Depuis un moment, une morosité socio-économique sans précédent s'est emparée de notre pays bien que le Bénin soit dirigé par des économistes de renom. Les activités économiques qui sont le baromètre d'un pays sont complètement au ralenti. Il suffit de faire un tour au marché international de Dantokpa ou sur les parcs de vente de véhicules d'occasion pour se rendre compte que le pays est " sur répondeur " comme se plaisent à le dire familièrement nombre de concitoyens. Les mauvaises langues affirment même que c'est difficilement que les salaires sont payés à la fin de chaque mois. C'est vrai que la crise économique est internationale mais cela ne saurait expliquer son exacerbation au Bénin. Sur le plan social, ce sont des grognes et des contestations sociales à n'en pas finir. Les responsables syndicaux ne ratent aucune occasion pour dénoncer ce qu'ils appellent " la mal gouvernance ", conséquence de l'amenuisement du pouvoir d'achat des travailleurs et du panier de la ménagère. Pendant ce temps, il y a une opposition politique au régime en place qui fait la sourde oreille.
Sur le plan politique, la situation de l'opposition n'est guère reluisante. A l'Assemblée nationale, siège de la "haute politique" où sont débattus les grands problèmes de la Nation, l'opposition est depuis peu absente. C'est le calme plat comme s'il n'y a pas d'opposition au régime de Boni Yayi, élu pour gouverner par tous les moyens. Il revient donc à l'opposition de jouer le rôle de garde-fous
C'est d'ailleurs en cela que le peuple béninois avait salué la naissance du regroupement politique intitulé "Union fait la Nation"(Un), compte tenu de la gravité des dérives du régime en place. Cette alliance qui était composée des grands partis politiques tels que la Rb, le Prd, le Psd, le Madep et Force Clé avait, il faut l'avouer, suscité un grand espoir en ce qui concerne l'alternance. Mais, avec la débâcle de cette opposition à la présidentielle de 2011 et surtout le départ inattendu, suite à l'échec, de la Renaissance du Bénin, une des principales formations politiques initiatrices de cette alliance. Et plus tard, le Parti du Renouveau Démocratique a aussi semblé se départir de la grande alliance ''Union fait la Nation''. L'espoir s'est, hélas, mué en désespoir.
Cette opposition réduite désormais à sa portion congrue ne rate aucune occasion pour rassurer le peuple béninois de ce qu'elle va jouer, en dépit de ces départs, sa partition dans le développement de la nation béninoise. Mais, ce discours tenu par les députés Antoine Kolawolé Idji, Lazare Sèhouéto et autres est en contradiction flagrante avec les réalités sur le terrain. C'est un mutisme inquiétant. En dehors de l'honorable Eric Houndété qui titille de temps en temps le gouvernement, ses autres collègues de l'opposition sont devenus malheureusement de simples figurants passant plus de temps à la levée des mains pour le vote des lois et des ratifications. C'est à croire que les problèmes de la Nation ne les préoccupent guère. Face à cette situation, l'on est tenté de se demander si l'opposition a jeté l'ancre. C'est vrai que Kolawolé Idji et ses collègues sont minoritaires à l'Assemblée nationale. Mais, cela ne saurait expliquer cette résignation. En effet, quand on prend l'exemple de l'opposition incarnée à l'époque par Albert Tévoèdjrè au régime du Président Soglo lors de la première législature, on peut affirmer que, bien que minoritaire, une opposition peut donner du fil à retordre au gouvernement, pourvu qu'elle soit bien organisée. Ce qui n'est pas le cas avec l'Un de Lazare Sèhouéto qui a plutôt dressé le tapis rouge à Boni Yayi. Apparemment depuis peu, le crédo de l'opposition se résume à la politique des trois singes à savoir "ne rien voir, ne rien entendre et ne rien dire". Sinon, comment expliquer son mutisme sur les grands dossiers de la Nation. Et parlant justement de dossiers, Dieu sait qu'il en a. Dans les affaires comme le présumé coup d'Etat et les arrestations arbitraires de certains citoyens dénoncés par les syndicalistes, l'opposition a préféré donné sa langue au chat. Attendant une réaction de cette opposition face à la situation sociopolitique et économique délétère du pays, réaction qui ne viendra jamais, certains membres de la société civile ont, à leur corps défendant et malgré les menaces, dû se substituer à l'opposition pour tirer la sonnette d'alarme sur les dangers qui guettent la République. Face à tout cela, je me demande où est passé l'opposition de mon pays qui est censée animer tout comme la mouvance la vie politique. Peu importe son effectif, elle doit pouvoir jouer pleinement son rôle constitutionnel. En l'absence de ce devoir de contre-pouvoir, le Bénin n'est plus en démocratie.
Un commentaire de Edgar Gnimavo