(Boni Yayi et sa stratégie inefficace de lutte contre la corruption)
Il est une règle générale que l’on ne peut pas vouloir d’une chose et en même temps de son contraire. La hantise du Président Boni Yayi de 2006 à ce jour, même en passant par la sulfureuse « période aux scandales » de 2008 reste le développement du Bénin. Il est donc presqu’impossible de comprendre comment cette ascension peut aller de paire avec des mots comme « hésitation », « embarras », « tâtonnement ». C’est malheureusement la lecture que les béninois font des décisions prises régulièrement par leur président.
Des sanctions qui irritent
Le manque à gagner occasionné par la corruption des cadres de l’administration publique est surprenant faute de chiffres précis pour cerner le mal en république du Bénin. Il est vrai que la corruption est aussi vieille que le monde et qu’elle existe dans toutes les administrations du monde. La sagesse aurait, peut être été de ne pas nous attarder à nous plaindre incessamment du mal. Seulement, quand on prend à corps de lutter contre, il faut le faire jusqu’au bout. Or, l’ardeur du Chef de l’Etat est allée decrescendo. Au début de ses premières noces avec les méandres du pouvoir, il avait marché dans les rues du pays et invité les béninois à regagner le rang de la décence. Quelques entêtés avaient fait les frais de la nouvelle donne en matière de gouvernance. Mais ce temps est passé où le Chef de l’Etat allait jusqu’au bout des sanctions.
Boni Yayi et sa stratégie inefficace de lutte contre la corruption
Les derniers évènements qui ont assailli l’environnement de gestion des affaires publiques donnent matière à interrogations et nous renvoient à cette chaude période de 2008. Dans l’affaire Icc-services et consorts, le ministre Zinzindohoué avait été accusé d’avoir donné des moyens à des hommes mal intentionnés pour escroquer les populations béninoises. Il est incontestable qu’on pouvait le poursuive pour cet acte. D’ailleurs, le Chef de l’Etat en a pris la démarche. Quel en est le résultat aujourd’hui ? Joël Lawani avec l’affaire de la construction des villas Cen Sad. Dans toutes ces affaires où, pourtant il a été démontré que les intérêts de la nation ont été passés sous silence, le limogeage aura été la seule sanction. Or, parallèlement certaine charte de bonne gouvernance avait été adopté en appuie à la loi sur la corruption. Sous d’autres cieux, la démarche vertueuse aura été d’ouvrir la voie à la procédure judiciaire en la matière. Joseph Ahanhanzo et ses acolytes ne méritent point la grâce qui leur est faite. Julien Akpaki, après toutes les raisons qui ont été avancées pour justifier son limogeage devrait être traduite devant un juge pour en répondre. Il n’en sera, pourtant rien. Dans cette situation, le béninois est en droit de se demander à quoi se résume réellement la stratégie de Boni Yayi dans le cadre de la lutte contre la corruption. Quel message envoie t-il à ses collaborateurs ? « Bouffez et faites surtout vite. Je me contenterai de vous limoger si ça pète ». C’est vraiment regrettable.