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 Le Bénin vu par un jeune 

A Propos De Moi !

  • Christophe D. AGBODJI
  • Journaliste, Ecrivain
Auteur de "La chute du mur de Karakachie"
;  "Le changement, l'autre nom de l'impossible"; En préparation: "Je n'étais pas au pays à l'heure du changement"
  • Journaliste, Ecrivain Auteur de "La chute du mur de Karakachie" ; "Le changement, l'autre nom de l'impossible"; En préparation: "Je n'étais pas au pays à l'heure du changement"

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19 septembre 2010 7 19 /09 /septembre /2010 19:13

Boni Yayi, malgré toutes les critiques dont il peut être sujet à ces quelques mois qui nous séparent de la fin de son mandat, aurait réussi à assurer aux béninois une sécurité alimentaire. Le gouvernement, faisant montre de sa générosité et de sa solidarité avait même pu faire don de quelques sacs de maïs au Togo et au Niger voisins. Et cela est à son actif. Pourtant, au regard des évènements de ces derniers mois, l’on se rend compte qu’en dehors de ses adversaires politiques, la nature serait aussi contre le chef de l’état. Et pour cause, des milliers d’hectares de cultures vivriers sont sous les eaux alors que les producteurs, chassés de leur cadre de vie ont perdu toute envie de retourner dans les champs après une telle perte. Ailleurs, les producteurs n’espèrent que de maigres récoltes à cause du manque d’engrais. 

Les acteurs politiques du Bénin prêtent le clair de leur temps aux diatribes,  aux philippiques et aux attaques catilinaires tendant ainsi de plus en plus à oublier qu’ils ont aussi d’autres devoirs. Pourtant, tout n’est pas partout rose au Bénin. A Mallanville, l’autre bout du pays, la région traitée à juste titre de ‘’grenier du Bénin’’ est sous les eaux. Le fleuve Niger, se vidant de son trop plein avait envahi et conquis cette partie du Bénin emportant sur son parcours les greniers, les champs de maïs, de riz, de sorgho et le bétail de bœufs et de moutons. Pour l’heure, les populations sinistrées, sans abris ne pensent pas encore aux champs. L’heure est à la recherche de moyens de survie. Mais les dégâts sont là et l’on avance déjà des chiffres inquiétants. Aux dires des autorités communales, 13.260 hectares de riz et 13.240 hectares de maïs seraient sous les eaux. A Tombouctou, Gaïni ou Goro-Djendé, la situation est la même. Les eaux s’étendent à perte de vue, décourageant les paysans. Mais cette situation n’est pas caractéristique de la commune de Mallanville. A karimama, les choses ne vont pas aussi pour le mieux. Le maire Moussa maman Bello parle de 7.500 hectares de riz et d’une superficie non négligeable de maïs, de sorgho et de mil. A Tchaorou, dans le sud de Parakou, c’est plutôt l’ouémé qui est sorti de son lit, immergeant tout sur son passage : les habitations, les écoles et les champs. Là, l’on dénombre seulement 1.000 hectares de culture. Cependant, tel n’est que le cas des communes inondées dans les départements du Borgou et de l’Alibori. Les conséquences des cas d’inondation dans les régions d’Athiémè, de Kpinnou, de Zangnanado et de la vallée de l’ouémé ne présentent certainement pas un tableau plus reluisant. Cette situation fait peur aux béninois qui s’inquiètent déjà des éventuelles conséquences que pourraient avoir cette perte sur leur consommation quotidienne. Effectivement, ces béninois n’ont pas tord. La première raison en est que, outre les pertes subies, aucune possibilité n’existe aujourd’hui pour refouler l’eau vers sa demeure afin de libérer les terres et les rendre aux producteurs. Ceux-ci devront attendre tant que la nature le voudra. Ensuite, dans les zones qui ne sont pas touchées par ces eaux conquérantes, les producteurs crient au scandale. En effet, il n’y a plus d’engrais dans les boutiques Onasa ; les stocks disponibles sont épuisés dans les minutes qui suivent leurs arrivés. Par ailleurs, le gouvernement a renoncé à sa politique de vente d’engrais à crédit aux producteurs. Les raisons avancées par les autorités en charge de l’agriculture dans la commune de Parakou sont à ce sujet justifiées. Quelques producteurs de mauvaise foi auraient refusé de s’acquitter de leurs dettes, obligeant le gouvernement à changer de stratégie. Mais, la présente stratégie qui oblige les exploitants agricoles à payer au cash ne les arrange pas. La preuve, les pieds de maïs se courbent déjà dans les champs, faute de  ces fertilisants. Au demeurant, au-delà des cultures immergées par le niger, le mono et l’ouémé, les autres producteurs ne récolteront que peu de choses. Les béninois devront alors  s’en contenter et se l’offriront certainement à grands prix.

 

Le ministre Sogbossi sera t-il à la hauteur de l’enjeu ?

Certains ministres du gouvernement se frottent la main puisqu’ils n’auront plus grande chose à faire au cours des mois à venir et pourront donc mieux préparer les échéances électorales prochaines. Le ministre Michel  Sogbossi se serait trompé s’il avait aussi fait ce calcul. Les prochains mois, en effet risquent de lui être très coriaces. Dès à présent, il doit se mettre au travail puisqu’il n’ignore pas la menace qui plane sur le pays pour s’être déplacé récemment dans le septentrion. A Mallanville où 4.055 producteurs  dorment au clair de lune, le chef communal de la protection civil mise sur les productions de contre saison. Selon lui, « ce sera l’occasion pour le Bénin de monter qu’il peut exceller dans ce domaine ». Mais tout n’est pas encore gagné et ce ne sont là que des prévisions sur papiers. L’on ignore quand les eaux repartiront chez eux et les producteurs, dormant au clair de lune ne repartiront pas au champ. Le ministre Sogbossi doit trouver des solutions au cours des semaines prochaines pour empêcher que les conséquences ne soient trop déplorables. Pour parvenir à cette fin, le président de la république ne doit pas charger son agenda. Le ministre ne doit alors y lire qu’agriculture, riz, maïs, sorgho et mil. Boni yayi ne doit pas alors trop compter sur lui pour sa campagne électorale. Mais le ministre est-il prêt à se consacrer exclusivement à l’agriculture au point de ne pas batailler avec son patron ? Le choix entre héroïsme et défense d’intérêts perso est peut être difficile à faire. Mais Michel Sogbossi doit passer par cette porte.

 

 

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