La désignation de Marie Elise Gbèdo comme ministre de la justice a été plus que positivement acceptée par les populations béninoises. D’aucuns y voient un acte de reconnaissance de la part du chef de l’Etat alors que d’autres limitent leur réflexion à la volonté du président de la république de promouvoir le sexe faible. Pourtant, la dame de fer n’a t-elle pas été appelé à un moment où elle ne devrait peut être pas arriver ?
Ils sont gigantesques que les problèmes auxquels est confrontée actuellement la justice béninoise. Loin d’éterniser leur critique sur «une justice qui reste encore la chose des riches », les béninoises font de plus en plus montre d’une réticence à y gouter. Nos palais de justice ne sont dès lors fréquentés que par les lettrés, pourtant minoritaires au Bénin. D’ailleurs, les quelques tribunaux dont regorge le Bénin sont restent loin des justiciables. Marie Elise Gbèdo ne pourra certainement pas régler ces difficultés qui, pour la plupart trouvent leur source dans la psychologie des béninois. Mais elle essayera tout de même de remettre debout une administration qui trotte encore menu dans le règlement des différends opposants les population dossiers fumants restent à éclaircir. Il s’agit notamment de l’éventuel jugement des citoyens ayant été mis aux arrêts dans le cadre de l’affaire des structures illégales de placement de fonds. Aussi, l’avocate défenseur du droit des opprimés devra se pencher sur l’affaire Dangnivo dont le règlement aura été mal conduit par le ministre Akoffodji. Elise Gbèdo pourra t-elle conduire ces deux dossiers sans avoir sur son chemin la résistance de certains barons de la politique béninoise ? Pour rappel, lors de l’explosion de l’affaire Icc-Services et consorts, certains politiciens avaient indexé le gouvernement de Boni Yayi d’en être en dessous. Cette accusation avait, tout aussi énergiquement été rejetée par la mouvance qui, dans le temps avait invité les béninois à n’accorder aucun crédit à ces allégations. De toutes les manières, certaines têtes importantes du sommet de la politique béninoise étaient tombées. Si le limogeage du ministre Zinzindohoué, pourtant très proche du chef de l’Etat ne devrait pas signifier une implication directe du gouvernement dans l’affaire, il avait tout de même été interprété comme une main invisible de certains ministres dans ce malheur populaire. Dès cet instant, le règlement de l’affaire qui prend déjà de l’âge ne sera pas facile au risque de sacrifier certains ténors qui ont bataillé dur pour la réélection du chef de l’Etat. Ainsi, la ministre Gbèdo devra parvenir à concilier son éternel soif de rendre à César et à dieu ce qui leur revient respectivement avec la prudence de maintenir la sainteté du régime dans ce dossier dont les répercussions sont encore perceptibles dans les pauvres familles du pays. La disparition du cadre du ministère des finances reste également comme une épopée dans la mémoire des béninois. Les pas posés par l’ancien ministre de la justice, loin de mettre en confiance les béninois les rend plus que jamais méfiants de leur justice. Saurons-nous jamais ce qui est réellement arrivé au natif de Sè ? Gbèdo devra également dire son mot dans cette affaire dont les béninois attendent avec impatience d’être éclairés. Là encore, le boulot sera ardu puisque certaines voix avaient aussi accusé le gouvernement d’être auteur de cet acte. La tâche semble donc difficile pour la nouvelle ministre dont la nomination, quoique applaudie par tous risque, si elle échoue de laisser aux béninois une mauvaise image d’elle. Mais les dés sont déjà jetés et il ne reste plus qu’à attendre.