez nous la profonde gratitude du peuple béninois pour leur contribution très appréciable à ses efforts de développement. Je vous prie, Excellences Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et Représentants des Organisations Internationales, de bien vouloir transmettre aux hauts dirigeants de vos pays et institutions respectifs la reconnaissance du peuple béninois à leur endroit.
Je forme à vous, Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale, aux Honorables Députés, ainsi qu’à nos partenaires, à nos frères et sœurs d’autres nations vivant parmi nous, mes meilleurs vœux de bonne et heureuse année 2013.
Que Dieu bénisse le Bénin, notre patrie commune !
Vive la République !
Je vous remercie