Les récentes turbulences électorales ont désossée et sérieusement affaibli le Parti du renouveau démocratique (Prd). Déjouant tous les pronostics, Me Adrien Houngbédji s’illustrera pourtant par le rejet de la stratégie d’Amoussou Bruno qui a préféré laissé ce jeu aux plus jeunes. Sage résolution ou imprudente décision ? Cette question n’est certainement plus à l’ordre du jour ; la capitale préoccupation aujourd’hui est celle des conséquences d’une probable entrée du parti aux couleurs arc-en-ciel dans la gigantesque famille de la mouvance. Et pour cause…
L’après prologue
Juste au lendemain de sa réélection, le Président Boni Yayi a enclenché l’opération « main tendue »vers l’opposition. A force d’être resté tout ce temps dans cette position, le Chef de l’Etat pourrait envisager de retirer sa main pour s’en servir sur d’autres fronts. Le temps presse donc et l’heure n’est plus aux hésitations. L’opposition, déjà affaiblie ne devrait plus résister à la tentation. C’est donc une dernière chance pour le Prd, l’une des formations encore en résistance à l’appel du « seigneur » de la refondation. Les ténors du Prd, lors du dernier congrès sont restés dubitatifs sur la route à prendre : rester sur les carreaux et garder son prestige d’opposant confirmé avec toutes les conséquences que cela emporte ou entrer au gouvernement et se retrouver à nouveau aux affaires aux fins d’une prise de souffle pour les échéances électorales à venir. La seconde option est celle vers laquelle Houngbédji et ses paires tendent inexorablement.
Les mouvanciers dénoncent la ruée vers la mouvance
Plusieurs voix se sont déjà élevées pour dénoncer cette affluence de faiseurs de« faux bilan » d’hier vers la mouvance. Légitime critique quand l’on se remémore toutes les tractations faites par ces partis pour mettre en difficulté les partisans de Boni Yayi. Que n’ont-ils fait pour déjouer les jeux de l’Union fait la Nation (Un) dont le principal acteur était Me Adrien Houngbédji ? L’affaire Icc Service et consorts ; la polémique engendrée par l’acquisition de machines agricoles ; le scandale créé suite à la construction des villas Cen-sad. Sur tous ces fronts, les mouvanciers « pur sang » ont dû suer dur pour remettre en confiance un gouvernement qualifié de tous les maux par des opposants extrémistes qui, soudainement entendent partager les fruits tirés d’un combat qu’ils ont livré eux-mêmes à la mouvance. Lors d’une récente sortie, Candide Azannaï n’a pas manqué de mots pour dénoncer l’entrée de la Renaissance du Bénin dans la famille des « yayistes ». Caricaturé comme des opportunistes, l’ancien artisan de la Rb y voit une ruse pour mieux attaquer Boni Yayi. Mais si la Rb qui a jeté le torchon marqué « UN »dès les premiers jours de son échec aux présidentielles peine encore à mériter la sympathie des « yayistes », Houngbédji se fera t-il facilement accepter quand on sait qu’il a été le meneur de jeu d’une équipe qui a donné du fil à retordre à la formation de Boni Yayi ?
Quelle place pour le Prd dans la mouvance ?
Le Prd, s’il entre au gouvernement sera un orphelin de première heure. D’abord, il perdra ses vieux copains d’hier au cas où ceux-ci n’auraient pas réussi à se faire aussi une place aux côtés de Boni Yayi. Lazare Sèhouéto, actuellement la bouche cousue, s’offrirait une occasion pour revenir à la charge. Fagbohoun traiterait de tous les maux le président malheureux des dernières élections présidentielles. Emmanuel Golou, au cas où il n’irait pas avec Houngbédji dénoncera également l’attitude peu charismatique du Président du Prd. De l’autre côté, la troupe à Houngbédji se retrouverait dans une mouvance déjà occupée. Là aussi, il se retrouvera entre deux bords, tous ses ennemis. D’un côté, il y aura la grande famille présidentielle avec des politiciens aux dents assez tranchants pour rendre la vie dure au représentant de ce parti ; de l’autre côté, la Rb, son ennemi juré depuis l’entrée de ce dernier au gouvernement Yayi, entrée traitée de « trahison de l’union fait la nation » par plus d’un. Par ailleurs, la question de place du Prd dans le gouvernement Yayi se pose également en terme de portefeuille ministériel. Que donnera t-on au Prd connu pour sa critique acerbe des réformes mis en œuvre par Yayi ? Sera-ce un poste important, de quoi attiser la colère des mouvanciers ou sera-ce simplement un quelconque poste de quoi clouer le bec à une formation politique qui n’aura passé ses dernières années à critiquer et mettre en difficulté le pouvoir en place ? Les évènements des prochains jours nous édifieront sur la question.