Un complot tout aussi ambigu que son début de dénouement
Pourquoi Gbenameto jette à la face du monde le nom de sa source ?
Le Procureur de la République près le tribunal de première instance de première classe de Cotonou et le commissaire central de la même ville étaient face à la presse hier afin de donner des détails sur les conditions dans lesquelles les sieurs Soumanou Moudjaïdou, Ibrahim Cissé ainsi que dame Zoubérou, la cousine du Chef de l’Etat ont été interpellés. Exhibant un tas de produits pharmaceutiques, les deux hommes ont conclu qu’il s’est agit d’une tentative d’empoisonnement de la personne même de Boni Yayi. Ce nouvel évènement quoi qu’elle paraisse dangereuse relance la question de la tension sociopolitique qui règne actuellement dans le pays. mais au-delà cette analyse, cette scène semble plutôt prendre l’allure d’une affaire de famille que celle d’Etat.
L’après prologue
« Au cours de sa visite à Bruxelles le 17 octobre dernier, la cousine du président de la république a été approchée par Patrice Talon qui l’a convaincu d’empoisonner le Chef de l’Etat contre une somme de 1 milliard de francs Cfa ». C’est par cette troublante révélation que le Procureur de la république près le tribunal de première instance de première classe de Cotonou a entamé la narration des faits ayant justifié l’interpellation de Soumanou Moudjaïdou et consorts. Il en ressort que le directeur général de la SODECO aurait été contacté par l’opérateur économique Talon qui avait comme il l’a fait à la cousine du Chef de l’Etat, promis 1 milliard de francs Cfa au médecin personnel de Boni Yayi. A entendre les propos du commissaire central de la ville de Cotonou, l’opération devrait constituer à substituer les produits du Chef de l’Etat par d’autres médicaments toxiques. « Les médicaments sont arrivés au Bénin par le vol Air France du 19 octobre dernier et c’est Soumanou Moudjaïdou qui est allé les chercher » a révélé le commissaire. C’est également Soumanou Moudjaïdou qui transmettra ces produits toxiques au médecin du président ainsi qu’à sa cousine. Selon les conclusions du commissaire, « l’opération n’a pas eu lieu à cause d’un retard d’avance ». C’est pendant cette période d’attente que la cousine du Chef de l’Etat impliquée dans l’affaire en aurait touché quelques mots à d’autres membres de la famille de Boni Yayi. Et au procureur de conclure que les suspects ont avoué leur forfait.
Une histoire toute aussi ambigüe que son début de dénouement
C’est un nouveau feuilleton qui commence dans l’arène judiciaire béninois. L’affaire Pascal Todjinou n’aurait même pas encore été conduite à son terme que le parquet s’est déjà ouvert un autre front. On retiendra essentiellement de cette sortie médiatique ce sont les membres de la famille du Chef de l’Etat qui ont essayé d’attenter à la vie de leur frère ou fils. Sur le plan national, la chose peut également être perçue autrement. Au cours des tous récents mois, plusieurs dénonciations faisant état d’une conspiration contre la personne du Président de la république ont été révélées au peuple béninois. C’est d’abord, un projet de coup de force pour déstabiliser Boni Yayi et lui prendre le pouvoir. Les mises en garde du ministre Dègla ont certainement payé puisqu’aucune situation du genre n’a eu lieu jusqu’à ce jour. Il est de ce fait normal que les béninois s’interrogent réellement sur ce qui se passe. La nouvelle d’une tentative d’empoisonnement de Boni Yayi étonne à plus d’un titre ; elle ne devrait d’ailleurs qu’étonner puisque pour rappel, aucun président de la république n’a encore vécu situation pareille. Ce n’est donc pas exagéré de conclure que les béninois ne sont pas habitués à tuer leur Chef. C’est donc pourquoi cette tentative d’assassinat parait étrange. De plus, qui gagnerait aujourd’hui à voir le Chef de l’Etat mourir ? Il est vrai que le nom de Patrice Talon est cité dans l’affaire. Ce serait vraiment malheureusement que l’homme d’affaire aille jusque là pour régler ses comptes avec son ancien allié. De toutes les façons, les béninois auront retenu que leur Chef a failli être empoisonné. Aussi, sont ils fondés à déduire qu’il règne un climat d’insécurité généralisé dans le pays. Ce n’est plus simplement le citoyen lambda qui doit craindre pour sa vie mais c’est aussi le premier citoyen de la république qui doit surveiller ses arrières. Et c’est regrettable que nous en soyons arrivés là.