La Fédération des Etudiants de l’université de Parakou (Fneup) donne l’impression de ne pas être en bonne santé. Seulement, les divers acteurs qui semblent être les auteurs de cette situation repoussent l’idée selon laquelle leur institution serait en crise. Pourtant, un bureau n’a pas encore pu être installé depuis une certaine élection contestée. Et pour cause…
Les faits
Le dimanche 14 novembre 2010, la salle 2 de l’Up devait servir de cadre au 7e congrès électif de la Fneup. Pour le commun des étudiants, cette élection a eu lieu et la liste de Guy Gbètondji en serait sortie gagnante. Mais très tôt, des voix se sont élevées pour contester ce mode de désignation. Taïrou Habiboulaye, figure de proue de la seconde liste en lice pense à cet effet qu’il n’y a jamais eu d’élection. Il dit avoir « accordé sa confiance à une commission qui a été mise sur pied pour organiser les élections au niveau de la fédération. Mais, cette commission a montré ses faiblesses parce qu’elle n’a pu organiser comme cela se doit ces élections ». Pour lui, le mode du scrutin est anormal. Selon ses propos, il aurait exprimé depuis le début sa désapprobation sur le mode de désignation des congressistes. C’est dans ce cadre qu’il aurait adressé une correspondance à la commission afin qu’elle permette à tout étudiant membre de la Fneup détenteur d’une carte d’étudiant d’aller voter. Toutefois, sa requête n’a pas été prise en compte par la commission. « Le jour du congrès, les participants étaient encore dehors à faire des négociations quand Abdoulaye Bio Maré, un membre de la commission fédérale électorale est venu proclamer la victoire de la liste de Guy Gbètondji » renchéri t-il. Une équipe d’observateurs de notre journal déployée au lieu du congrès a cependant produit un compte rendu dont les grandes lignes sont : «Prévu pour 10 heures, le congrès électif convoqué par la commission fédérale électorale (Cfe) n’a démarré qu’après plus de cinq heures de retard. Et pour cause, la commission fédérale électorale était toujours à la recherche d’une salle libre pouvant contenir les congressistes… une seule liste était présente sur les deux attendues. La commission électorale justifie l’absence dans la salle du congrès des membres de la liste de Taïrou Habiboulaye par des irrégularités constatées dans le dépouillement des dossiers de candidatures… après deux brèves interventions d’Olivier Dandjlessa et d’Abdoulaye Bio Marè, le congrès s’est achevé sous les acclamations du maigre public, composé d’environs quarante étudiants présents dans la salle. Les urnes cadenassées, déployées sur les lieux, les bulletins de vote confectionnés pour la circonstance n’auront servis qu’à décorer la salle. Le nouveau bureau de la Fneup a été rendu public par la commission fédérale ». Mais, le nouvel homme fort et contesté de la Fneup ne voit pas les choses de la même manière. Dès la proclamation des résultats, il a rappelé à ses adversaires leur engagement à respecter les résultats du scrutin en exhibant les preuves de cet engagement.
La valse des négociations et des concessions
La balle est lancée et les deux candidats le savent. L’un d’entre eux a été proclamé vainqueur et l’autre conteste cette victoire. Par l’entremise d’une certaine commission de crise, des négociations ont été entamées afin de sortir l’institution de cette eau boueuse qui ne lui donne pas bonne réputation dans le village universitaire. Hélas, peine perdue. François Abiola, le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique s’est invité à participer à la danse. Au cours d’une séance de travail avec les deux parties en conflit, il a essayé de dénouer la crise. Mais cette tentative semble avoir échoué puisqu’un bureau n’a pas pu être jusque là installé. Au cours de cette rencontre, le challenger de Guy Gbètondji a accepté de lui concéder la présidence contre 5 postes sur les 9 que compte le bureau de l’institution. Seulement, l’acceptation de Guy Gbètondji n’a pas été totale puisque son rival demande 5 postes clés que sont la vice-présidence, la trésorerie générale, le secrétariat général, la responsabilité aux affaires féminines et un autre poste. Selon certaines sources proches de Guy Gbètondji, le 5e poste dont parle Taïrou Habiboulaye serait la présidence de la commission de contrôle. Toute chose qui n’arrangerait pas forcement le nouveau président qui se sentira selon certaines indiscrétions menacé durant tout son mandat puisque la plupart des décisions devront être prises avec l’aval des hommes et femme de mains de Taïrou Habiboulaye. Plus encore, une menace de destitution planerait sur lui tout au long de l’année. Sabi Koda Bagana, président sortant de la Fneup semble quant à lui fuir le sujet. A certaines parties qui l’accusent d’être de près ou de loin mêlé à la survenance de cette crise, il répond par le silence laissant ainsi libre cours aux rumeurs. Pourtant, la question que se pose la communauté universitaire de l’Up est celle de détecter un éventuel avantage qui reviendrait au président sortant dans cette situation. Pour l’heure, il mène une médiation entre les deux parties mais ses moyens de manœuvre sont limités du moment où quelques uns mettent déjà en doute sa neutralité. Dans ces conditions, la mise sur pied d’un bureau pour la Fneup ne sera pas pour les jours à venir.
Les deux parties évitent le mot crise
Les activités de la Fneup sont actuellement menées par un bureau de fait que dirige Guy Gbètondji. Chose étrange, Taïrou Habiboulaye bien que contestant la légitimité de l’élection de son opposant estime que la Fneup n’est pas en crise. Il pense qu’il y a juste eu « un problème d’organisation » au sein de l’institution. Comme lui, Guy Gbètondji affirme aussi qu’il ne se passe rien d’anormal au sein de la Fneup. Il évoque « un tout petit problème de divergences d’opinions et de points de vue que toute institution démocratique peut enregistrer ». Mais, il reconnaît que ce problème, aussi petit soit-il est lié au mode de désignation des responsable des institutions estudiantines à caractère syndical de l’Up. Il en appelle à ce que le tir soit corrigé pour les élections prochaines. Car, à l’en croire il n’y a pas encore eu une élection organisée au sein de la fédération sans contestation des résultats. D’ailleurs le bureau sortant dont il a assuré le secrétariat général est né d’une situation pareille. Mais le centre des œuvres universitaires ne veut pas se mêler d’une affaire qui pourrait brûler les ailes à son nouveau directeur. C’est certainement pourquoi les frais de fonctionnement et autres ressources financières revenant de droit à la Fneup ont été gelés.
Guy Gbètondji exhibe son expérience
Guy Gbètondji ne veut rien entendre d’autre. Il dit avoir été élu et pense que cela est dû au fait qu’il soit l’homme de la situation. Il rappelle donc à dessein qu’il a été « secrétaire général du comité de gestion des résidents, directeur général des résidents, chef d’état major de la Fneup et secrétaire général de la Fneup ». Exhibant parcours militant à l’Up, riche de plus de quatre ans, il conclut que les étudiants ont fait le bon choix. Mais sa politique, à ses dires sera de continuer la lutte qu’il a entamée avec Sabi Koda Bagana. Sera-t-il seulement à la hauteur des objectifs qu’il se fixe ? Pourra t-il se démarquer de l’ombre de Abdoulaye Maré, de la stratégie de Fidèle Gbègbè et de la politique de Sabi Koda Bagana ? Ces interrogations restent entières.