L’opposition bat nuit et jour le macadam. Les syndicalistes n’ont plus le souffle nécessaire pour le faire. L’ambassade des anciens présidents de la république a pris le relais. Mais avec quel succès ? Maintenant, l’éjaculation des derniers haros reste le jeu de la société civile. Jeux de main, jeux de vilain ! Les dés sont jetés. Faites vos jeux. Boni Yayi a déjà fait le sien. Reviendra t-il sur sa caution ?
La situation
A trois jours du premier tour des élections présidentielles, rien n’est prêt outre l’installation d’une commission électorale nationale autonome (Céna) qui risque de porter le chapeau du cafouillage qui se trame. Après un premier report arraché de justesse à Boni Yayi, la date du 6 mars est maintenue malgré cris et dénonciations. Le paysage béninois en est attristé. L’opposition, plus que jamais écouté d’une oreille a perdu de sa voix. Ses aboiements et ses engueulades n’auront servi à rien. La machine est mise en branle et rien, semble t-il ne pourra l’arrêter. Dans un sursaut patriotique, Emile Derlin Zinsou revêtu de l’une ses redingotes post indépendantistes s’est prêté au jeu des tractations. Quel génie qui, hélas risque d’être jeté dans les placards de la Marina.
L’intervention de la société civile
Dans ce méli-mélo qui refuse de dire ouvertement son nom, le gouvernement refuse de lâcher la pression. La seule carte reste l’appel des organisations de la société civile. Mais l’intervention de la société civile comme dernier remède à la peste qui s’empare du pays n’est pas rassurante. Et pour cause, des actions similaires dans les pays arabes ne sont pas vécues de manières heureuses. Quelle récolte ferait Yayi en renvoyant les béninois dans les rues. Le chef de l’Etat, à dire vrai craignait peu de chose : reporter ces élections et faire tomber le pays dans un vide juridique qui lui ferait peut être perdre son privilège actuel. Qui est fou ? Yayi a certainement raison. Mais, à ce jour tous les acteurs politiques du pays s’accordent sur un fait. Il y a péril en la demeure et il faut sauver les intérêts du pays même s’il en faut sacrifier quelques articles de la constitution. A ce niveau du débat, le chef de l’Etat devrait être disponible à faire quelques concessions. La question n’est plus le conflit de l’opposition. Elle est aussi loin d’être un piège des syndicalistes. A l’étape où nous sommes, le débat est élevé à la hauteur de l’intérêt de l’Etat béninois. Et alors ? Et alors, il faut faire table rase. Il convient de passer une essuie-mésentente sur le passé afin de faire face avec plus de volonté à l’avenir. C’est là justement ce à quoi en appelle la société civile. Loin d’une médiation présidentielle qui vaut deux sous, l’ultime espoir du peuple béninois veut restaurer la bonne gouvernance. La constitution béninoise du 11 décembre 1900 est essoufflée. Elle peine à régler les problèmes dont l’Etat béninois est actuellement sujet. Dès lors, la gouvernance cesse d’être le fait d’un groupe et devient de droit la chose de tous. De l’opposition aussi. De la société civile également. Boni Yayi doit réaliser ses douze travaux en deux temps, trois mouvements. L’urgence que demande l’accomplissement du sixième est si pressante qu’elle doit être à la une de ses occupations.