Le Président Boni Yayi a parlé hier à cœur ouvert au peuple béninois. Au cours d’un débat qui a finalement pris l’allure d’un discours, le Chef de l’Etat est revenu sur certains grands dossiers, objet à controverse au sein de l’opinion béninoise depuis quelque temps. Au terme de ce débat qui aura été finalement long, les béninois ont vu un Président de la république qui n’a pas changé depuis son premier quinquennat. Boni Yayi a donné l’impression d’être resté le même chef que les subordonnés driblent à leur aise ; un responsable, victime des actes de ses préposés. Il n’est au courant de rien. De grands contrats comme celui du Pvi ont été signé à son insu. Boni Yayi a surtout allumé une lumière sur les tractations politiques ayant précédé les élections de 2011 et celles en cours actuellement. Ce qu’il en dit est troublant. A propos des voix qui s’élèvent de part et d’autre, le Chef de l’Etat jure n’avoir pas peur, comptant sur les populations du nord qui lui viendront au secours. Je n’ai pas peur, a-t-il crié durant tout le temps.
Les prémices d’une chaude allocution
De prime abord, Boni Yayi est revenu sur l’actuelle situation économique du Bénin. Il estime être victime d’une campagne d’intoxication. « L’économie béninoise va bien ». Il n’avait même pas à justifier ces propos. Les récentes observations de Mario de Zamaroczy sont là pour témoigner que si les béninois ne croient pas à la situation reluisante de l’économie de leur pays, les experts internationaux le reconnaissent. Seulement, Boni Yayi a reconnu qu’il y a quelques petites difficultés. Il justifiera ces difficultés par la crise économique observé partout dans le monde. Le chef de l’Etat a passé en revue les conditions de prise de certaines décisions au sommet de l’Etat. On en retient que beaucoup de ces décisions sont prises sans l’aval du Chef de gouvernement qui ne les constate que bien plus tard. Un Président victime ? De toutes les façons, il a rappelé l’exemple du dossier Cen-sad dans lequel Soulé Lawani aurait tout géré seul. C’est pourquoi, le Chef de l’Etat a déjà pris des mesures pour que l’ensemble des contrats passés avec l’administration publique ne soient plus désormais fait de gré à gré.
Boni Yayi à propos du PVI et du coton
Le dossier Programme de vérification des importations aura été le sujet le plus en vue pour le Chef de l’Etat. Dans une longue allocution présentée sans interruption des journalistes, il a expliqué de fond en large comment le dossier a été géré. De façon claire et précise, le Président de la république a levé le coin de voile sur ce fumant dossier qui draine tous les passions. Suivant les propos tenus par Boni Yayi, le contrat a été signé sans l’aval du Chef du gouvernement. Les ministres se sont occupés, en solo de la signature du contrat. Ce qui choque le Président de la république est le comportement de M. Talon. « Il faut que la discipline soit respectée ». Entre Yayi et Talon, le divorce est totalement consommé. Le refus de cession d’une fraction du contrat à Sgs est l’autre raison qui a conduit le Chef de l’Etat à suspendre le contrat. A propos de la suspension de l’Aic, le Chef de l’Etat a donné les raisons qui l’ont motivé à prendre une telle décision. A ses dires, l’Aic ne fait plus bien le travail pour lequel elle est commise ; elle serait devenue une structure inutile. Au total, Boni Yayi a fustigé l’attitude des partenaires privés dans la conduite des réformes engagées.
Boni Yayi jure n’avoir rien contre les opérateurs économiques béninois
Au cours de l’entretien, le Président de la république est revenu sur les rumeurs qui font état d’une chasse aux opérateurs économiques béninois. Boni Yayi a juré devant les béninois qu’il n’a rien contre personne. Dans une démarche explicite, il a passé en revue l’affaire Ajavon. Le Chef de l’Etat a expliqué comment Ajavon a voulu tromper l’Etat béninois. le redressement fiscal à polémique n’est rien d’autre qu’une opération fiscale de routine. Quand à Talon, Boni Yayi a expliqué que ce dernier lui a lancé une guerre politique. Selon les propos de Boni Yayi, Talon a promis de le déstabiliser au plan politique. Il a du coup racheté 50% du capital de la Chaine Canal 3 Bénin et a entrainé une partie des députés avec lui. Mais avant cela, dira Boni Yayi c’est Saley qui envisageait le rejoindre. Seulement, un redressement fiscal qui n’est même pas de son fait l’aurait fait changer de position. C’est alors qu’il a formé le G13.
A propos de la grève de l’Unamab, du soulèvement des syndicalistes et de la société civile, Boni Yayi les trouve tous « petits » pour le chasser du pouvoir. S’ils ont des alliés au sud, dira t-il, lui compte sur ses soutiens du nord. Ces dernières déclarations risquent d’être le sujet de débat des prochains jours.