Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

 Le Bénin vu par un jeune 

A Propos De Moi !

  • Christophe D. AGBODJI
  • Journaliste, Ecrivain
Auteur de "La chute du mur de Karakachie"
;  "Le changement, l'autre nom de l'impossible"; En préparation: "Je n'étais pas au pays à l'heure du changement"
  • Journaliste, Ecrivain Auteur de "La chute du mur de Karakachie" ; "Le changement, l'autre nom de l'impossible"; En préparation: "Je n'étais pas au pays à l'heure du changement"

Texte Libre

Recherche

2 novembre 2012 5 02 /11 /novembre /2012 10:34

gbegnonvi roger Un article de Roger GBEGNONVI

 Une formidable accélération. Ce qui s’accélère n’est pas l’histoire mais l’événementiel. Quelqu’un a dit l’inessentiel. Possible. Mais restons-en à événementiel, et constatons qu’il s’enchaîne à vous couper le souffle. 
 Une petite kyrielle de jeunes gens présumés braqueurs tués par la police alors qu’ils se rendaient prétendument sur le lieu du braquage pour dépouiller leur victime. Abattus la main hors du sac. Ailleurs les défenseurs des droits de l’homme seraient montés au créneau au motif que nul n’est plus en sécurité si la police en use ainsi avec des gens simplement soupçonnés fortement d’intention de vol. Ici, chez nous, satisfaits et riant jusqu’aux oreilles, les gens ont loué la bravoure et l’efficacité de notre police. Que ne lui a-t-on confié l’organisation du Hadj 2012 ? En effet, pendant que la police nationale soumettait à une Berezina sans bavure cette bande de présumés braqueurs, le cinquième pilier de l’islam était, comme chaque année, en difficulté chez nous. Les pèlerins étaient si déboussolés au sol que l’une des bonnes plumes de chez nous produisit d’urgence une chronique pour secourir les candidats au Hadj. Il faut croire que cette chronique contribua pour beaucoup à ce qu’on remuât terre et ciel pour dénicher un avion pouvant conduire à Djeddah les fidèles soucieux de leur salut 
 Les pèlerins à peine envolés, les cadavres des présumés braqueurs à peine refroidis, nous voici nez à nez avec un syndicaliste puissant roulant voiture sans assurance. Que faire en la circonstance ? Conformément à la loi, l’efficace police jeta en prison le puissant syndicaliste. Ce fut alors gouaille, dégoisement, joutes et jactance chez nous, regards rougis et bras d’honneur dans les rues de chez nous. Légalistes et proto-anarchistes laissèrent au vestiaire les arguments contondants pour s’envoyer des mots fort humiliants. –‘‘Idiot ! On doit appliquer la loi : trois à six mois de prison !’’ – ‘‘Imbécile ! Va te faire enc… !Chez nous, aucune loi ne s’applique !’’ Et on allait voir ce qu’on allait voir si notre bien aimé leader n’était libéré dans les vingt-quatre heures. L’ethnie s’en mêla. Le bien-aimé fut libéré longtemps après soixante-douze heures, et ses ‘‘camarades de combat’’ ainsi que ses compagnons d’ethnie crièrent victoire. Malhonnêtes ils furent, car cette victoire n’était pas la leur mais celle de La Fontaine : ‘‘Selon que vous serez puissant ou misérable, / Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir’’. A propos de blanc-noir, nous admirions sans cynisme les tribulations d’un avocat conseiller à la cour (donc puissant) et qui venait de tomber en disgrâce (donc misérable). 
 Et nous voulions continuer à suivre avec passion les aléas pendulaires puissant-misérable lorsque nous fûmes véritablement écrasés par l’événement. 
 Car tous les événementiels précédents devinrent du lait rafraîchissant à côté de celui-là qui nous frappa en plein cœur, un dimanche de surcroît. Tentative d’empoisonnement de… de qui …comment…vous dites… ? Vous venez de perdre la tête. A preuve, vous essayez de vous arracher les cheveux mais ils se dérobent, ils ne sont plus là. Vous êtes pris de tremblote sismique comme dans le tourbillon de trente-six crises de malaria coalisées. De quoi mourir sans bavure. Heureusement vous survivez. Heureusement la tentative d’empoisonnement a échoué. Mais ayant perdu vos esprits, vous avez maintenant des visions prémonitoires. Ce sont cargaisons de témoins, torrents de témoignages, flots d’avocats dégoisant, soupçons d’internationalisme du complot, etc. Cent ans de procès chez nous, comme la guerre de cent ans. Car vous êtes enivré jusqu’au démentiel par l’événementiel. 
 Mais les esprits vous reviennent, et vous vous rappelez maintenant l’essentiel de ce jeune couple, l’un bac + 3 et l’autre bac + 5 (comme on dit maintenant), qui vient de se marier en dépit du bon sens : ‘‘On n’a pas de boulot, on n’a rien, mais puisque tu portes un enfant de moi, marions-nous’’. L’essentiel de leurs semblables au chômage sec et qui ont peut-être le sida. L’essentiel des parents gardant à la maison des enfants de 25 à 30 ans. Oui, mais tous ces gens doivent comprendre maintenant que les chats que nous devons fouetter urgemment sont légion et que leur essentiel doit attendre et regarder passer le triomphe chez nous de l’événementiel.  

 

Partager cet article
Repost0

commentaires