Afin de rehausser l’éclat de cette 9e édition du festival de Danxomé, plusieurs activités sportives ont été organisées dont un semi marathon. Pourtant, cette initiative jugée bien réfléchie par plus d’un, a malheureusement tourné à la dérive. La cause de cette analyse réside dans le fait que les organisateurs ont disqualifié les meilleurs coureurs afin d’attribuer les prix aux natifs de la région. Le contre esprit du marathon !
L’après prologue
Sur la ligne d’arrivée du « marathon de Danxomé », les athlètes dont voici les noms sont les premiers à se pointer sous les applaudissements heureux des festivaliers le dimanche 11 décembre dernier. Il s’agit, dans l’ordre de Patrice Lompo, Crespin Agassounon, Ospice Abliba, Appolinaire Alagbé et de Angelo Bakpo. Les acclamations des ‘’agbomènou’’, l’admiration des étrangers, les cameras des cadreurs et les flashs des photojournalistes n’ont certainement pas été de taille pour féliciter ces vaillants coureurs qui n’ont fait que surélever le festival d’Abomey. Comme à l’accoutumé, les athlètes ont été prié de revenir le dimanche 18 décembre, date de clôture de l’évènement afin de recevoir les trophées prévus. Cependant, le public est étonné de constater que les noms de certains athlètes, pourtant reconnus meilleurs coureurs, ne figurent plus sur la liste des vainqueurs. Nos observations nous ont permis de nous rendre compte que seulement, Crespin Agassounon, Ospice Abliba, de Angelo Bakpo ont été pris primés. Patrice Lompo, le 1er à terminer la course n’a pas été pris en compte. De même, Appolinaire Alagbé , le 4e de la course à qui, la mise à l’écart de Patrice Lompo devait permettre de se retrouver à la 3e place a été délaissé pour Angelo Bakpo, normalement 5e de la compétition.
Les infâmes justifications des organisateurs
Personne ne comprend ce qui a pu réellement se passer pour que l’on en arrive à ce classement qui déshonore un sport grâce auquel le Bénin est, de plus en plus mieux vu à l’étranger. Mohamed fait partie du comité d’organisation. Joint au téléphone par notre rédaction, celui-ci confirme que des athlètes ont été effectivement recalés au profit d’autres. Mais, il justifie cet état de chose par le fait que la course est prévue pour des amateurs et non des professionnels. Cependant, n’en tienne qu’à cette règle, Apollinaire Alagbé aurait été primé, lui qui n’est qu’à ses débuts. Aussi, cet alibi semble non fondé. La preuve, patrice Lompo, un coureur que les organisateurs du marathon de Danxomè qualifient de « professionnel » suivant leurs critères s’est régulièrement inscrit ; il lui a été également remis un dossard et il a couru aux côtés des autres et terminé la course sans, à aucune des ces étapes avoir été inquiété. D’ailleurs, il avait déjà remporté le premier prix l’an dernier. Et même si cet alibi tenait, la cause de la disqualification de Apollinaire Alagbé semble encore un mystère. Sur ce cas précis, même M. Mohamed ne comprend pas pourquoi Apollinaire Alagbé a été délaissé au profit de son successeur, Angelo Bakpo. L’officiel de police Mahoutin a également assisté à la scène mais, n’a pour force que de consoler Patrice Lompo qui, retrouvé dans les lieux était dans un état méconnaissable. Le regard triste, le jeune coureur voit venir l’assombrissement d’une discipline sur laquelle, il bâtit tout son avenir. D’ailleurs, n’a-t-il pas effectué cette course alors qu’il devait se rendre aux examens le lendemain ?
De toutes les façons, nos investigations nous ont permis de constater que tous les trois athlètes primés au titre du marathon sont de la région d’Abomey. Les organisateurs ont-ils pu sacrifier l’esprit du marathon sur l’autel du régionalisme ? Toute porte, malheureusement à le croire.
Sos, protégez le marathon des causes de l’agonie du football
Le football béninois qui a donné une étincelle d’espoir à ses fans, a du reprendre dès la base. Les raisons de cette situation ne sont plus qu’un secret de polichinelle. Grâce au marathon, les béninois ont retrouvé l’espoir de faire parler de leur pays à l’étranger. Ils savent ce que Parakou, le Bénin et au-delà, toute l’Afrique de l’Ouest a gagné grâce à l’expérience des salésiens. L’esprit du marathon, le Père Guillaume Kambounon, le coordinateur des marathons salésiens ne manque pas d’occasions de le dire est d’éduquer les populations béninoises. « Apprendre à discipliner son corps pour le maintenir en bonne santé tout en participant à une fête ». Quoi de plus beau que de voir, « petits et grands, hommes et femmes, de différents groupes ethniques, de diverses confessions religieuses et philosophiques, se tenir par la main et courir, le cœur battant à l’unisson au rythme du marathon » ! Il est donc, attristant de constater que tandis que cette discipline est encore à ses premières expériences au Bénin que l’on essaie déjà de tordre le cou à ses principes de base, mieux de l’étouffer. Après cet amer constat qui plonge dans le deuil les fans du marathon, nous avons justement joint le Père Guillaume Kambounon qui avait aussi couru avec quelques membres de ‘5 S Atlétic Club de Parakou’ le 11 décembre dernier à Abomey. Le prêtre a semblé ne pas croire aux révelations que nous lui avons faites. Il a estimé qu’ « il faut dénoncer ça afin que l’on ne reprenne ». « Cela dénature totalement l’esprit du marathon » et « on ne peut pas organiser un marathon pour une région » a estimé le marathonien avant d’ajouter que « l’idéal du marathon est de rassembler les hommes que tout différencie afin de faire battre ensemble leur cœur ». « Il ne faut plus que cela reprenne. A cette allure, nous risquons d’étouffer dans l’œuf une discipline naissante mais qui promet déjà » a conseillé le prêtre.
Et alors ?
Cet incident, appelons-le ainsi pour qu’il ne se reproduise plus jamais au Bénin, réactualise la question de la mauvaise foi du béninois. Défavoriser le meilleur pour encourager le faux. Cela ne nous mène certainement pas à bon port. Par l’incident d’Abomey, les espoirs du Bénin, en matière d’athlétisme ont été découragés. Sommes-nous prêts à refuser à ces jeunes le petit soutien dont ils ont besoin ou ne sommes-nous que seulement prêts à nous efforcer de jeter des coins d’ombre là où d’autres s’efforcent de semer des grains de lumière. Tous les béninois sont interpellés à répondre à cette interrogation.