… terminer le job en beauté ou faire perdurer le flou ?
Pourquoi Kassa et personne d’autre ?
Ça y est. Le fameux remaniement ministériel annoncé depuis plusieurs lunes a enfin eu lieu ce week end. Mais en défi à toutes les prophéties, Boni Yayi plus insaisissable que jamais semble avoir déjoué tous les pronostics en ne faisant qu’une très légère modification de son équipe. Madina sort du gouvernement ; Onifadé récupère sa place et Kassa, à nouveau couronné par le maitre suprême est remis sur son ancien trône. Le retour de Barthélémy Dahoga Kassa à la tête du ministère des recherches minières et pétrolifères est d’ores et déjà sujet à polémiques. Bien de contribuables se demandent en quoi un agronome est indispensable pour les pressantes réformes indispensables à la sécurisation de l’énergie et à la poursuite des recherches pétrolifères et minières. Ne revenez surtout pas sur le bilan de Kassa au cours de son séjour à la tête dudit ministère. Ce n’est certainement guère cela qui le fait revenir.
Un réaménagement plus politique que technique
Pour donner une toute autre orientation à la stratégie de son gouvernement, le Président Boni Yayi devrait procéder à un remaniement de son équipe. Depuis plusieurs semaines, voire des mois déjà, les rumeurs allaient bon train. Des noms avaient même été annoncés ; « le Prd va entrer au gouvernement » ; tel « ministre sort du gouvernement » ; « demain aura lieu le remaniement » ; « la liste est déjà à l’assemblée nationale ». Que de prédictions. Finalement, c’est à un évènement moins brillant que nous aurions assisté. Yayi ramène simplement son ancien collaborateur du poste duquel il l’avait éjecté. Ainsi, l’ancien ministre des Recherches Pétrolières et Minières (MRPM) revient en puissance après un séjour à l’assemblée nationale.
Kassa reprend le job là où il l’avait laissé
Les béninois relient simplement le nom Barthélémy Dahoga Kassa aux recherches pétrolifères et minières. Durant son séjour, l’homme s’est particulièrement investi dans la recherche de l’éventuel pétrole qui se cacherait dans le sous sol béninois. Peine perdue puisque les résultats de ces recherches n’ont jamais été révélés au grand jour. Chasse ingrate du ministre Kassa ou situation due à son limogeage brusque ? De toutes les façons, le pétrole promis par Kassa comme tout le gouvernement n’a jamais été extrait du sol. La situation est pareille dans le domaine des mines. C’est d’ailleurs pourquoi, le contribuable béninois est en droit de se demander c’est Kassa qui doit revenir alors que le pays dispose d’un grand réservoir de spécialistes de la question. A l’analyse donc, ce remaniement n’est stratégique sur le plan purement politique. Même sur ce plan, Kassa est déjà à l’assemblée nationale et peut se réjouir de sa situation. Des milliers de personnes ayant travaillé pour la réélection de Boni Yayi sont toujours à attendre qu’on les invite aussi à la table du maitre. Au plan politique, Kassa ne mérite cet honneur que quiconque à moins que son arrivée au gouvernement cache un nouveau projet au parlement. Cependant, Kassa revenu au gouvernement doit maintenant s’atteler à terminer le job qu’il avait été obligé de laisser entre temps. Les béninois le regardent désormais et attendent de voir ce en quoi il est l’ultime tête grise de l’énergie, l’homme de la situation. il lui faudra d’ici là nous indiquer où se trouve ce pétrole ou bien annoncer définitivement aux béninois qu’ils n’ont pas de pétrole. Il lui faut donc soit terminer en beauté le job ou faire cesser le flou.
Extrait de la chronique de Gaston YAMARO sur le ministre Kassa et les recherches pétrolifères et minières
« … la polémique est bien terminée à propos de l’utilité du ministère. Je martèle qu’il aurait juste pu être une direction. Et je la préfèrerais même logée au ministère de la recherche scientifique, pour coller mieux à l’harmonie des choses… Ce que je n’ai pas du tout digéré dans la craquante histoire de ce ministère, c’est pourquoi le Président de la République n’a pas cru devoir permettre à l’ex ministre Barthélémy KASSA de rester en poste jusqu’au 1er août… Pourquoi surtout, Boni YAYI n’a-t-il pas permis à KASSA de tenir sa promesse faite au peuple, de lui dire si oui ou non, le pétrole béninois pouvait être exploité ? Il avait promis de le faire le 1er août, peut-être, pensait-il, à l’occasion du conseil des ministres à Natitingou… Revenons-en à dire plus sérieux maintenant. Le pétrole du Bénin, à ce jour, est-il exploitable ou pas ? Il ne se trouve personne pour répondre, n’est-ce pas ? Personne. Malgré tout ce que ce pétrole a suscité comme passion et controverse. Le premier message de l’histoire du Pétrole sous Boni YAYI disait à peu de synonymes près : « ça y est, le Bénin vient de découvrir du pétrole. Notre pays aura désormais les ressources nécessaires pour financer son émergence », fin de citation, Conseiller technique du Président de la République, chargé de la promotion du changement, Edgard GUIDIBI. Quelques mois plus tard, le Gouvernement rectifie et parle « d’indice de pétrole ». Une démonstration purement sophiste à la clé : « puisqu’il y a du pétrole à côté au Nigeria et que les sols pétrolifères du Nigeria ressemblent à s’y méprendre aux sols prospectés au Bénin, il n’est pas possible qu’il n’y ait pas du pétrole au Bénin ». Beau raisonnement. Puis après, il nous a promis de nous le dire définitivement le 1er août, si notre pétrole est exploitable. Mais quelle comédie ce fut, sur la tête de notre jour d’indépendance !... La page du pétrole se referme sur la portière du véhicule du Député Barthélémy KASSA… Pour parler des mines, le citoyen commun de l’Atacora ne tire encore aucun profit de l’or, si ce ne sont des commerçants étrangers qui se font de belles affaires. Et les pierres plates de Natitingou continuent de ne rien rapporter à la commune encore moins au petit citoyen. Mais, bien sûr, les élections passées, personne ne se fiche de dresser un bilan de ce ministère. Qui ne se doutait-il pas que le ministère était vraiment inutile, demanderez-vous ?. J’avais seulement pensé que ce peuple que l’on a si bien manipulé à l’ère du changement, avait droit à la vérité, maintenant que nous avons décidé de refonder les choses ! … ; je commence à être nostalgique des pas de danse du ministre, l’ex ministre, qui peut faire un superbe chorégraphe, mais pas un bon pétrolier… »
In Le Canard du Nord, parution N° 186 du 07 au 14 Septembre 2011.