L’absence d’une recette perception pour assurer les affaires financières à Sinendé oblige le Chef du service financier à transporter plusieurs millions de francs à moto sur 50 km séparant cette commune de celle de Bembèrèkè, bravant tous les risques de braquage. 63 mille 373 habitants. Aucune véritable piste de desserte. Une ambulance qui file à peine plus vite qu’une motocyclette. Tels sont les traits caractéristiques de cette commune que certains critiques n’hésitent plus à qualifier d’enfant malade du Borgou.
L’après prologue
Le chef service affaires financières de la mairie de Sinendé, Bagnan Saka doit être le seul à savoir le risque qu’il prend en assumant la responsabilité de transporter le salaire des fonctionnaires de Sinendé à partir de Bembéréké. Le pauvre Csaf transporte, en effet, les salaires des agents qui dépendent de lui, les papiers et diverses autres pièces comptables à moto. Quand l’on sait les risques de braquages qui planent en permanence sur ces fonds, il y a de quoi s’inquiéter. Ce qui étonne pourtant, est que « la localité dispose de bâtiments appropriés pouvant abriter une recette perception », selon les propos de Bio Kouri Sanni, le deuxième adjoint au maire.
L’absence d’une recette perception préoccupe donc, plus que tout, les habitants de Sinendé. L’inexistence de ce service constitue un frein au développement de la commune en cela qu’il ne facilite pas la mobilisation des ressources. La mairie s’en plaint assez puisque toutes les couches socio professionnelles de la région sont touchées par la situation. Le cas des enseignants n’est plus à évoquer. Déjà, vers la date 20 de chaque mois, ceux-ci désertent les écoles pour se rendre à Bembèrèkè ou à Parakou afin de percevoir leur salaire. Sanra Koto, le directeur de l’Ecole primaire publique Fo-Sakarou dans l’arrondissement de Fo-Bouré évoque « une situation très difficile », la situation engendrant, le plus souvent, un conflit entre les enseignants et leurs responsables. Les opérateurs économiques eux, sont débordés et préfèrent se taire. Maintenant, ils sont, de plus en plus réticents à traiter avec les fonctionnaires. « Nous sommes les seuls à savoir ce que nous perdons chaque jour par défaut d’une recette perception à Sinendé », nous a expliqué l’un de ces opérateurs économiques qui a conclu que « c’est pourtant désolant qu’une commune comme Sinendé ne puisse pas disposer de ce service ».
Sinendé est située à 145 km de Parakou et à 50 km de Bembèrèkè, la commune la plus proche. Ces distances ne l’éloignent pas certes, du monde mais celui qui s’y rend a l’impression de faire un voyage de milliers de kilomètres à cause de l’état de dégradation avancée de la route. Ici, les 223 mille 700 Ha de superficie emblavée annuellement se font à la houe et à la main nue. Pourtant, les cultures vivrières dont l’igname, le maïs, le manioc, le haricot et le mil sont cultivés dans la commune et même, le coton y est fortement produit malgré sa chute dans le pays ces dernières années.
Et alors ?
Le problème de manque d’infrastructure, de la fourniture en eau potable et en électricité sont également d’actualité. Pour remédier à la situation, les populations de cette commune, restées fidèles au régime en place en appellent à la bienveillance du Chef de l’Etat afin que le tir soit corrigé.