A l’instar des présidentielles dernières, les élections devant permettre de désigner les parlementaires ont été organisées dans un cafouillage total. Mis à part les ratés observés par endroits dans les bureaux de vote sur toute l’étendue du territoire national, c’est plus le boycott des électeurs qui est flagrant. Le dernier recours des organisateurs sera une plaidoirie à l’endroit des forces de l’ordre pour contraindre les populations à se rendre aux urnes. La fin du mythe du chaos ?
Bien avant le jour des élections, les dispositions prises ici et là pour réussir l’évènement étaient déjà vouées à l’échec. Et pour cause, les engagements pris pour réviser le fichier électoral sont mal respectés. De plus, 72h encore avant la tenue de ce scrutin, les béninois se demandaient encore si ces élections allaient tenir, les membres des démembrements de la commission électorale nationale autonome (Céna) ayant refusé de jouer leur partition. Il aura fallu le coup de force de Robert Dossou, le président de la cour constitutionnelle pour obliger ces agents à reprendre le job. C’est pourquoi, l’organisation précipitée, vu le temps restant n’a pas permis de réussir le scrutin prévue pour blanchir une élection présidentielle ratée. Ce samedi donc à Parakou, la plupart des bureaux de vote n’ont pas pu ouvrir avant 8h et 9h pour la plupart. De même, les listes électorales n’ont pas été affichées dans tous les bureaux de vote comme prévue par les textes en la matière. Tel est le cas des bureaux de vote de l’Université de Parakou où les étudiants, n’eût été la présence des forces de l’ordre auraient bloqué le bon déroulement du scrutin. Mais cette situation n’est pas particulière aux bureaux de vote installés dans l’enceinte de la deuxième université du Bénin. Mais d’autres bureaux de la ville ont été aussi sujets à cette même disposition. D’ailleurs, le retard accusé dans l’ouverture des bureaux de vote et la non affichage des listes dérangeaient peu de gens puisque les électeurs ont boycotté ces bureaux. Outre cela, des bureaux de vote ont été supprimés par endroit et d’autres ouverts. Certaines populations de cette région septentrionale du Bénin ont estimé que « cette stratégie est mauvaise » et se demandent « en vertu de quelle enquête les choses ont été faites ainsi ». Dans la plupart des bureaux de vote, les quelques électeurs rencontrés ronronnaient en reboursant le chemin de leurs domiciles. Rapprochés, ceux-ci nous ont confié leur déception de ne pas retrouver leurs noms au niveau des mêmes bureaux de vote dans lesquels ils avaient pourtant voté lors du scrutin présidentiel. Eperdus tels des brebis envoyés en pâturage sans berger, ces électeurs munis d’un papier qui pourtant les envoie vers ces bureaux de vote se sont retournés chez eux.
Le valse de la police nationale
Dès midi, le constat général fait dans la majorité des bureaux de vote était l’absence des électeurs. Pour remédier à cette situation, les véhicules de la police nationale remplis de policiers ont pris d’assaut les principales artères et les rues de la ville pour contraindre les électeurs à se rendre aux urnes. Les gérants des centres commerciaux, des boutiques, des buvettes ont reçu l’ordre de fermer au plus pressant leurs établissements afin de permettre aux électeurs d’aller voter. Les bonnes dames des marchés Arzèkè, Dépôt et Guinman ont été invités à faire de même. Dès 16h, les principaux lieux publics de la ville, d’ordinaire pleins de monde en cette saison de chaleur sont vidés de leurs mondes. Pourtant, les bureaux de vote sont restés presque déserts jusqu’à leurs fermeture. Certains habitants de la ville nous ont expliqué les raison pour lesquelles ils ont agi ainsi. Selon Justin Hounsounou, un habitant du quartier Zongo, son « absence s’explique par le fait que les résultats sont connus d’avance ». Se référant au résultat des derniers présidentiels, il estime son « vote ne changera rien, les résultats étant déjà connus à l’avance ». Mais cet argument n’est pas le seul pour lequel les bureaux de vote ont été abandonnés. Pour Zénabou Abdoulaye, c’est parce qu’ « il ne faut plus faire confiance aux députés ». elle exprime ainsi par ce geste son désintéressement de ces élections qui ne profitent qu’à quelques hommes et leurs proches. Raïmi Harouna, un habitant de la ville justifie son refus de voter par le fait qu’il ne « trouve pas sur les listes des candidatures crédibles » : pour li, ce sont des gens qui se sont assemblés pour leurs propres intérêts. Cette abstention, quoiqu’elle désavoue la gouvernance politique au bénin n’empêchera pas les organisateurs de désigner les candidats. Nonobstant, c’est une bonne leçon pour les politiciens de la république du Bénin.