Principale cible dans la présumée tentative d’empoisonnement dans laquelle plusieurs personnalités sont citées, le Chef de l’Etat a reçu la visite du juge d’instruction vendredi 9 novembre dernier au Palais de la République. Durant plus de quatre heures d’horloge, le président Yayi Boni a répondu aux questions du juge en charge de l’affaire. Une première dans l’histoire du pays ! L’instruction du dossier relatif au présumé empoisonnement du Président de la République suit son cours. Si la semaine dernière, on a annoncé des développements comme l’arrestation du garde du corps particulier du Président de la République, on apprend de sources concordantes que même le Président Yayi n’est pas épargné par l’audition. Ainsi vendredi dernier, il aurait reçu la visite du juge en charge de l’instruction du dossier qui l’aurait interrogé pendant plus de quatre heures d’horloge.
Si le contenu de l’interrogatoire est resté inaccessible du fait que l’affaire soit en instruction, les mêmes sources indiquent que le Président était entouré de ses avocats, Me Alao et Me Atita, tandis que le juge d’instruction était accompagné de son équipe parmi laquelle, un greffier chargé de consigner les propos du Président. On note que si cet exercice n’a rien d’insolite dans une affaire en instruction, il y a quand même la personnalité du témoin qui retient l’attention. Ainsi, l’histoire retiendra que même si des complots ont toujours existé dans l’ère du temps, c’est la première fois qu’un Président en exercice se soumet à une telle opération. Rappelons que c’est le lundi 22 octobre 2012 que le dossier relatif à la présumée tentative d’empoisonnement du Chef de l’Etat a été révélé à l’opinion publique par certains journaux. Dans la même journée, le Procureur de la République et le Commissaire central de Cotonou confirment les faits et exhibent ce qu’ils considèrent comme des pièces à conviction. Dans la foulée, l’homme d’affaires Patrice Talon dont le nom est cité comme principal instigateur de l’opération et commanditaire présumé des actes répréhensibles, a catégoriquement rejeté les accusations portées contre sa personne, évoquant un « grossier montage ». Ce qui a suscité la réplique du ministre de l’Intérieur. Depuis lors, partisans et opposants à Yayi Boni redoublent d’arguments pour faire passer leurs positions, pendant que déclarations, messes, marches et autres manifestations se multiplient pour soutenir le Président de la République. Avec son audition, le Chef de l’Etat se plie aux desiderata de la justice et semble décidé à laisser celle-ci jouer son rôle. Il appartient maintenant aux acteurs de la Justice, notamment ceux ayant à charge le dossier, de démêler l’écheveau afin qu’éclatent au grand jour, les fonds et tréfonds de cette affaire, somme toute rocambolesque.
Un article de Abdourhamane Touré